Jésus adoré selon Matthieu 2.11?


Nous reproduisons une réfutation fait par des témoins de Jéhovah à propos de l'adoration de Jésus :


Matthieu 2:11

 

"se prosternèrent et l'adorèrent" devient: "tombant, ils lui rendirent hommage".


Les Témoins refusent de reconnaître que Jésus est digne de notre adoration en tant qu'être divin, et altèrent donc la manière dont est décrite l'adoration qu'il a reçue de la part des hommes et des anges. Le verbe grec proskunéô signifie littéralement "se prosterner, adorer". L'expression 'rendre hommage' est propre à la TMN [Traduction du monde nouveau]. (On trouve la même révision en Mat. 9:18; 14:33; 15:25; 28:9,17; Marc 5:6; 15:19; Luc 24:52; Jean 9:38; Héb. 1:6.)





Loin d'être 'propre à la Traduction du monde nouveau', l'expression "rendre hommage" est utilisée dans nombre de versions, pour traduire le verbe proskunéô qui apparaît en Matthieu 2:11 ainsi que dans d'autres passages. (voir ce verset dans la Bible de Jérusalem, la Bible du semeur, la Bible des Moines de Maredsous, la Traduction Œcuménique de la Bible, la Bible de Pierre de Beaumont, la version Darby:). Dans les autres textes, ces traductions rendent proskunéô de diverses manières: "se prosterner", "adorer *", "rendre hommage".



Quelles idées ce verbe emporte t-il? Selon le Vine's Expository Dictionary of New Testament Words, proskunéô vient de la préposition pros signifiant "vers, à l'égard de, en direction de ", et du verbe kunéô, "embrasser". "Il est utilisé [, entre autre, à propos] d'un acte d'hommage ou de révérence :

(a ) à Dieu (Mat. 4:10; Jean 4:21-24; 1 Co. 14:25; Révélation 4:10 etc...),

(b) au Christ (Mat. 2:2,8,11; 8:2; 9:18 etc...),

(c) à un homme (Mat. 18:26)


 

Dans l'appendice de sa traduction de la Bible, Pierre de Beaumont reconnaît: "La Bible, A[ncien] et N[ouveau] T[estament], exprime souvent une telle adoration par le geste de 'se prosterner' (Ex. 34/14, Mt 4/10); mais le verbe s'emploie aussi pour exprimer le respect témoigné à certains personnages (Gn 33/3, 42/6, Mt 8/2, Mc 15/19, etc...)".

 


Pareillement, dans une note sur Matthieu 2:2 où proskunéô est employé, Albert Barnes, dans son commentaire sur le Nouveau Testament, explique que "cela ne signifie pas qu'ils [les astrologues] sont venus lui [Jésus] rendre un hommage religieux, ou l'adorer. Ils le considérèrent comme le roi des Juifs. Il n'y a aucune raison de penser qu'ils supposèrent qu'il était divin. Ils vinrent pour l'honorer comme un prince, ou un roi, non comme un Dieu. Le mot original [proskunéô] n'implique pas davantage que cela. Il signifie se prosterner devant un autre, tomber à terre et rendre hommage à un autre. C'était de cette façon que l'hommage était rendu aux rois terrestres." (Voir également la note du Illustrated New Testament , John S. C. Abbott and Jacob Abbott, sur Matthieu 2:11, Thayer's Greek-English Lexicon of the New TestamentGreek-English Lexicon de Liddel et Scott). Dans sa Préface de l'Édition de 1872 du Nouveau Testament , J.N. Darby écrit: « Nous avons rendu le grec proskunew par rendre hommage, cette expression s'appliquant, en grec, à toute espèce d'actes de respect, depuis le simple acte de révérence envers un supérieur jusqu'à l'adoration de Dieu lui-même : le lecteur décidera facilement la portée de l'hommage rendu, d'après la personne à qui il est rendu et celle qui le rend ; comp. 1 Chron. 29:20. »


 

Manifestement, le verbe proskunéô doit se traduire en fonction du contexte. Quand Dieu lui-même est l'objet de cette révérence, il va de soi que ce verbe implique bien plus que la coutume qui consistait à se prosterner devant un personnage important pour lui rendre hommage. Dans ce cas, proskunéô revêt un aspect religieux, pour traduire l'action d'adorer. La question demeure donc: Les Écritures laissent-elles entendre que Jésus était l'objet d'un culte, d'une adoration, de la part de ses disciples, de ses contemporains?



L'encyclopédie biblique Étude perspicace, vol. 1 p. 1136 (publiée par les Témoins de Jéhovah), fait la remarque suivante: "Au contraire, les situations qui suscitèrent l'hommage rendu à Jésus ressemblent beaucoup à celles qui avaient autrefois poussé à rendre hommage aux prophètes et aux rois (comparer Mat 8:2 ; 9:18 ; 15:25 ; 20:20 avec 1Sam. 25:23, 24 ; 2Sam. 14:4-7 ; 1Rois 1:16 ; 2Rois 4:36, 37). Les paroles mêmes des personnes concernées montrent souvent que, si elles reconnaissaient clairement en Jésus le représentant de Dieu, elles lui rendaient hommage non comme à Dieu ou à une divinité, mais en sa qualité de " Fils de Dieu ", le " Fils de l'homme " annoncé, le Messie investi du pouvoir divin. Dans bien des cas, leur hommage exprimait de la reconnaissance pour une révélation divine ou pour un témoignage de faveur, de la même façon qu'on l'exprimait dans le passé. — Mt 14:32, 33 ; 28:5-10, 16-18 ; Lc 24:50-52 ; Jn 9:35, 38."



Rien dans les Écritures ne laisse à penser que Jésus était l'objet d'une adoration de la part de ses contemporains. Au contraire, il a enseigné que seul Dieu devait être adoré (Mat. 4:10; Jean 4:21-24; 17:3; 20:17). C'est ce que comprenaient ses disciples pour qui il n'y avait réellement "qu'un seul Dieu, le Père" (1Co. 8:4,6), le "Dieu de notre Seigneur Jésus Christ" (Eph. 1:17), digne de recevoir l'adoration (Révélation 11:16; 19:4,10).



En Hébreux 1:6, Paul cite une combinaison de Psaume 97:7 et de Deutéronome 32:43 tels qu'ils figurent dans la Septante. Cependant, bien que ce texte (Ps. 97:7), à l'origine, s'appliquait à Dieu, Paul s'y est référé à propos du Christ, en ayant à l'esprit, comme il le précise dans le contexte proche (Hébreux 1:3) que ce dernier est la "représentation exacte de ce que Dieu est", l'"expression de son être" (Traduction Œcuménique de la Bible, Bible en Français courant). Par conséquent, si apparemment c'est au Fils que les anges adressent ce qu'on pense être de l' 'adoration', en réalité ils l'adressent par lui à Jéhovah Dieu, le Maître Souverain, " Celui qui a fait le ciel, et la terre, et la mer, et les sources d'eaux ". (Ré 14:7 ; 4:10, 11 ; 7:11, 12 ; 11:16, 17 ; voir aussi 1Ch 29:20 ; Ré 5:13, 14 ; 21:22.).

 


* Le verbe "adorer", en français comme dans d'autres langues, possède un champ sémantique semblable au grec 'proskunéô' dont il est la traduction. Ce verbe peut en effet désigner un acte d'adoration au sens religieux du terme, tout comme le fait de rendre hommage à une personne que l'on respecte profondément. Comme le fait remarquer un ancien ouvrage de référence, le Dictionnaire Critique de la langue française (1787 - 1788), "ADORER, chez les Peuples Orientaux, ne marquait souvent qu'un très-profond respect, témoigné par des prosternements".  Des traducteurs de la Bible du début du XX° siècle ont employé ce verbe dans ses différentes nuances de sens. Par exemple, l' American Standard Version (1901) rend Révélation 3:9 comme suit: "Je les ferai venir et adorer devant tes pieds, pour qu'ils sachent que je t'ai aimé". La note en bas de page précise: "Le mot grec [traduit par "adorer"] dénote un acte de révérence, tant adressé à une créature qu'au Créateur". Il est évident, dans ce passage, que ceux qui recevraient cette "adoration", c'est à dire les chrétiens de Philadelphie, ne seraient pas l'objet d'un culte. Les Juifs, dont il est question ici, en viendraient seulement à reconnaître, par un "acte de révérence", ou de profond respect, la position de faveur dont ces chrétiens jouisssaient auprès de Dieu et de Jésus. 

 

 Dans son livre Réconciliation entre Dieu et l'homme, paru en 1899, Charles Taze Russel montra ce qu'il fallait entendre par le mot "adorer", notamment quand il est employé à propos de Jésus .  Il écrivit: "Certains prétendent que le fait que Jésus recevait l'adoration sans la repousser signifie qu'il est JÉHOVAH". Réfutant ce point de vue erroné, il explique: 

 


"Le mot grec traduit par adorer (ou honorer) dans le Nouveau Testament est proskuneo (*) [Référence Strong N° 4352 — Trad.] qui signifie « baiser la main »,  comme le chien lèche la main de son maître. La signification est celle de vénérer (« révérence »).

Dans l'Ancien Testament, adorer se dit shaw-kaw (**) [Référence Strong N° 7812 — Trad.]  et signifie se prosterner avec le sens de respect religieux (« révérence »).  Ce mot s'y trouve 170 fois et, dans la moitié environ des cas, concerne l'adoration de Dieu. Mais ce fait est caché au lecteur anglais (comme au lecteur français — Trad.) par la traduction qui en est donnée 74 fois de se courber, s'inclina, révéra, rendit hommage, etc., quand il se rapporte à l'hommage rendu aux grands de la terre. Nous en donnerons quelques exemples : Abraham « se prosterna »  [shaw-kaw ] en terre, et dit : Seigneur (la vers. angl. donne « Mes Seigneurs »  — Trad.)  [Adonaï] ... qu'on prenne un peu d'eau, et vous laverez vos pieds et vous vous reposerez sous l'arbre ».  Ces paroles et actions se placent au moment où il pensait qu'ils n'étaient que « trois hommes » — Gen. 18 : 2-4


Lot « se prosterna [shaw-kaw] »  le visage en terre devant deux des mêmes hommes. — Gen. 19 : 1.

Abraham « se prosterna [shaw-kaw] »  devant le peuple du pays de Canaan. — Gen. 23 : 7. 12.

Isaac bénit Jacob, disant : « Que des peuplades se prosternent [shaw-kaw] devant toi ... et que  les fils de ta mère se prosternent [     shaw-kaw] devant toi ». —  Gen.  27 : 29.

David « s'inclina le visage contre terre et se prosterna [ shaw-kaw] »  devant Saül. — 1 Sam. 24 : 9. (v.  8 dans la version anglaise — Trad.).Abigaïl « se prosterna [ shaw-kaw] contre terre » devant David, et aussi devant les représentants de David. — 1 Sam. 25 : 23, 41.

La femme de Thékoa « tomba sur son visage contre terre et se prosterna »  (angl. rendit obéissance — [shaw-kaw] au roi David. Et Joab et Absalom firent de même, «  se prosternèrent [shaw-kaw] ».  — 2 Sam. 14 : 4, 22, 33.

«  Et Mephibosheth...  vint vers David, « tomba sur sa face et se prosterna [shaw-kaw] ».  — 2 Sam. 9 : 6

Ces preuves feront comprendre à tous que l'interdiction du premier commandement « Tu ne les adoreras point [shaw-kaw] et ne les serviras point » ne visait nullement et ne devait pas être interprétée comme visant la révérence ou l'hommage, etc., dû à des personnes honorables ou à ceux qui occupaient  des positions honorées parmi les hommes. Les Juifs ne se trompèrent pas non plus en rendant hommage [shaw-kaw] aux anges qui vinrent avec des messages au nom de Jéhovah et en le faisant connaître. Un tel hommage était approuvé, et ne fut jamais réprouvé. Le commandement mettait en garde contre l'adoration des statues ou contre toute adoration de dieux rivaux. Jéhovah ne pouvait le tolérer. Il n'y avait donc aucune inconvenance de la part de tout Juif qui reconnaissait Jésus comme « l'Envoyé  de Dieu », à le révérer, à lui rendre hommage ; une telle attitude sied encore bien davantage à tous ceux qui reconnaissent notre Seigneur  Jésus avec ses droits et titres — en sa qualité de Fils de Dieu (...)
   
               

Si Jésus s'était posé en rival de Jéhovah au lieu de rester son Fils et serviteur, tout hommage adressé à lui aurait été un manque de respect envers le Père, un péché, une idolâtrie. Au contraire. cependant, tout en acceptant la révérence dans sa qualité de Fils de Dieu, il déclara très positivement et publiquement : « Le Père est plus grand que moi », enseignant à ses disciples d'adresser leurs prières au Père en leur disant : « Toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera ». — Jean 16 : 23." .

 


C'est donc dans le sens de "rendre hommage" (ou "révérer") que le verbe "adorer" fût employé par C. T. Russel dans ses écrits au sujet de Jésus. L'"adoration" que les "Etudiants de la Bible" rendaient à "l'Envoyé de Dieu" était à distinguer de celle qui se rapporte à Dieu lui-même. Les écrits de la société Watch Tower ont par la suite employé le verbe "adorer" dans ce même sens lorsqu'il s'appliquait au Fils de Dieu.  Dans son livre Jéhovah, publié en 1934 , J. F. Rutherford écrivit (p. 301): "Jéhovah seul doit être adoré au dessus de tout le reste (Deut. 6:1-8)". Lorsqu'il employa le verbe "adorer" à propos de Jésus, il ne voulait donc pas dire qu'il le plaçait sur le même plan d'égalité que son Père.  Comme il l'explique dans le livre Richesses, p. 332: "Qu' une créature obtienne la vie au ciel ou sur la terre, elle doit reconnaître et adorer Jéhovah comme le seul vrai Dieu, le Tout-Puissant, et [adorer] Christ Jésus comme son Roi et Principal  Officier Exécutif" (c'est moi qui souligne). L'"adoration" du Fils en tant que "Roi et Principal Officier"  était donc à distinguer de celle qui se rapporte au "seul vrai Dieu, le Tout-Puissant".

Afin d'éviter toute confusion dans l'emploi  du verbe "adorer", La Tour de Garde du 1° juillet 1954, p. 207, rappelait à ses lecteurs :

 


"Dans Hébreux 1:6 (NW [= Traduction du monde nouveau; édition anglaise] ), nous lisons: "Mais lorsqu'il fait entrer de nouveau son Premier-né dans la terre habitée, il dit: Et que tous les anges de Dieu l'adorent". Le verbe grec qui figure dans cette phrase étant 'proskunéô', on aurait pu le traduire par "honorer" ou "rendre hommage" (...) Il n'est pas demandé qu'on adore le Roi oint, établi par Jéhovah Dieu sur Sion sa montagne sainte, c'est à dire son Fils Jésus Christ (...) L'Ecriture enseignant donc que Jésus Christ n'est pas une copersonne trinitaire en compagnie de Dieu, le Père, mais une personne distincte, le Fils de Dieu, Jésus Christ glorifié dans les cieux, aucune adoration particulière ne doit lui être rendue (...) C'est Jéhovah que nous devons adorer. Mais nous honorons comme il convient l'unique Fils engendré de Dieu, Jésus Christ, en adorant Dieu en son nom (...) De cette manière, nous laissons à chaque chose sa place respective" .




05/09/2008
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