Le Coran vient en confirmation de la Bible ? (1)




Il est devenu récurrent de nos jours d'entendre des chrétiens alléguer, en s'adressant aux croyants musulmans, que "le Coran confirme la Bible". En ce cas de figure, le subterfuge évangélique consiste à affirmer au musulman moyen, "Le Coran confirme la Bible, vous vous devez donc de croire en le contenu de la Bible".

 

Soit. Nonobstant cette affirmation est fausse et il faut clarifier d'emblée que le Coran ne parle aucunement du livre intitulé "la Bible". Le Coran parle uniquement par le biais du vocable "al-Kitâb" des Ecritures de Dieu, révélées aux différents Prophètes, parmi lesquels sont nommément citées : la Thora et les feuillets données à Moïse, paix sur lui, les feuillets d'Abraham, paix sur lui, le Zabûr donné à David, paix sur lui, et l'Evangile prêché par Jésus, paix sur lui. Or, "la Bible", elle, ne contient pas uniquement que des écrits attribués à des Prophètes ou retranscrivant leurs paroles et actes mais bien aussi des légendes (comme celles relatives à Samson), des chansons, des traditions tribales, des épîtres attribuées à des apôtres de Jésus, bref une mosaïque d'écrits n'ayant rien à voir avec la parole que Dieu a révélé à Ses Prophètes (israélites).

 

Cette thèse ("le Coran confirme la Bible, donc croyez en la Bible !") se heurte encore à un autre problème. Un musulman, un minimum averti, aura toujours, en effet, beaucoup de mal à considérer comme crédible mais plutôt fumeuse cette assertion émanant de son contradicteur chrétien, et la question qu'il sera en légitime droit de lui poser sera: "Quelle version de la Bible, le Coran confirme t- il?" Ou pour être plus exact : "De quel canon Biblique, le Coran reconnaît-il le caractère inspiré" ? Passons en revue divers canons bibliques.

 

 

Le Canon Protestant :

 

Historiquement, les Eglises protestantes ont reconnue en le Canon Hébreu leur Ancien Testament, bien que différemment ordonné, et avec quelques livres divisés de sorte que le nombre total de livres est de trente-neuf. Ces livres  sont à classer en trois types de littérature : dix-sept livres historiques (Genèse à Esther), cinq livres poétiques (Job à Salomon), et dix-sept livres prophétiques. Avec l'addition des autres ving-sept livres (les quatre évangiles canoniques, Actes, vingt et un épîtres, et le livre de la Révélation), appelés le Nouveau Testament, les écritures chrétiennes Protestantes sont complètes. [Bruce M Metzger & Michael D Coogan (Ed.), Oxford Companion To The Bible, 1993, Oxford University Press, Oxford & New York, pp. 79 (Under 'Bible').]

 

 

Le Canon  Catholique :


Le Canon Protestant s'est formé en rejetant un certain nombre de livres et de parties de livres qui ont pendant des siècles faits partie de l'Ancien Testament dans la Septante Grecque et dans la Vulgate latine, et avaient gagné une large acceptation au sein de l'église Catholique. En réponse à la Réforme Protestante, au Conseil de Trente (1546) l'Eglise Catholique a accepté, comme Deutérocanoniques, (les livres de) Tobit, Judith, les additions grecques à Esther, la sagesse de Salomon, Sirac, Baruch, la lettre de Jérémie, trois additions grecques à Daniel (la prière d'Azariah et la chanson des trois juifs, Susanna, Bel et le Dragon), et I et 2 Maccabées. Ces livres, ainsi que ceux qui sont dans le Canon juif et le Nouveau Testament, constituent le total des soixante-treize livres admis par l'Eglise Catholique Romaine. [Ibid]


Ces différences sont mieux illustrées ici :


http://www.aimer-jesus.com/divergeances_versions_bible.php


 


Le Canon Anglican:

 

L'église Anglicane se situe entre l'Eglise Catholique et beaucoup de mouvances protestantes en acceptant seulement le canon juif et le Nouveau Testament comme source d'autorité, mais également en acceptant des segments d'écrits apocryphes dans le lectionnaire et la liturgie. En une fois, toutes les copies de la version autorisée du Roi James Version de 1611 ont inclue les Apocryphes entre les  Anciens et Nouveaux Testaments. [Ibid]

 

 

Le Canon Orthodoxe :

 


La Bible de l'Eglise Orthodoxe Grecque comporte tous les livres admis par l'Eglise Catholique, plus I Esdras, la prière de Manassé,
la Psaume 151, et 3 Maccabées. Le canon Slavon ajoute 2 Esdras, mais désigne I et 2 Esdras en tant que 2 et 3 Esdras. D'autres églises de l'est possèdent 4 Maccabées également. [Ibid]

 



Le Canon Copte :

 

Athanasse a édité sa Trente-neuvième épître ; non seulement en Grec mais également en Copte, sous une forme légèrement différente - bien que la liste des vingt-sept livres du Nouveau Testament est la même dans les deux langues. Combien plus problématique en revanche est la liste du canon des Coptes. La traduction Copte des collections connues comme les quatre-vingt cinq canons Apostoliques se conclut avec un ordre différent des livres du Nouveau Testament et est agrandie par l'addition de deux autres : Les quatre évangiles ; les Actes des apôtres ; les quatorze épîtres de Paul (non mentionnées individuellement) ; deux épîtres de Pierre, trois de Jean, un de Jacques, un de Jude ; l'apocalypse de Jean ; les deux épîtres de Clément. [Bruce M Metzger, The Canon Of The New Testament: Its Origin, Significance & Development, 1997, Clarendon Press, Oxford, p. 225.]

 

 

Le Canon Syriaque (peshitta) :

 

Le Peshitta a un nombre différent de livres dans le Nouveau Testament. Ceci représente pour le Nouveau Testament, une accommodation, une harmonisation du Canon des Syriens avec celui des Grecs. La troisième Epître aux Corinthiens, apocryphe, sont rejetées et en supplément des quatorze épîtres de Paul (y compris les Hébreux, L'épître de Paul à Philémon), les trois plus longues épîtres Catholiques (Jacques, 1 Pierre, 1 Jean) furent inclus. Les quatre épîtres catholiques les plus courtes (2 Pierre, 2 et 3 Jean, et Jude) et l'apocalypse sont absentes de la version Syriaque du Peshitta, et ainsi du canon Syriaque, lequel contient 22 Livres. [Metzger, The Canon Of The New Testament: Its Origin, Significance & Development, Op.Cit, p.219]

 

 

Le Peshitta est de nos jours suivi par les chrétiens de Kerala (Inde), à titre d'exemple. [Ibid, p.220]

 

 

Le Canon Ethiopien

 

 

C'est le canon le plus large de tous les canons bibliques (81 livres)

 

L'ancien Testament comprends outre, le canon de la Bible Hébraïque, le livre des Jubilés, I Enoch, Les Paralipomènes de Baruch, le Josippon ; la  chronique de l'histoire juive populaire, s'étendant d'Adam à l'époque de Titus, attribuée à Joseph ben Gorion, l'Ascension d'Isaïe, la Psaume 151 le Pasteur d'Hermas, l'Apocalypse d'Esdras…. Les Deuxième et Troisième livres des Maccabées' sont mélangés. Les textes de ces trois livres sont très éloignés de ceux de la Septante. En ce qui concerne le Nouveau Testament, il est composé de trente-cinq livres, huit textes additionnels se joignant aux habituels 27 ouvrages ; on retrouve en supplément des quatre évangiles, des quatorze épîtres de Paul des quatre épîtres catholiques et du livre de la révélation: Le Sinodos (Synodicon, un livre d'ordre d'église, une collection de prières et d'instructions à Clément de Rome.), Clément (Qalementos), un livre en sept parties, censé avoir été  communiqué par Pierre à Clément, le livre de l'engagement (deux parties, la première détaille les règles d'ordre de l'église, la seconde relie des instructions de Jésus indiquées aux disciples entre la résurrection et l'ascension semblable au Testamentum Domini), et le Didascalie (Didesqelya) (avec davantage de règles d'ordre d'églises, semblables aux constitutions apostoliques). [Metzger, Oxford Companion To The Bible, Op.Cit, p. 79]

 

 

Le Canon Arménien :

 


Le développement du Canon Arménien est assez complexe. Ceci parce que les informations disponibles sont loin d'être complètes et il n'y a pas de conception claire et consistante de la canonicité. Ceci est assez évident lorsque l'on inspecte les différents canons et recensions de la Bible Arménienne. Parmi les différents canons et recensions de la Bible Arménienne, l'on peut relever en particulier ceux de Anania Shirakatsi du 7ème siècle ap JC, Mkhitar Ayrevanetsi) du 13ème siècle ap JC ou encore ou Grigor Tat`evatsi du 14ème siècle ap JC. Parmi les ouvrages présents dans le canon arménien : les Morts des Prophètes, la Prière de Manassé, les Testaments des Patriarches, le Psaume 51, la Prière d'Asénath, la Vision d'Hénoch pour l'Ancien Testament ;  la Dormition de Jean, la 3ème Epître aux Corinthiens, Le Lectionnaire de Jacques, la Lettre de Juste, la Prédication de Pierre, Livres de Denys l'Aréopagite ….. pour le Nouveau Testament


Sources :


http://www.islamic-awareness.org/Bible/Text/BibleTex.html#Bible

http://www.islamic-awareness.org/Bible/Text/Canon/armenianlist.html

 


Nous nous retrouvons désormais devant la problématique suivante : "Si le Coran confirme la Bible, quel canon biblique confirme t-il ?" Telle est la question !

 

Indépendamment de tous ces petites incommodités, revenons à cette affirmation lancinante selon laquelle le Coran viendrait en confirmation des livres des juifs et des chrétiens, pour déclarer leur authenticité. Elle repose principalement sur la lecture de certains versets, indiquant que le Coran "confirme ce qui est entre leurs mains (Musaddiqan lima bayna yadayhi)".

 

 
Cependant, Moiz Amjad corrige le tir et précise le sens de ces versets :

 

Il peut être intéressant de noter que la phrase 'confirmer les écritures précédentes' (Arabe: "Musaddiqan lima bayna yadaihi") a généralement été utilisée dans le Coran comme une preuve de véracité de l'apostolat de Mohammed (pbasl), présentée aux Gens du Livre. Cependant, il est évident, que le seul fait que le Coran confirme l'origine divine des écritures précédentes n'est pas une preuve suffisante de la prophétie de Mohammed (pbasl). De ce fait, nous nous trouvons confronté à la question de savoir quelle est exactement la nature de la preuve pour la prophétie de Mohammed (pbasl), donnée dans les paroles: "confirmer les écritures précédentes"? Certains des commentateurs du Coran ont donné une réponse à cette question. Cependant, pour comprendre pleinement la réponse donnée par ces commentateurs, il est important de noter que le Coran a donné trois  différentes sortes de preuves pour prouver le caractère véridique de la Prophétie de Mohammad (pbasl) à ces trois différentes catégories d'auditeurs:


- La qualité du langage et le contenu du Coran sont présentés en guise de preuve pour Quraish et les groupes Arabes locaux de l'époque du Prophète (pbasl)


- Le Coran est dénué de toutes les déficiences humaines—comme le développement et l'évolution dans la pensée aussi bien que dans la présentation  de cette pensée—ce qui est présenté comme une preuve générale de l'origine divine du Coran


- Enfin, pour les Juifs et les Chrétiens de l'époque du Prophète (pbasl) le Coran  a prouvé la véracité de la prophétie et l'origine divine du Coran sur la base du fait que l'avènement du Prophète (pbasl) est une manifestation claire des prophéties et prédictions de la Bible concernant le dernier prophète


Ainsi, le Coran a admonesté les Juifs et les Chrétiens, de l'époque du Prophète (pbasl), du fait que puisque le Prophète (pbasl) est venu en vertu des prophéties et prédictions de leurs propres livres par conséquent, rejeter le Prophète (pbasl), dans ces circonstances, reviendrait à rejeter leurs propres livres.


C'est dans cette approche que ces commentateurs ont interprété les versets comportant ladite phrase. Par exemple, Al-Razi, dans son commentaire "Al-Tafsîr al-Kabîr", en expliquant la phrase en question en Al-Baqarah 2: 41, écrit:


Il y a des prophéties concernant Mohammed (pbas) aussi bien dans le Coran que dans la Torah et l'Evangile. Ainsi, la croyance en [la prophétie de] Mohammed (pbuh) et en le Coran, effectivement, confirme la croyance en la Torah et l'Evangile....


Ibn Kathîr
, dans son commentaire "Tafsîr Ibn Kathîr", en expliquant ladite phrase, en Al-Baqarah 2: 41 écrit:


Abu Al-`aliyah
a dit que dans la phrase "croyez en cela (Le Coran) que J'ai révélé, qui confirme ce qui est avec vous (la Torah) ", Dieu dit: 'Ô Gens du Livre, croyez en ce que J'ai révélé à présent, qui confirme ce qui est avec vous, [le Coran confirme la Torah et l'Evangile] du fait des prophéties concernant Mohammed (pbuh), qu'ils [i.e. les Gens du Livre] trouvent écrites dans la Torah et l'Evangile. La même opinion est aussi attribuée à Mujahid, Al-Rabiy` et Qatadah.


Ainsi, examinée dans une perspective correcte, la phrase implique en fait que puisque la Torah et l'Evangile contiennent des prophéties de la venue du Prophète (pbuh) et la révélation du Coran, le Prophète (pbas) et le Coran ont effectivement "confirmé" ces prophéties de la Torah et l'Evangile. Il est évident que le mot "confirmation", en cette implication n'est en aucun moyen contradictoire à la "substitution" ou "l'abrogation
". (Moiz Amjad,  Source)


Et dans un autre article, il écrit...


Hamiduddin Al-Farahi, en expliquant la connotation de la phrase "Musaddiqan Lima baeyna Yadaihi" écrit:


Il faut savoir que le mot: "saddaqahu" (Il a confirmé ceci/l'a confirmé) a deux sens: Premièrement, 'attester ou témoigner de la véracité d'une personne ou d'une parole ';  et deuxièmement, 'le rendre/digne de confiance dans ses prévisions ou espérances".  Un poète Hamaasiy dit:


Je donne ma vie et tous mes biens pour les cavaliers qui ont prouvé que tous mes espoirs à leurs sujets étaient vrais.


Le Coran dit: "Et certes Iblis a rendu véridique sa conjecture à leur égard".


En gardant à l'esprit l'explication susmentionnée, quand vous considérez le contexte des versets du Coran en lequel cette phrase a été utilisée, vous noterez que la phrase a été utilisée dans le deuxième de ces deux implications. Car la Torah avait rendu témoignage du Prophète (Paix sur lui) et du Coran, par conséquent  l'avènement (du Prophète et du Coran)a prouvé que l'information donnée dans la Torah est véridique. Ainsi, maintenant si les Gens du Livre rejettent le Prophète (Paix sur lui) et le Coran, ceci équivaudrait en fait à un rejet de leurs propres livres. Cette implication [de ladite phrase] est également évidente du fait que Mohammed et Jésus (Paix sur lui) l'ont présenté comme une preuve de la véracité de leurs apostolats. Si la phrase avait impliqué un simple témoignage de la véracité de la Torah, quelle sorte de preuve cela aurai-il comporté pour leurs apostolats?


Si quelqu'un vous dit aujourd'hui: "Je croit en les prophètes anciens et je suis un Prophète comme eux", considérerez vous sa foi en les prophètes précédents comme une preuve de la véracité de son apostolat ? En ce qui concerne le contexte où cette phrase est utilisée, considérez [par exemple, Al-Baqarah 2: 101] où Dieu dit: " Et quand leur vint de Dieu un messager confirmant [les prophéties de] ce qu'il y avait déjà avec eux, un groupe de ceux à qui le Livre avait été donné, jetèrent leurs livres derrière leurs dos [en n'apportant pas foi en le Prophète qui est venu comme manifestation des prophéties de leurs livres] comme si [c'était quelque chose] qu'ils ne connaissaient pas." Ceci implique que quand Mohammed (paix sur lui) vint selon ce qui était écrit dans leurs livres, ils ont tourné leurs dos et jetèrent leurs livres  et le rejetèrent comme si ils ne savaient pas. Et immédiatement avant ce verset, le Coran avait dit: " Faudrait-il chaque fois qu'ils concluent un pacte, qu'une partie d'entre eux le dénonce ? C'est que plutôt la plupart d'entre eux ne sont pas croyants."Ainsi, le Coran a dit que après que l'un de vos groupes avait promis de croire en le Prophète (paix sur lui), comment pouvez vous violez cette promesse et le rejetez. Vous êtes des gens dénués de foi. Le Coran a mentionné cette promesse des Gens du Livre dans Sourate Al Imran, qui relate de croire en un Prophète, qui a été décrit avec les qualités de Mohammed (paix sur lui). (Moiz Amjad, Source)

 

Supposez que je dise: "Jacques deviendra un docteur renommé dans cinq ans." Ensuite, quand Jacques est devenu un médecin célèbre dans le temps impartit, ladite déclaration/prédiction s'avérera correcte et l'on pourra dire que "Jacques a prouvé que j'étais correct" ou que "Jacques a confirmé ma prédiction". C'est avec précision l'implication de l'expression mentionnée dans le Coran.

 

Continuons avec la partie 2




02/08/2008
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