Le Hadîth de la fièvre comme une émanation de l'Enfer




Certaines personnes font parfois référence au Hadîth suivant et le tournent en dérision.

 

 

D'après Ibn `Umar (qu'Allah soit satisfait de lui), le Prophète (pbAsl) a dit: "La fièvre provient d'une émanation de la Géhenne; calmez-en l'ardeur avec de l'eau".

 

 

Source : http://hadith.al-islam.com/Bayan/Display.asp?ID=1272&Lang=frn

 

 

 
Ils font valoir qu'au regard de ce que la science moderne a établit, la fièvre ne provient pas du feu de l'enfer.

 



Ibn Hajar écrit en commentaire de ce Hadîth:

 


Il y a une différence d'opinion concernant sa relation avec l'Enfer. Il a été dit que la relation est littérale. Par conséquent, la chaleur ressentie par celui qui souffrent d'une fièvre est une partie de l'Enfer, que Dieu a manifesté à travers des moyens qu'Il a mesuré de façon à ce que les esclaves tiennent compte de cette leçon.

 


Similairement, les sortes de ravissement et d'allégresse sont des parties des délices du Paradis et Dieu les manifeste en cette vie comme une leçon et un rappel. Il fut aussi dit que ce Hadîth est une figure de style. Ainsi, en ce cas, ceci signifierait que la chaleur de la fièvre est similaire à la chaleur de l'enfer. (cf. Fath ul-bârî)

 

 


De ce point de vue, la réponse à cette critique est classiquement la suivante :

 



"Ceci est une question relative à l'invisible, c'est-à-dire, qui se situe au-delà de l'analyse scientifique, et nous ne savons pas comment Dieu permet au feu de l'enfer de causer la fièvre aux gens sur Terre, mais nous savons qu'Il est capable de le faire."

 


Sinon, il est aussi plausible que cette Tradition soit à prendre au sens figuré et ce en raison d'une particularité de l'idiome arabe.

 

 

De même, des savants ont eu recours à la ta'wîl à propos du Hadîth : "Le Syr-daria, l'Amou-daria, l'Euphrate et le Nil sont des fleuves du Paradis" (rapporté par al-Bukhârî et Muslim – "Sayhân" et "Jayhân" ont été traduits ici selon ce qu'en a dit 'Iyâdh). La donnée formelle de la raison est constituée ici du fait que l'observation (al-mushâhada) établit qu'il s'agit bien de fleuves terrestres, faits d'éléments terrestres. De l'autre côté, le texte du Hadîth n'indique pas l'origine paradisiaque de ces fleuves de façon formelle, car en langue arabe, on dit parfois de certaines choses très bénies qu'elles sont d'origine paradisiaque, comme on dit de certains choses très pénibles qu'elles sont une partie de l'enfer. Les interprétations suivantes ont donc été formulées par certains savants : "Ces fleuves sont pleins de bien, tout comme le sont les fleuves du paradis" ; "Les contrées dans lesquelles coulent ces fleuves auront majoritairement comme habitants des gens destinés à entrer après leur mort dans le paradis".

 

 

Ibn Hazm lui-même, pourtant savant réputé pour son littéralisme, a eu recours à la ta'wîl au sujet des deux Hadîths que nous avons cités, disant que les données coraniques et la nécessité de l'observation ("dharûrat al-hiss") prouvaient que ces textes – comme d'autres qu'il a cités – ne sont pas à comprendre dans leur sens apparent (al-Muhallâ, point n° 919).

 

 

D'autres Hadîths ont également été interprétés par "ta'wîl". Les savants des premiers siècles eux-mêmes ont eu recours à ce genre d'interprétation (ce qui est le signe que le texte de ces Hadîths permettait sans "forcer" une telle interprétation et que la donnée de la raison demandant ce recours au sens allégorique était formelle). Voici quelques-uns de ces textes :

 

- "Lorsque l'un d'entre vous se réveille puis fait le woudhoû, qu'il se mouche trois fois, car le diable passe la nuit sur ses fosses nasales" (rapporté par al-Bukhârî, n° 3121) ; Shâh Waliyyullâh en a proposé cette ta'wîl : "l'accumulation de sécrétions dans les fosses nasales au cours du sommeil est cause de manque d'éveil chez la personne, ce qui fait que les suggestions – waswassa – du diable ont plus de prise sur elle et que le diable peut plus facilement l'empêcher de penser à Dieu" (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 p. 500) ;

 

- "Lorsque l'un d'entre vous baille, qu'il mette sa main devant sa bouche, sinon le diable entre" (rapporté par Muslim, n° 2995) ; Shâh Waliyyullâh en a proposé cette ta'wîl : "sinon le diable pousse une bestiole à y entrer" (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 2 p. 541) ; voir également l'explication générale qu'a donnée Shâh Waliyyullâh à propos de l'attribution, dans des Hadîths, de certains actes physiques au diable (Hujjat ullâh il-bâligha, tome 1 pp. 282-284) ;

 

- "La datte 'ajwa est du paradis" (rapporté par at-Tirmidhî, n° 2066) ; "La fièvre provient du brasier de l'enfer…" (rapporté par al-Bukhârî, n° 3088, et Muslim, n° 2209) ; "Le voyage est un morceau du châtiment" (rapporté par al-Bukhârî, n° 1710, et Muslim, n° 1927)...

 

Source : http://www.maison-islam.com/article.php?id=256

 

 

 

L'une des personnes ayant apporté un regard critique sur ce Hadîth est le chirurgien Maurice Bucaille dans son célèbre, "La Bible, le Coran et la Science".



On souscrit difficilement de nos jours à certaines explications données sur quelques sujets concernant la pathologie. Relevons parmi celles-ci :

 

— l'origine de la fièvre : quatre témoignages authentifient l'affirmation selon laquelle "la fièvre provient du brasier de l'Enfer" (Livre de la Médecine, chapitre 28) (Maurice Bucaille, "La Bible, le Coran et la Science", Paris, Seghers, p. 421)

 


Ce qui est étrange car M. Bucaille dit pourtant précédemment dans le même livre et ce, à juste titre:



Le Coran mentionne à plusieurs reprises le ciel le plus proche et les corps célestes qui le constituent, au premier rang desquels, semble-t-il, comme on vient de le voir, les planètes. Mais lorsqu'il associe à des notions matérielles qui sont accessibles à notre entendement, éclairés que nous sommes aujourd'hui par la science moderne, des considérations d'ordre purement spirituel, le sens devient très obscur (…) Mention en a été faite ici pour être complet, mais Toutes ces considérations semblent se situer en dehors du sujet de cette étude.il ne semble pas que les données scientifiques puissent apporter, dans l'état actuel des choses, quelque lumière sur un sujet qui dépasse la compréhension humaine.
(Ibid, p.277-278)



Moussa Youssouf




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30/05/2008
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