(1) L'Islam permet aux hommes de battre les femmes ?

 

Les hommes assument les femmes à raison de ce dont Dieu les avantage sur elles et de ce dont ils font dépense sur leurs propres biens. Réciproquement, les bonnes épouses sont dévotes et gardent dans l'absence ce que Dieu sauvegarde. Celles de qui vous craignez l'insoumission, faites-leur la morale, désertez leur couche, corrigez-les. Mais une fois ramenées à l'obéissance, ne leur cherchez pas prétexte. Dieu est Auguste et Grand. (Coran, 4 :34, Traduction de Jacques Berque)


 

D'après beaucoup de critiques de l'Islam, ce verset du Coran permettrait sinon ordonnerait au mari de battre sa femme. En fait, il ne suffit pas de citer seulement un verset pour avoir prouvé quelque chose. Il y a une longe étude par rapport à ce passage coranique et nous n'avons pas le temps d'entrer dans les détails ici mais nous nous livrerons à une petite éxégèse pour corriger certaines incompréhensions.



Tout d'abord, il faut bien comprendre que ce verset traite uniquement des relations conjugales et ne régit pas les relations de manière générale entre le sexe masculin et le sexe féminin comme Muhammad Abdel Halim l'explique :



"...Premièrement, nous avons "hommes" et "femmes". Ils signifient "maris" et "épouses" comme le passage mentionne les relations intimes entre les couples et l'arbitrage qui peut  aboutir à un divorce. Pourquoi le verset ne dit pas "mari" et "femme" ? Parce que le mot "zawj" s'applique, dans l'arabe classique, aux deux sexes. Il n'a pas de féminin; Il est comme le mot anglais "spouse" (…) Cela peut aussi être vu dans d'autres parties du Coran où "mari" et "femme" ont été mentionnés; la même terminologie d'hommes" et "femmes" est utilisée. Le verset parle donc de "maris" et de "femmes" et non d'"hommes" et de "femmes" en général. Cette distinction est importante parce que ceux qui ne comprennent pas le verset, le considérant comme signifiant que Dieu a donné plus aux hommes qu'aux femmes en général, l'appliquant en interpolant Dieu les avantage sur elles selon ce qu'ils pensent, ex : La force, l'intelligence, la sagesse; Même le fait d'avoir une barbe est répertorié [comme un avantage] par certains ! Ensuite, ils vont dire que les femmes ne peuvent être juges, chefs d'Etat, ou dans toute position d'autorité sur les hommes .... " 1



Dans le verset précité, le Coran dit aussi: "Celles de qui vous craignez l'insoumission ("Nushuz"). Qu'est-ce que signifie Nushuz et en quoi cela consiste t'il ?



Mohammed Abdel Halim répond à cette question en précisant que le sens correct doit être trouvé sur la base de trois critères, à savoir: l'analyse linguistique du texte du Coran; ce que le Prophète a dit et fait à cet égard; et ce que dit le Coran dans d'autres passages traitant des relations avec les épouses dans des situations difficiles.


 

Et donc le sceau de la Prophétie a dit, lors du dernier pèlerinage :


 

"Ma dernière recommandation envers vous, c'est que vous devez bien traiter les femmes. En vérité, elles sont vos partenaires, et vous n'avez aucun droit sur elles au-delà – excepté si elles commettent une indécence manifeste [fahisha mubina = allant de la débauche à l'adultère]. Si 'elles le font, alors refusez de partager leurs lits et corrigez-les sans violence indécente [fadribuhunna darban ghayra mubarrih]. Ensuite, si elles s'abstiennent, ne faites plus preuves d'hostilité  plus longtemps. Vous avez un droit sur vos femmes comme celles-ci ont un droit sur vous ; Votre droit sur elles est qu'elles ne permettent à celui que vous détestez d'entrer dans votre lit ou votre maison, et si elles le font corrigez-les sans violence. Leur droit sur vous consiste à ce que vous les traitiez parfaitement en ce qui concerne l'habillage et la nourriture. 2



Le Prophète Muhammad (sallâllâhou alayhi wa salam) a utilisé l'expression "fahisa mubina" comme l'équivalent de "nushuz". Le mot "nushuz" dans ce verset [4:34] en référence aux "fahisa mubina", qui se réfère à l'obscénité manifeste. Le mot "nushuz" utilisé en référence à l'épouse dans ce contexte ne signifie pas un simple cas de désobéissance ou de banals désaccords. Cela connote des actes obscènes, ou un comportement immoral qui pourrait conduire à l'adultère.



Après avoir entrepris de scinder les femmes musulmanes en deux catégories, celles que le Coran décrit en tant que "salihat" [vertueuses] et celles qui sont en état de "nushuz",  Muhammad Abdel Halim écrit à cet égard :



Ayant établi pour le mari le rôle de qawama, ou de pourvoyeur et de chef de la famille, le Coran divise les femmes en deux catégories: les bonnes qui sont décrites comme "salihat" [vertueuses] et mauvaises qui ne le sont pas. Salihat ne désigne pas simplement les bonnes épouses: "salah" est un terme général pour désigner les hommes ou les femmes qui sont vertueux, en observant les principes de la religion. Ces bonnes épouses sont décrites de deux manières:


1 "Qanitat", que les traducteurs rendent en tant "qu'obéissantes" - ceci est trompeur car ça donne l'impression qu'elles sont obéissantes envers leurs maris alors que le terme est utilisé dans le Coran uniquement comme signifiant être obéissante et dévouée envers Dieu. [33/35-39]


2: "Hafizat", un terme utilisé dans le Coran pour les femmes qui préservent leurs parties intimes, donc équivalent à "chastes" [23:5, 33:4]. Ceci comprend la surveillance de leurs parties intimes contre les sollicitations de personnes autres que leur conjoint. "Li'l -Ghayb" signifie que la femme est chaste "en son absence" [quand il est loin d'elle]. Elle devrait garder sa chasteté parce que "Dieu a ordonné que ces choses soit gardées." Dans le Coran, l'ordre de Dieu à cet égard est valable pour les hommes et les femmes aussi bien [24:30-31]. Ainsi, obéir à Dieu et être chaste sont les deux seules qualités d'une bonne femme qui est décrite, et nous pouvons voir qu'ils ne constituent pas une exigence excessive. Elles sont exigées des deux sexes (….)


De l'autre côté vient l'autre catégorie de femmes, dont le "nushuz" est à craindre par le mari. C'est avec celle là que les maris ont pour instruction de passer par trois étapes. Ici encore, nous avons une mauvaise interprétation de la notion de "nushuz" et une erreur de traduction et une interprétation erronée des trois étapes recommandées dans le traitement de la femme en état de "nushuz".


Le véritable sens devrait être tiré sur la base des trois critères énumérés plus haut, à savoir: l'analyse linguistique du texte du Coran; ce que le Prophète a dit et fait; et ce que le Coran dit ailleurs à propos traitant des femmes dans cette situation. Examinons brièvement "nushuz" à la lumière de ces considérations:


1: Il est clair que le contraste de ce passage entre la première et la deuxième catégorie de femmes ne peut être ignoré. Si nous disons maintenant, "Les Bons étudiants suivent régulièrement et se présentent à leurs examens à l'heure; Quand aux autres, ils peuvent être mis en garde et interdit d'entrée à l'examen ", les autres doivent être compris en contraste avec ceux dont il est dit qu'ils suivent et se présentent à leurs examens. De même, la deuxième classe de femmes ici, est le contraire de ceux qui sont obéissantes, dévouées à Dieu et qui gardent leurs parties intimes, dont Dieu a ordonné qu'elles soient gardées. Alors, ce que nous avons ici, c'est une femme dont le mari craint son infidélité et son mépris pour les commandements de Dieu.


 2: Cette compréhension linguistique est corroborée par l'interprétation du Prophète dans son discours d'adieu, entendu par des milliers de personnes: "Vous avez des droits sur vos femmes et elles ont des droits sur vous: vous avez le droit qu'elles ne doivent pas souiller votre lit, et qu'elles ne commettent pas d'impudicité flagrante "...


3: Dans au moins six sourates, le Coran évoque des difficultés dans le mariage, le divorce, et même après le divorce. Même quand les maris n'aiment pas leur femme, ils ont pour instruction: " Et comportez-vous convenablement (bi-ma'ruf) envers elles. Si vous avez de l'aversion envers elles durant la vie commune, il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose où Dieu a déposé un grand bien." (4,19). Même s'ils expérimentent l'hostilité de leurs épouses et leurs enfants, les hommes sont avertis simplement d'être conscients de cela, mais conseillés de pardonner et oublier c'est mieux car Dieu est Pardonneur, Très Miséricordieux (64:14). Même dans une procédure de divorce, avec toutes les rancunes que cela engendre, il est interdit aux maris d'harasser leurs épouses ou de rendre leurs vies difficiles (65:1,6; 4:19). Il doit agir "avec gentillesse" (2:229). Mais il y a une exception importante à cette magnanimité (4:19, 65:1 aussi 4:15, 25): "Sauf si elles commettent une turpitude flagrante" (4:19; 65:1). Ceci corrobore à nouveau notre compréhension que "Nushuz" dans notre présent verset signifie "une infraction grave menant à l'infidélité."  3


 

De nombreux juristes qui vivent dans des cultures patriarcales ont élargi la définition du terme "Fahishah mubayyana" de façon significative. En élargissant cette définition, ils ont élargi la portée de cas dans lesquels le mari peut avoir recours au fait de "frapper". Cela est contraire à la lettre et l'esprit du Coran qui dit que les maris doivent vivre avec leurs épouses dans la bonté ou bien alors les quitter charitablement [Sourate 2:229].


 

Le savant Libanais, Sheikh Jibrîl Fouad Haddad confirme que "Nushuz" se réfère précisément à des actes impudiques, obscènes.


 

Nushuz ou "désobéissance" est ici un euphémisme pour l'immoralité qui peut conduire à l'adultère. Le premier devoir conjugal de la femme est explicité dans les Hadîths du pèlerinage d'adieu [dans le Sahîh Muslim] : Votre droit sur elles est qu'elles n'invitent pas dans votre couche celui que vous détestez, et si elles le font corrigez-les sans violence. Al-Maziri également dit qu'une autre interprétation de l'expression dans ce hadîth est qu'il a évoqué une femme assise seule avec un inconnu dans la maison de son mari. [An-Nawawî, Sharh Sahîh Muslim]. 4


 

Ensuite, le verset donne cette instruction au sujet des femmes en état de "Nushuz":


 

Faites-leur la morale, désertez leur couche, corrigez-les. Mais une fois ramenées à l'obéissance, ne leur cherchez pas prétexte. Dieu est Auguste et Grand.


 

Concernant le problème de la femme en état de "nushuz", le Coran mentionne/propose trois mesures pour résoudre la crise familiale. D'abord, leur rappeler Dieu et ses enseignements (et donc leur rappeler les versets coraniques disent les commentateurs classiques). Si tout fonctionne, la question est réglée.


 

Sinon, la deuxième étape est d'éviter le partage des lits avec ces épouses. Dans la plupart des cas, cela s'avère efficace, et la troisième étape n'est pas nécessaire. Dans de rares cas, toutefois, les deux méthodes échouent (mais il faut pour ça que ladite femme soit pécheresse). Puis, la dernière étape suggère de "frapper". Nous verrons plus bas Insha Allâh, que ce que cela signifie, le fait est que dans de nombreuses traductions du Coran, le mot "légèrement" est utilisé entre les parenthèses après le verbe "frapper". C'est tout simplement parce que le Prophète Mouhammad (sallallâhou alayhi wa salam) a expliqué ainsi la portée de ce geste et le sens de cette injonction. Mais revenons d'abord aux  deux premières étapes mentionnées dans le verset.


 

Le premier en arabe est: "Izuhunna" souvent traduit comme "rappelez leur" [Dieu et ses enseignements] ou "faites-leur la morale" par Jacques Berque. Certains traducteurs traduisent cependant ce mot par "réprimander". Cette traduction est-elle appropriée et fidèle au sens du verset ?


 

Muhammad Abdel Halim explique dans son ouvrage "Understanding the Qu'ran":


 

Les Étapes qui sont autorisées sont: "Izuhunna", que les traducteurs traduisent par "admonester", mais ce n'est pas correct. "Wa'z" en arabe constitue le fait de "se rappeler Dieu et Ses enseignements". Ce sens du mot est utilisé dans le Coran et ce "rappel" est l'essence du sens lexical en arabe, de façon à ce que la personne que l'on rappelle puisse tenir compte de ce message. 5


 

La seconde option est "Wahjuruhunna fi'l- madaiji" (désertez leur couche ou faites lit à part) que Muhammad Abdel Halim clarifie, évoquant les incompréhensions de certains traducteurs anglophones qui l'ont compris comme signifiant le fait que les maris doivent chasser leurs femmes de leurs lits :


 

Ceux qui disent "renvoyez-les [hors du lit]" ou "bannissez-les" font preuve d'une grande incompréhension importante du verbe. Même si il est compris comme signifiant le fait de "quitter", ce sont les hommes qui sont invités à quitter la couche, et non les femmes. Il est stupéfiant de constater comment des traducteurs ont compris le verbe comme signifiant "renvoyer" ou "bannir" les femmes. Les malentendus viennent de l'expression "hajr", qui semble se rapporter à l'hijra [émigration], mais "hajr" signifie également un "boycottage verbal". Comme le Prophète a dit: "Il n'est pas licite pour un musulman d'avoir 'hajr' avec son frère plus de trois jours. Ils se rencontrent et se tournent  le dos, le meilleur est celui qui, le premier, adresse la parole à l'autre". Ce sont des gens qui se rencontrent, et le terme "hajr" néanmoins s'applique à eux, car l'un ne parle à l'autre, et c'est ce que cela implique dans notre verset. Cette bouderie ou ce boycott est proposé uniquement dans le lit, "fi'l -madaji' pas devant les enfants ou d'autres personnes. 6

 

Les paroles du Prophète dans son pèlerinage d'adieu semblent aussi indiquer que le mari se doit de quitter le lit de sa femme et de dormir seul dans une pièce séparée ou tout autre lieu dans la maison, [par exemple le divan]. Donc, une fois encore, nous le répétons: "Ce sont les hommes qui sont invités à quitter, et non pas les femmes."


 

La dernière option mentionnée dans le Saint Coran est en arabe appelé "wadribuhunna", traduit comme "frappez-les" ou "corrigez-les".


 

Le mot arabe "wadribuhunna" est dérivé de "daraba". Le mot signifie en arabe le fait d'administrer un coup ou de "frapper". Il inclut aussi bien le fait de frapper de manière insignifiante avec un stylo ou une serviette, que le fait de "cogner", comme nous l'entendons couramment en Français. Ainsi, lorsqu'il est question ici, de "frapper", il s'agit d'un seul coup et il peut être de n'importe quelle grandeur.


 

Les juristes utilisent parfois l'expression "daraba al-ma' `ala wajhihi", littéralement "frapper l'eau sur le visage" (dans le sens de se la répandre sur le visage), pour quelqu'un accomplissant le wudu'. De même, quand le Prophète, sallallâhou alayhi wa salam a ramassé un petit bâton et a tapé avec, de manière insignifiante, sur la poitrine d'un des soldats musulmans dans le but de discipliner et redresser les rangs en prévision de la guerre, il l'a "frappé" dans le même sens. Si vous prenez une chaussette et administrez un coup avec, à quelqu'un, vous pourrez employer "dharabtahu"  en Arabe, mais en Français, le terme "frapper" sera dans ce contexte, quelque peu impropre ; il ne s'agira pas réellement de "frapper".

 

Car frapper en Français=  Donner des coups répétés à une personne ou à un animal, pour lui faire du mal  7



Alors, dans quel sens le verbe "Dharaba" a été utilisé dans le verset 4:34 ? Pour répondre à cette importante question, nous allons passer à la règle fondamentale de l'exégèse coranique : "Al-Qur'an yufassiru ba'duhu ba'dan ", [le fait d'expliquer une passage du Coran par un autre] et aussi yuhmal al-mutlaq cala-muqayyad [le fait qu'une déclaration inconditionnelle du Coran soit compris à la lumière d'autres déclarations ou injonctions conditionnelles]

 

Il est également question dans le Coran du "battement de la femme", en l'occurrence, un cas relatif à l'histoire de Job. Lorsque Job a été mis à l'épreuve, son épouse a perdue sa foi et a blasphémée. En conséquence, il a fait le serment de la frapper à titre de sanction. Un dilemme est donc apparu car un prophète en tant qu'exemple pour les croyants ne devrait pas se livrer à des actes violents sur la personne de son épouse. D'autre part, un prophète ne peut violer son serment. La solution divine à ce dilemme est exprimée dans un verset coranique. Elle charge Job de satisfaire son serment, de frapper sa femme mais de la "frapper" avec une poignée d'herbe. L'intention était d'accomplir le serment sans nuire à l'épouse. De cette façon, le Prophète Job a résolu son dilemme.


 

"Et prends dans ta main un faisceau de brindilles, puis frappe avec cela. Et ne viole pas ton serment". Oui, Nous l'avons trouvé vraiment endurant. Quel bon serviteur ! Sans cesse il se repentait. (Coran, 38 :44)


 

Comme on peut le constater le prophète Job a été informé sur le "comment" lorsqu'il lui a fallut administrer un "coup" à sa femme en guise de punition, d'une manière telle qu'il ne lui serait infligée aucun dommage, mais permettant néanmoins de remplir son serment malencontreux. Dieu a ordonné au prophète Job d'utiliser ce que l'on appelle en arabe "dighth". Le mot arabe "dighth" désigne une poignée d'herbe, basane ou une feuille de Palmier douce. Ceci démontre que le coup dont il est question en 4 :34 ne doit pas être violent.


 

L'Imâm ar-Razî dans son Tafsîr mentionne l'opinion de certains juristes Shafi'ites qui ont parlé de "frapper avec un mouchoir plié. " Ce coup n'est donc manifestement pas violent ni pénible.

 


Malheureusement certaines personnes ont également mal compris la signification du mot "wadribuhunna" dans le contexte du Saint Coran et la Sunna authentique de notre bien-aimé Prophète. Ces personnes soutiennent que le terme renvoie à des violences physiques, et à un violent passage à tabac. Il n'y a pourtant absolument aucune matière à commettre une telle erreur lorsque le Prophète lui-même a définit la forme admissible du battement durant le pèlerinage d'adieu.


Ma dernière recommandation envers vous, c'est que vous devez bien traiter les femmes. En vérité, elles sont vos partenaires, et vous n'avez aucun droit sur elles au-delà – excepté si elles commettent une indécence manifeste [fahisha mubina = allant de la débauche à l'adultère]. Si 'elles le font, alors refusez de partager leurs lits et corrigez-les sans violence indécente [fadribuhunna darban ghayra mubarrih]. Ensuite, si elles s'abstiennent, ne faites plus preuves d'hostilité  plus longtemps. Vous avez un droit sur vos femmes comme celles-ci ont un droit sur vous ; Votre droit sur elles est qu'elles ne permettent à celui que vous détestez d'entrer dans votre lit ou votre maison, et si elles le font corrigez-les sans violence. Leur droit sur vous consiste à ce que vous les traitiez parfaitement en ce qui concerne l'habillage et la nourriture.



Ce rapport du Prophète Mouhammad (sallâllâhou alayhi wa salam) indique encore que le mari ne peut en aucun cas frapper / taper son épouse d'une manière qui soit violente/ pénible ou douloureuse.


 

Sheikh Jibrîl Fouad Haddad dit, dans sa fatwa prononcée sur cette question:


 

Le mot "mubarrih" est défini dans Al-Mawrid comme "violent et intense, sévère, aiguë, brutal, atroce, torturant, déchirant." Qatada a dit, d'après ce qu'en a rapporté At-Tabarî : "Ghayr mubarrih" signifie ghayr sha'in = pas (de battement) obscène, indécent, honteux, excessif. `Atâ' Ibn Yasser a dit avoir demandé à Ibn Abbâs : "Quelle sorte de battement est ghayr al mubarrih ? 'Il a répondu:' [Avec] le Siwak [brosse à dents] et autres". (Dar al-Fikr, 5:68) 8


 

Il s'agit donc de l'aveu d'Ibn Abbâs d'un objet ayant le gabarit d'une branchette de Siwak (insignifiant donc) ou quelque chose qui y ressemble. Un objet qui même si on l'utilise des millions de fois ne causera pas d'hématomes, c'est certain.


 

D'ailleurs, fâché par Wasifa, une domestique s'étant mal comportée, le Prophète lui avait dit, d'après sa femme, Oum Salama : "Si ce n'était de crainte du Jour de la Résurrection, je t'aurai battue (la'awja`tuki) avec ce Miswak (écorce tendre d'arbuste servant à se nettoyer les dents). (rapporté par par Ibn Sa`d dans At-Tabaqat al-Kubra, Al-Tabarani dans al-Mu`jam al-Kabir, Abû Ya`la dans son Musnad, Abû Nu`aym dans Hilyat al-Awliya' et Al-Hakim dans Al-Mustadrak. As-Suyuti a qualifié cette tradition de "hasan" dans, al-Jami` al-Saghir.)



Par ailleurs il convient de rappeler que le mari est "seulement" autorisé de recourir à cette option [qui ne peut certainement pas être appelé ou étiqueté comme abus physique sur femme "battue"] dans le cas où son épouse est coupable d'une indécence manifeste [nushuz]. En traitant avec sa femme en état de "nushuz", le mari doit d'abord essayer de son mieux de rectifier son attitude par des mots aimables, doux, persuasifs, et raisonnables [lui rappelant Dieu et ses enseignements]. Si ce n'est pas utile, il ne doit plus partager sa couche et dormir loin d'elle, afin d'essayer d'éveiller son caractère féminin afin que la sérénité puisse être restaurée, et elle peut lui répondre d'une manière harmonieuse. Si cette démarche échoue, il est permis (selon l'islam) d'appliquer la troisième méthode, qui n'est pas de battre sa femme, mais d'utiliser un siwak, qui n'est rien d'autre qu'un symbole, et qui ne cause aucune violence.

Cette règle se fonde sur la déclaration du Prophète dans le Hadîth du pèlerinage d'adieu, qui décrit la seule forme de "battement" autorisée dans cette affaire comme "ghayr mubarrih", qui signifie "sans violence, brutalité ou souffrance [Voir les traditions authentiques de Muslim, At-Tirmidhî, Abû Daoud, An-Nassaï  et Ibn Mâja à cet égard]. À cet effet, il est clair que le fait de frapper, s'il est appliqué en dernier ressort, est essentiellement symbolique, le mari, exprimant sa ferme désapprobation [du comportement immoral de son épouse], dans l'espoir de ramener sa femme à la raison. C'est-à-dire lui faire réaliser que son mariage est au bord d'un divorce [afin de faire cesser de son comportement obscène]. Et enfin à nouveau nous devrions nous rappeler que toute forme d'abus [physiques et verbaux] est interdite en Islam. Ceci a clairement été énoncé par le prophète Mouhammad (Paix et Bénédictions sur lui), en ces termes, d'après ce qu'en a rapporté Ibn Abbâs:


 

On ne doit pas se faire du tort, ni les uns ne doivent faire du tort aux autres 9



Il est également vrai que le musulman ne doit pas s'enorgueillir et profiter de sa force physique ou de sa situation de force car Allâh l'observe parfaitement :


 

Abû Mas'ûd Al-Ansârî rapporte : "J'étais en train de corriger un de mes servants lorsque j'ai entendu une voix derrière moi qui disait : "Sache Abû Mas'ûd qu'Allâh a plus de pouvoir sur toi que tu n'en as sur lui." Je me suis retourné et il s'agissait du Messager d'Allâh (Sallallâhou alayhi wa Sallam). Je lui dis : "Ô Messager d'Allâh, le voilà affranchi et libre pour Allâh. " Il (Sallallâhou alayhi wa Sallam) dit : "Si tu ne l'avais pas fait, le feu t'aurait brûlé – ou touché."  10


 

Le récit en question prouve encore une fois que les hommes musulmans ne sont pas autorisés à abuser physiquement de leurs femmes, et ils ne sont pas autorisés à les blesser ou leur causer des douleurs ou des dommages émotionnels [en battant les battant violemment, ou en les frappant sur des zones sensibles du corps, Ce sont tous des actes interdits car ils causent clairement un "dommage" à une personne]. Sheikh Mouhammad Al Jibaly le confirme dans son commentaire sur le verset 4:34, dans son célèbre ouvrage, "The Fragile Vessels". Il dit :


 

Le battement comporte des restrictions: Il ne devrait pas être douloureux, ne devrait pas laisser de marques sur le corps, et doit éviter le visage, la tête et l'abdomen. 11


 

Il est en effet strictement interdit à un musulman de frapper/gifler, un  autre être humain sur le visage. Le compagnon Souwayd ibn Mouqrin, rapporte, à cet égard que le Prophète (Sallallâhou alayhi wa Sallam), a vu un homme frapper un enfant et lui avait dit : "Ne sais-tu pas que le visage doit être respecté" ?  12


 

Selon Abû Hourayra (radhîa Allâhou anhou), le Prophète (sallâllâhou alayhi wa Sallam) a dit: "Quand l'un d'entre vous se bat, qu'il évite de viser le visage [de son adversaire] "  13


 

Shu'ba a dit: "Muhammad Ibn Al Munkadir m'a demandé:" Quel est ton nom ? "J'ai répondu, Shu'ba. Il ajouta: "Abû Shu'ba m'a raconté que lorsque Souwid Ibn Muqarrin Al Muzani vit un homme frapper son esclave, il dit. "Ne savez-vous pas que le visage est interdit?" À l'époque du Messager d'Allah, qu'Allah le bénisse et lui accorde la paix, nous étions sept frères et nous avions un seul esclave. Puis l'un d'entre nous l'a giflé et le Prophète, qu'Allah le bénisse et lui accorde le paix, nous a ordonné de le libérer." 14


 

Gageons qu'il n'y a pas que le visage humain qui doit être respecté. Ceci est aussi valable pour les animaux.


 

Selon Ibn Abbâs (radhia Allâhou anhou), un âne marqué au visage passa devant le Prophète (Sallallâhou alayhi wa Sallam) qui dit : "Qu'Allâh maudisse celui qui l'a marqué ! " 15


 

Mais revenons au thème des violences conjugales :


 

Evoquant la violence envers les femmes, le Prophète avait répondu à Mu'awiya ibn Hayda, au sujet des droits de l'épouse, les définissant en ces termes : "Lui assurer la nourriture quand elle en a besoin, l'habiller quand elle le demande, de ne pas déformer son visage et de ne pas la frapper"  16

 

Tout homme qui viole cette loi divine et cause préjudice à son épouse physiquement et/ou verbalement sera appelé à rendre compte de cela, le Jour du Jugement. En outre, il est important de rappeler que la femme qui est victime de mauvais traitements infligés par son mari, a le droit de porter son affaire devant le juge [islamiques] et d'annuler son mariage sans son autorisation, ce qui est confirmé dans le fameux livre de Fiqh, de l'école Malékite, intitulé "The Guiding Helper" :


 

La femme victime de violence peut soumettre son cas au juge musulmane local. Si elle peut prouver qu'il y a eu abus physique ou verbal (par exemple, elle peut montrer les marques sur le corps ou de faire comparaître des témoins qui ont vu ou entendu l'abus), le juge peut promulguer un divorce définitif sans la permission du mari. 17

 


En tout état de cause, la troisième méthode si elle a lieu doit prendre fin dés que l'épouse se réforme de son immoralité. Le verset à l'étude dit :



Mais une fois ramenées à l'obéissance, ne leur cherchez pas prétexte. Dieu est Auguste et Grand.



Dr. Muhammad Abdel Halim a dit à ce sujet :


"Si elles viennent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles" - obéissent en toute étape - et "obéissent", signifiant ici "s'abstiennent" de l'acte qui a causé ce problème, comme dans le verset coranique: "Ecoutez et obéissez" [64:16] - [c'est-à-dire obéissez à ce que vous avez entendu dans ce contexte]. Le Prophète lui-même lors de son dernier pèlerinage a expliqué la phrase coranique "fa-in ata'nakum" (Si elles arrivent à vous obéir), en utilisant une autre expression : "fa-in intahayna" (si elles cessent), à sa place. Ainsi, "l'obéissance" ici ne signifie pas être soumis à l'époux mais s'abstenir d'une infraction grave. 18



Muhammad Asad (rahimahullâh) avait également proposé une traduction avec un sens similaire, à savoir :



Et si elles en tiennent compte, ne cherchez pas à leur nuire.




La seconde partie est ici:



http://islampaix.blog4ever.com/blog/lirarticle-145578-674568.html









 

 






03/03/2008
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