(2) L'Islam permet aux hommes de battre les femmes ?


Nous ne pouvons ne pas évoquer un Hadîth souvent évoqué par les polémistes anti-islam qui l'altèrent complètement pour lui donner le sens inverse de ce qu'il veut dire :



Iyas Ibn 'Abdullah ibn Abî Dhubab rapporte que le Prophète a dit : "Ne frappez pas les servantes de Dieu [les femmes]." Ensuite, Oumar vint voir le Prophète et dit : "Les femmes se rebellent [dha'irna]  contre leurs époux et donc il donna une permission pour les battre. Ensuite, beaucoup de femmes vinrent auprès de la famille du Messager de Dieu  pour se plaindre de leurs maris. Le Messager de Dieu dit : Les gens de la famille de Mouhammad ont été entourés par beaucoup de femmes qui sont venues se plaindre de leurs maris. Ceux-ci ne sont pas les meilleurs d'entre-vous. 19



Premièrement, il est important de constater que le Prophète (Sallallâhou 'alayhi wa Sallam)  a clairement interdit aux hommes de frapper leurs femmes de manière générale, en ces termes : "Ne frappez pas les servantes de Dieu."



Par ailleurs, il est intéressant de noter que cet incident mentionné dans ledit Hadîth a eu lieu après la révélation du verset 4:34. Alors pourquoi Oumar a-t-il été demandé au Prophète la permission de corriger les femmes rebelles ? Si le verset 4:34, comme le clament les détracteurs de l'Islam autorise les hommes musulmans à frapper les femmes désobéissantes, alors pourquoi le célèbre compagnon Omar Ibn Khattab a-t-il été demandé une telle permission au Prophète ? Ce fait prouve que les compagnons savaient pertinemment que le Prophète n'aimait pas cette option.



Les hommes musulmans ont pris conscience du fait qu'ils ne pouvaient pas "corriger" leurs femmes comme ils le souhaitaient pour un oui ou pour un non. Les femmes musulmanes ont soudainement abusé de leurs droits nouveaux et de leur nouveau statut, de telle façon qu'elles se sont rebellées contre leurs maris, ne remplissant plus correctement leurs devoirs conjugaux, donc Oumar, qui était au courant de la déclaration du Prophète selon laquelle les hommes ne devaient jamais frapper les servantes de Dieu est allé voir le Prophète et dit [Par voie d'exagération, cf.  'Awn al-Ma`bud ] : "Les femmes se rebellent [dha'irna] contre leurs époux. Alors le Prophète leur donna une dérogation [rakhkhasa] pour les battre. Oumar repartit satisfait de cette autorisation. Toutefois, on est passé d'un extrême à un autre et le résultat fut que, le lendemain matin, le Prophète a été confronté à pas moins de 70 femmes de compagnons qui se sont rassemblées elles-mêmes en une délégation et se sont rendues à son domicile, toutes celles qui avaient été maltraitées par leurs maris soi-disant pieux [Abû Dâoûd, n° 880, Voir également: "Les femmes de Médine", la traduction par Aicha Bewley, d'Ibn Sa'd vol 8, p.144, rapporté par la fille de Abû Bakr, Oum Kulthum].



En d'autres termes, beaucoup de maris ont clairement abusé et mal interprété la permission du prophète, en violant les valeurs islamiques [la non-violence et le fait de ne pas nuire à autrui, etc] et de la sunna [ne pas être rude]. Le Prophète était si indigné qu'il sortit faire et fit une intervention en ce sens, convoquant les compagnons pour entendre un sermon public, leur parlant des nombreuses femmes qui ont informé sa famille du comportement de leurs maris, réprimandant les hommes qui s'étaient comporté ainsi. "Ils ne sont pas les meilleurs d'entre vous !" cria t'il. [Abû Dâoûd, n° 880]. Une autre version authentique de ce hadîth [dans "Sahîh Ibn Hibbân, 9:491] ajoute que le Prophète a ensuite révoqué la permission initialement donnée de « battre ».



Abû Hourayra a d'ailleurs rapportée sa fameuse déclaration par laquelle il a souligné que les hommes du traitement de sa femme est une mesure de la perfection de sa foi: "Parmi les croyants, ceux qui montrent la foi la plus parfaite, sont ceux qui ont le mieux disposés, et plus doux envers leurs familles "20



Au fil du temps, Oumar Ibn Al-Khâttab matérialisera les enseignements du Prophète, de bien agir vis-à-vis du Prophète. Afzular Rahman dans son livre intitulé "Le rôle des femmes musulmanes dans la société" narre cet événement de sa vie: "... Oumar Ibn Al-Khâttab a dit qu'un homme est venu à son domicile pour se plaindre de son épouse. En arrivant à la porte de sa maison, il entendit la femme d'Oumar lui crier dessus et l'insulter. Voyant cela, il était sur le point de retourner, pensant que Oumar lui-même était dans la même situation et, par conséquent, ne pouvait guère lui proposer une solution à son problème. Oumar a vu l'homme s'en retourner, l'a appelée et l'a interrogé sur l'objet de sa visite. Il a dit qu'il était venu pour une plainte contre sa femme, mais a fait demi-tour en voyant le Calife dans la même situation. Oumar lui a dit qu'il tolérait les excès de sa femme car qu'elle avait des droits certains sur lui. Il a dit: "N'est-il pas vrai qu'elle prépare la nourriture pour moi, lave mes vêtements pour moi et allaite mes enfants, ce qui me permet d'éviter d'employer un cuisinier et une infirmière alors qu'elle n'est légalement absolument pas obligée de faire quoi que ce soit de ces choses ? De plus, je jouis de la paix intérieure grâce à elle et me préserve des actes indécents grâce à elle. Par conséquent, je tolère tous ses excès, en raison de ces avantages. Il est juste que tu doives adopter également la même attitude." 21



Un autre Hadîth est souvent cité par les polémistes anti-islam :



Muhammad ibn Qais (...) rapporte que Aïcha a dit : (...) "C'était mon tour de passer la nuit avec le messager d'Allah. (...) Il s'allongea jusqu'au moment où il pensa que j'étais endormie. Il prit alors son manteau, mit lentement ses souliers puis ouvrit lentement la porte, sortit, et la referma légèrement. Je couvris alors ma tête, mis mon voile et sortis, suivant ses pas jusqu'à ce qu'il arriva à Baqi'. Il se tint là debout assez longtemps, leva ses bras à trois reprises, puis se retourna. Je fis donc demi tour. Mais il accéléra sa marche, alors je fis de même. Puis il commença à courir, et je me mis à courir aussi. Nous arrivâmes à la maison, moi un peu avant lui. Alors que je m'allongeais sur le lit, il entra dans la maison, et dit : 'Pourquoi es-tu essoufflée Aïcha ?' Je dis : 'Ce n'est rien.' Il dit : 'Dis-moi ou Allâh m'informera.' Je lui dis alors toute l'histoire. Il dit : 'C'était donc ton ombre que je voyais devant moi ?' Je dis oui. Alors il me frappa à la poitrine, ce qui me fit mal, et dit : 'Pensais-tu qu'Allah et son Apôtre t'auraient traitée injustement ?' Elle dit : « Tout ce que les gens cachent, Allah le saura ». Il dit : « Gabriel est venu chez moi quand tu m'as vu. Il m'a appelé et il m'a caché de toi. « J'ai répondu à son appel, mais je l'ai aussi caché de toi (Pour qu'il ne vienne pas te voir) car tu n'étais pas complètement habillée ». J'ai pensé que tu allais dormir et je n'ai pas voulu te réveiller de peur que tu sois effrayée. Il (Gabriel) a dit : « Ton seigneur t'a ordonné d'aller visiter habitants de Baqi (à ceux se situant dans les tombes) et de prier le pardon pour eux. » J'ai dit : « Messager d'Allah, comment devrais-je prier pour eux (comment je  dois prier la rémission pour eux) ? Il a dit : « En disant, paix soit sur les habitants de ce cimetière parmi les croyants et les musulmans, et puisse Allah avoir pitié d'eux qui nous ont devancé, et de ceux qui viendront plus tard. 22


 

Ils citent la phrase Alors il me frappa à la poitrine, ce qui me fit mal pour montrer que le Prophète a battu sa femme Aïcha. Toutefois, la traduction du texte en question [«Alors il me frappa à la poitrine, ce qui me fit mal "] est incorrecte. Le terme utilisé dans le hadith est "lahada". L'Imâm An-Nawawi dans Sharh Sahih Muslim stipule que: "Le mot "Lahada" selon les lexicographes signifie, "pousser" [dafa'a]. L'utilisation du verbe "frappé" est impropre, la phrase devrait être traduite par: "Il a poussé ma poitrine avec une poussée qui m'a fait mal." [Traduction par Sheikh F. Haddad]   23


 

Deuxièmement, ceci appelle à une question importante qui est liée à l'imposition de main du prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) parce que c'est un geste lié à repousser l'influence mauvaise (waswâs) et donner la bénédiction comme on le voit ci-dessous:


 

1. Ubay ibn Ka`b dit : « Il s'est produit dans mon esprit une sorte de démenti qui ne s'est pas produite même pendant les jours de l'ignorance. Quand le messager d'Allah vit comment j'ai été affecté, il m'a giflé sur la poitrine. Je suis entré dans une sueur et me suis senti comme si je regardais Allâh dans la crainte »  24



 

2. Jarir ibn Abdullah Al Bajalî (radhia Allâhou anhou) a été envoyé par le Prophète (sallâllahou alayhi wa sallam) sur une mission pour détruire Al Kahalasa, l'idole-maison de Dhu de Khatham, surnommé le Yéménite Kaba. Jarir relate : « Je suis allé avec les cent cinquante cavaliers mais je ne pouvais m'asseoir solidement sur le cheval. Je l'ai mentionné au messager d'Allah qui alors a frappé sa main sur ma poitrine, tellement dur que je pouvais voir la trace de ses doigts là-dessus, dire : « Ô Allah ! Accorde lui, l'immuabilité et fais de lui un guide de la droiture et droit-guidée ! » 25


 


Le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) a dit à Wâbisa "Consulte-toi, toi-même, consulte ton cœur, Wâbisa! ", tout en poussant trois fois Wabisa sur la poitrine avec ses [premiers] trois doigts, en ajoutant:". Le bien est ce à propos de quoi l'âme se tranquillise et le cœur se tranquillise. Le péché est ce qui se trame dans l'âme et qui va et vient dans le cœur, même si on te donne des fatwas sur le sujet  26


 


Il existe une tradition selon laquelle, lorsque le Prophète Yûsuf [pbAsl] avait approché la femme du Roi, son père Yaqub [paix soit sur lui] est apparu et l'a giflé sur la poitrine, après quoi la convoitise de Yûsuf est sorti par le bout de ses doigts 27



 

A partir de tout ces rapports, nous pouvons aisément conclure que cette "poussée" ou "claque" a été faite avec les doigts [pas avec les poings comme certains le suggèrent] et ne peut être étiquetée comme une forme de "passage à tabac" ou "violences physiques". Une gifle ou poussée avec les doigts [afin de chasser les mauvaises pensées et d'invoquer la bénédiction sur une personne] ne peut jamais être étiqueté comme une forme de "passage à tabac" ou "violences physiques". En d'autres termes, le Prophète [saws] n'a jamais battu sa femme Aicha, il l'a seulement poussée sur la poitrine avec ses doigts [afin de chasser les mauvaises influences, et invoquer la bénédiction]. C'est d'autant plus évident que le Prophète agit avec douceur envers elle, lui disant : J'ai pensé que tu allais dormir et je n'ai pas voulu te réveiller de peur que tu sois effrayée




Il est donc clair que selon ce Hadîth, le Prophète n'a pas frappé Aïcha contrairement aux accusations mensongères. Comment cela aurait été possible, lui qui ne frappait personne, en dehors du Jihâd, selon les dires d'Aïcha, elle même.



Jamais il n'a frappé quelqu'un, ni une épouse, ni un serviteur. La seule occasion [où il utilisait la force de son bras contre quelqu'un] était lorsqu'il combattait pour la cause de Dieu [contre des soldats ennemis]."  28





Egalement, voyant Abû Bak molester Aïcha, le Prophète (sallâllâhou 'alayhi wa Sallam) s'était interposé pour la protéger bien qu'elle fut fautive de l'avoir grondé.




An-Nu'mân Ibn Bashîr rapporte : "Abû Bakr arriva à la porte du Prophète (Sallallâhou 'alayhi wa Sallam) et entendit Aicha élever la voix sur le Prophète qui autorisa Abû Bakr à entrer. Il entra et dit : "Ô fille d'Oum Rawmân, en la saisissant : Elèves-tu la voix sur le Messager d'Allah (Sallallâhou 'alayhi wa Sallam) !" Le Prophète (Sallallâhou 'alayhi wa Sallam)  s'interposa entre eux et lorsque Abû Bakr sortit, le Prophète dit, en cherchant à contenter Aicha : "Ne vois-tu pas que je me suis interposé entre l'homme et toi", c'est-à-dire Abû Bakr et Aicha. Puis Abû Bakr revint et les trouva en train de rire, il dit alors : "Ô Messager d'Allâh, associe-moi à ta paix comme tu m'avais associé à ta guerre." 29

 



Toujours pour montrer que l'Islam autorise le mari à battre sa femme, certaines personnes en viennent parfois à citer la tradition suivante :

 



Selon 'Oumar, le Prophète (salallahu 'alayhi wa salam) a dit : "On ne demande pas à l'homme pourquoi il a frappé sa femme." (rapporté par Abû Dâoûd)

 


Il s'agit d'un Hadîth faible rapporté uniquement à travers `Abd al-Rahman Musli qui est inconnu et qui n'a rapporté aucune autre tradition dans la littérature du Hadîth.

 



Par conséquent, il est vain de s'accrocher à ce Hadîth pour en extraire une règle ou un principe.




Conclusion: L'Islam ne donne pas le droit aux hommes de battre les femmes.





Références:


 

 

1. Muhammad Abdel Halim, "Understanding The Qur'an" (I.B. Tauris & Co Ltd, paperback edition 2005, p. 47)


2. Sahîh Muslim, cité par le Sheik G.F. Haddad: 

http://www.livingislam.org/fiqhi/fiqha_e32.html


3. Muhammad Abdel Halim, Ibid, p.50-54


4. Livingislam.org, par Sheikh G.F. Haddad en son article: "comment on: the place of women in pure islam"


5. Muhammad Abdel Halim, Ibid, p.50-54


6. Muhammad Abdel Halim, Ibid, p. 52.


7. Larousse Encyclopédique en couleurs, France Loisirs, p.924


8. http://www.livingislam.org/fiqhi/fiqha_e32.html


9. Rapporté par Ibn Mâja Mâlik, al-Bayhaqi, Al-Daraqutni. Authentifié par Ahmad, Al-Hakim, Ibn al-Salah et d'autres. Voir Khalasat al-Badr al-Munir, 2/438


10. Rapporté par Muslim


11. Sheikh Muhammad al-Jibaly, The Fragile Vessels, p. 55 [Al-Kitâb & as-Sunna Publishing 2005]


12.  Rapporté par Muslim, 3/1280


13. Rapporté par Al-Bukhârî, n° 734


14. Rapporté par Muslim


15. Al-Adab al-Mufrad Al-Bukhârî, [chapitre : être un maître], n° 179


16. Rapporté par Abû Daoud, 2/244, Ibn Majah, n° 1850 et Ahmad, n° 4/446. Authentifié par Sheikh Al-Albanî dans Sunan Abû Daoûd, Hadîth n°2142


17.  Abû Qanit al-Sharif al-Hasani, The Guiding Helper, note 2329, p. 308 (Double Tee Literature 2001, 1st Edition)


18.  Muhammad Abdel Halim, Ibid, p.54


19.  Notez en outre que le Prophète a appelé les femmes, "Servantes de Dieu". Il s'agit en Islam, d'un tire honorifique, le fait d'être serviteur ou servante de Dieu. Si les femmes étaient selon l'Islam des êtres maudites, mauvaises, emplies de vices, comme le clament les missionnaires chrétiens et d'autres détracteurs, le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) ne leur aurait pas donné cette appellation.


20. 
rapporté par Ahmad, n° 7396



21.
Afzular Rahman, " Le rôle des femmes musulmanes dans la société ", p. 149


22. Rapporté par al-Bukhârî


23.  http://mac.abc.se/~onesr/d/kxih_e.pdf, G.F. Haddad, "L'imposition des mains dans la Sunna"


24. Rapporté par Muslim


25.  Rapporté par Muslim et Al-Bukhârî


26. Rapporté par Abû Yala [3:160-162] et Abû Nu'aym dans Al-Hilya [1985 ed. 2:24 et 6:255]


27 Rapporté par At-Tabari [12:187], Al-Qurtubi [9:170], Ibn Kathîr [2:475], al-Jalalayn, et d'autres.


28 Rapporté par Muslim (4/79/1814), Ibn Majah (1/1984), Ahmad (6/32/229,232), al-Darimi (2/2218)]


29 Rapporté par Ahmad.



Moussa Youssouf




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04/03/2008
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