Le Coran prétend-il avoir réponse à toute chose?




Certaines personnes clament que la description que le Saint Coran fait de lui-même est incorrecte car d'après eux, le Coran se décrit comme complet et comme un Livre ne souffrant d'aucune omission mais dans le même temps, il manque de clarté sur certains points. Ainsi, dés qu'il estiment ne pas trouver suffisamment de lumière sur un sujet, ils s'empressent, avec une certaine excitation, de rappeler que "pourtant le Coran se décrit en tant qu'exposé détaillé de toute chose" (sic), ect..... C'est par exemple la critique alléguée par Facealislam, pierre angulaire de certaines de ses argumentations. Illustration :

 


Tout ceci est étonnant, lorsqu'on considère le fait que le Coran se décrit en tant qu'un exposé détaillé de toutes choses, aux versets clairs et détaillés, où ne subsiste aucune ambigüité et où rien n'est omis (voir Sourates 6:38; 6:114; 6:126; 10:37; 12:11 ; 16:89, etc.). Si cette description du Coran sur lui-même était correcte, le Coran devrait parler de la Trinité telle que la définisse les Chrétiens, cependant à la place le Coran reproche aux Chrétiens des croyances auxquelles ils ne croient pas, et de cette manière, le Coran expose son ignorance au sujet des croyances chrétiennes.


Source: http://facealislam.free.fr/Tounsidu20-trinite-coran.html
*




D'après le missionnaire chrétien, le Coran dit de lui que rien n'y est omis. On peut légitimement s'interroger et se demander où a-t-il trouvée une telle description dans le Coran. Sans doute se base t'il sur ce verset :

 


Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre. Puis, c'est vers leur Seigneur qu'ils seront ramenés. Sourate 6:38

 


Il est important de faire remarquer que ce verset ne parle pas du Coran mais de la Table Gardée (al-Lawh al-Mahfudh) qui se trouve auprès de Dieu et qui est mentionnée par exemple dans la même Sourate :

 


Coran, 6 :59

Et pas une graine dans les ténèbres de la terre, rien de frais ou de sec, qui ne soit consigné dans un Livre explicite.

 

Aussi, dans la Sourate Hud :

 

Coran, 11 :6

Il n'y a point de bête sur terre dont la subsistance n'incombe à Dieu qui connaît son gîte et son dépôt; tout est dans un Livre explicite.

 

Voir aussi au passage sur la même thématique, Coran 27/74-75, 20/51-52, 50/4,  22/70

 


Dieu y a écrit tout ce qu'il adviendra jusqu'à la fin des temps :

 


Abdullâh Ibn 'Amr Ibn Al-'As (que Dieu l'agrée) rapporta: "J'ai entendu le Messager de Dieu, Paix et Bénédictions sur lui, dire: "Dieu a écrit la prédestination de toutes les choses cinquante mille ans avant qu'Il ne crée les cieux et la terre". (Rapporté par Muslim)

 


Imran Ibn Husayn rapporte "....Le Messager de Dieu (Paix et Bénédictions sur lui) a dit : "Dieu était avant toute chose et Son Trône était sur l'eau. Il écrivit ensuite dans la Tablette Préservée mentionnant toute chose"... (Rapporté par Ahmad, 4:431)

 


Et pour synthétiser tout cela:

 

Le musulman à la ferme conviction que tout bien et tout mal ne se réalisent que suivant le destin et le décret d'ALLAH. ALLAH a écrit le destin de toute chose cinquante mille ans avant la création des cieux et de la terre. IL a écrit tout cela dans la Table bien gardée – al-Lawh al-Mahfud, c'est le Livre, dans lequel, IL n'a strictement rien omis.

 
http://ibntaymiya.jeeran.com/categories/AKIDA/



L'abrégé en ligne du Tafsîr des deux Jalâl ud-dîn souligne...

 

We have neglected nothing (min shay': min is extra) in the Book, in the Preserved Tablet (al-lawh al-mahfūz), [nothing] that We have not written; then to their Lord they shall be gathered, and judgement shall be passed upon them, and the hornless sheep shall retaliate against the horned ram, and then it will be said to them [the animals], 'Be dust'. (Tafsîr ul-Jalâlayn, Commentaire de la Sourate 6:38, Source)




Egalement, Sheikh Al-Albanî, r.a disait, répondant à l'assertion d'un "Coraniste" citant justement le verset 6/38 à l'appui de ses affirmations:

 


Pour ce qui est de la déclaration d'Allâh,
Nous n'avons rien omis dans le livre, ce qui est désigné par le terme "Livre" ici est la Table Preservée, pas le Coran. (Abû Abdîr-Rahmân Muhammad Nasîr-ud-Dîn Al-Albanî, How Are We Obligated To Interpret the Qur'an? al-Ibaanah e-books, translated by Ismaël Alarcon, 2007)

 


L'allégation est donc ici totalement à coté de la plaque.

 


Quand aux versets suscités, véhiculant tous le même sens général, à savoir que le Coran contient des prescriptions ou des enseignements détaillées, ceci ne se comprend pas dans l'absolu comme signifiant que le Coran parle de toutes les choses, de tous les sujets, mais que le Coran contient maints détails relatifs à la guidance, à ce qui est satisfaisant pour l'homme afin de suivre le droit chemin et gagner l'agrément de Dieu.



En commentaire du verset 16 :89, Ahmad Shafat écrit :

 

Ici les mots "explications de toute choses" sont censés montrer que nous n'avons besoin d'aucune autre source de guidance que le Coran. Une fois encore, nous ne devons pas abandonner l'usage du `aql (raison) et du fikr (réflexion) en interprétant n'importe quel verset, puisque le Coran lui-même nous recommander d'user d'eux. Maintenant, le`aql et le fikr nous suggèrent immédiatement que nous ne pouvons prendre ce verset en un sens absolu. Car, nous devrions comprendre "toute choses" littéralement. Mais ceci est évidemment impossible, puisque il y a des choses que le Coran n'explique pas ; par exemple, les règles de la grammaire Chinoise ou la façon de réparer votre ordinateur. Ainsi, le sens commun requiert que nous considérions "toute chose" comme signifiant en substance "toute chose qui relève de la religion, la spiritualité, et la moralité". (Dr. Ahmad Shafaat, The Sacred Hadith Project, Chapter 2: The Message and the Messenger, Source)



Muhammad Asad écrit en commentaire du verset 12:111 et "explications de toute choses" :

 

Tout ce dont l'homme peut avoir besoin pour son bien-être spirituel. (Muhammad Asad, The Message of the Qu'ran)


Sheikh Abû Ala al-Mawdudî explique :


Il donne des détails de tout ce qui est nécessaire pour l'orientation de l'homme. Certaines personnes comprennent "détaillé de toute chose" comme détails de toute chose dans le monde. Donc, quand ils ne trouvent pas en son sein des détails relatifs aux mathématiques, à la physique, la médecine etc etc ils deviennent sceptiques. Alors que le Coran affirme donner les détails d'un seul sujet, "la guidance", pour lequel il est descendu, et il donne le détail de toute ce qui est essentiel dans cette perspective. (Sheikh Abû Ala al-Mawdudî, Tahfîm al-Qour'aane, commentaire du verset 12 :111)


Le Coran donne des détails de la réalité et de l'attitude correcte que l'homme doit adopter dans la vie de ce monde et des principes de base de la vie dans le droit chemin (Ibid, commentaire du verset 7 :52)

 

Le Coran explique dans le détail et amplifie les principes fondamentaux et les enseignements contenus dans "le Livre", c'est-à-dire, les Écritures léguées par les anciens Prophètes, et y ajoute davantage d'évidences et d'explications afin qu'elles puisse être mieux comprises et pratiquées. (Ibid, commentaire du verset 10 :37)

 


C'est d'autant plus évident que Dieu dit au sujet de Moïse :

 

Puis Nous avons donné à Moïse le Livre complet en récompense pour le bien qu'il avait fait, et comme un exposé détaillé de toute chose, un guide et une miséricorde. (Coran, 6 :154)

 

Or, la loi donnée à Moïse contient, outre l'affirmation d'un monothéisme pur, essentiellement des directives cultuelles et législatives. Donc, comme un exposé détaillé de toute chose, ne se comprend pas de façon absolue comme signifiant tous les sujets mais concerne les choses relatives à la guidance. C'est classiquement la même chose pour le Saint Coran. Et cette compréhension relève tout simplement du bon sens.


Reste que dans le domaine de la guidance, du Dîn, le Coran reste parfois imprécis (montant de la Zakâte, nombres de prières…). Certes mais ceci ne constitue pas une anomalie puisque le Coran nous dit lui-même que le Prophète Muhammad (Paix sur lui) est venue nous enseigner "Le Livre" (62 :2), c'est-à-dire, en expliciter les prescriptions, qu'il faut lui obéir dans ce qu'il nous dit (4 :59) et qu'il a reçu une exégèse de la part de Dieu (16 :44).

 


Ibn Taymiyya souligne :

 
Il convient de savoir que le Prophète (saws) a exposé clairement, à ses compagnons, les significations du Coran, comme il leur a exposé clairement les mots du Coran. La parole suivante d'Allah : "16.44...Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a fait descendre pour eux et afin qu'ils réfléchissent..." englobe l'un et l'autre. (Ibn Taymiyya, introduction aux fondements de l'exégèse du Coran, traduction et annotation de Mahboub Moussaoui, Editions Sabil, 2004, page 30)



Maintenant, pour répondre à cette interrogation (Le Coran est détaillé nonobstant il nous ordonne de suivre le Messager, saws, donc sa Sunna), Taqi Uthmanî écrit…

 

Avant de conclure ce débat, il convient de répondre à une question souvent posée concernant l'explication du Saint-Coran. La question est de savoir si le Saint-Coran a besoin de quiconque pour expliquer son contenu ? Le Saint-Coran en certains endroits semble prétendre que ses versets sont explicites, faciles à comprendre et clairs dans leur sens. Pourquoi, alors, avoir recours à l'explication Prophétique ?

 

La réponse à cette question se trouve dans le Saint-Coran lui-même. Une étude combinée de ces versets révèle que le Saint-Coran traite de deux différents types de sujets. L'un concerne les déclarations générales sur les réalités simples, et il comprend les événements historiques relatifs aux anciens prophètes et leurs nations, l'affirmation des bienfaits d'Allâh sur l'humanité, la création des cieux et la terre, les signes cosmologique, la puissance et la sagesse du divin, les plaisirs du Paradis et les tortures de l'enfer, et les sujets de même nature.

 
L'autre type de sujets se compose des impératifs de la Sharî'ah, les dispositions de la loi Islamique, les détails des questions doctrinales, la sagesse de certaines injonctions et d'autres matières de ce type.

 
Le premier type de sujet, qui est désigné dans le Saint-Coran en tant que Zikr (la leçon, le sermon, le conseil) est sans aucun doute, si facile à comprendre que même un analphabète rustique peut en bénéficier sans avoir recours à aucune autre personne. C'est à propos de ce type de sujets que le Saint-Coran dit:

 
En effet, Nous avons rendu le Coran facile pour le Zikr (la méditation). Y a-t-il quelqu'un pour réfléchir ? (54:22)

 

Les mots "pour le Zikr" (faire une leçon) signifie que la facilité du Saint-Coran concerne les sujets du premier caractère. L'idée maîtresse du verset est que le Coran est aisé à méditer et qu'il est clair et facile à cette fin seulement. Mais en aucun cas la proposition peut être étendue à la déduction de règles juridiques et l'interprétation de la doctrine juridique et dispositions contenues dans le Livre. Sans quoi, le Saint-Coran n'aurait pas chargé le Saint Prophète avec les fonctions "d'enseignement" et d'"expliquer" le Livre. Les versets suscités qui présentent le Saint Prophète comme celui qui "enseigne" et "explique" le Saint-Coran, sont explicites sur le fait que le Livre nécessite un transmetteur qui l'explique aux gens. En ce qui concerne le type de versets qui exigent des explications, le Saint-Coran dit lui-même

 

Telles sont les paraboles que Nous citons aux gens; cependant, seuls les savants les comprennent. (29 :43)

  
Ainsi, la "facilité" des sujets relevant de la première catégorie n'exclue pas la nécessité d'un Prophète qui explique toutes les implications juridiques et pratiques des impératifs figurant dans le Saint-Coran. (Taqi Usmani, The Authority of Sunnah, Chapter 2: The Scope of the Prophetic Authority, Source)

 


Egalement, le Sheikh Yûsûf al-Qardhawî explique au sujet du verset 16 :89 :


Pour ce qui est de Sa Parole - Exalte Soit-Il : " Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de toute chose […] " [16 :89], ce que l'on entend ici par cette "totalité" ou "exhaustivité" c'est que [le Coran] renferme tous les fondements et bases sur lesquels est bâti l'édifice de la religion en termes de Credo et de législation. Parmi ses fondements : le Messager explicite et élucide ce qui lui est révélé. En d'autres termes, la Sunnah explicite le Coran : "Et vers toi, Nous avons fait descendre le Coran, pour que tu exposes clairement aux gens ce qu'on a révélé pour eux et afin qu'ils réfléchissent".


Nul parmi les prédécesseurs ni les contemporains a compris que l'exposé explicite du coran est un exposé détaillé. Comment peut-il en être autrement, tandis que la première œuvre de culte, la première obligation quotidienne, le plus grand rite en Islam - la prière - n'est nullement détaillée dans le Coran : ni le nombre de prières, ni leurs horaires, ni le nombre d'unités [rak`ât], ni leurs modalités, ni leurs détails, ni leurs conditions et piliers. Tout cela est connu par lal Sunnah,
et fait partie de ce qui est connu par nécessité dans la religion [ma`lûmun min ad-dîni bid-darûrah]. (Sheikh Yûsûf al-Qardhawî, Source)

 

* Note : La polémique soulevée par le missionnaire sur le Coran et la Trinité a déjà été réfutée ici.



Moussa Youssouf



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30/06/2008
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