Le meurtre de Kaab ibn Al-Achraf



Certaines personnes tentent de déprécier le Prophète de l'Islam (sws) en faisant valoir qu'il a ordonné la mise à mort d'un notable juif médinois, Kaab Ibn al-Ashraf, des Banû An-Nadîr. Ils citent notamment le hadîth suivant :

 

Sahih Muslim 3359.
D'après Jâbir Ibn 'Abdillâh (que Dieu l'agrée), l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : "Qui me débarrassera de Ka`b Ibn Al-'Achraf qui a mal agi envers Dieu et Son Envoyé?". Muhammad Ibn Maslama répondit : "Ô Envoyé de Dieu, veux-tu que je le tue?". - "Certes oui", répliqua le Prophète. - "Permets-moi alors de médire de toi devant lui". - "Dis ce que tu voudras". Muhammad Ibn Maslama alla trouver Ka`b et lui dit : "Cet homme (le Prophète) veut nous imposer de l'aumône légale qui dépasse nos moyens". - "Il vous demande encore cela?", dit Ka`b, par Dieu, vous serez encore plus ennuyés de lui que vous l'êtes". - "Nous venons de le suivre et nous ne voulons pas le quitter avant de voir jusqu'où il nous mènera. Ainsi, je viens te demander de me prêter". - "Que me donneras-tu en gage?". - "Que veux-tu que je te donne?". - "Vos femmes!". - "Comment pourrions-nous te donner nos femmes en gage à toi qui es le plus bel homme des Arabes?". - "Eh bien! Vos fils". - "Comment pourrions-nous te donner, nos fils en gage? On pourrait leur reprocher qu'ils avaient été donnés en gage pour deux charges de dattes et ce serait une honte pour nous. Nous te donnerons plutôt nos armes en gage". Muhammad Ibn Mas'oûd prit alors rendez-vous avec Ka`b et lui promit qu'Al-Hârith, Abou `Abs Ibn Jabr et `Ubad Ibn Bichr l'accompagneraient. La nuit les quatre hommes allèrent trouver Ka`b. Sufyân dit : Un autre transmetteur que `Amr rapporte que la femme de Ka`b lui a dit : "Il me semble entendre un bruit comme celui de la voix d'un meurtrier". - "Ne t'en fais pas, lui répondit son mari, c'est Muhammad ibn Maslama, son frère de lait et Abou Nâ'ila. L'homme généreux répond à l'appel au secours fait de nuit, même si c'était au prix de sa vie". Muhammad dit à ses compagnons : "Quand il viendra, je m'approcherai de lui et lorsque je tiendrai bien sa tête entre mes mains, frappez-le". Lorsque Ka`b descendit, en portant son arme, on lui dit : "Nous sentons une très belle odeur!" - "Oui, répondit-il, ma femme est la plus parfumée des femmes arabes". Muhammad lui dit ensuite : "Me permets-tu de sentir?". - "Oui", répliqua Ka`b. Après que Muhammad ait senti l'odeur, il lui dit : "Me permets -tu de la sentir encore une fois?". Et comme il disait cela, il tint la tête de Ka`b entre ses mains en s'écriant à ses compagnons : "Il est à vous!". Et, ils le tuèrent.


Dans ce hadith, mal agir envers Dieu et Son Envoyé ne signifie pas simplement que Ka'b n'a pas voulu devenir musulman, ou bien qu'il insultait simplement le Prophète (sws). Ce n'est pas cette raison qu'il fut mis à mort.


En fait, il ne se suffisait pas des insultes du Prophète (sws) et des compagnons, mais il incitait les polythéistes de la Mecque contre les musulmans et se moquait des femmes des musulmans.


Le hadith suivant démontre bien l'intention de Kaab :

Ka'b ibn Malik dit : Kaab ibn Al-Achraf faisait la satire du Prophète (sws) et incitait les mécréants de Qouraych contre lui. Et lorsque le Prophète (sws) avait émigré à Médine, il l'a trouva mélangé de musulmans, d'associateurs adorant les statuts et les juifs nuisaient au Prophète (sws) et à ses compagnons. Alors Dieu a ordonné à Son Prophète de patienter et de pardonner, et c'est à ce sujet que fut révélé le verset :

3.186
Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes; et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et de la part des Associateurs, beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux...voilà bien la meilleure résolution à prendre.

Puis lorsque Kaab ibn Al-Achraf a refusé d'arrêter de nuire au Prophète (sws), le Prophète (sws) a envoyé Sa'd ibn Mou'adh qui appela Muhammad Ibn Maslama pour l'exécuter.

Sunan Abi Dawud 2606. Authentifié par Al-Albany, voir Sahih Abi Dawud 2593.


Abdallah ibn K'ab ibn Malik dit : Kaab ibn Al-Achraf était un poète juif qui faisait la satire du Prophète (sws) et incitait les mécréants de Qouraych contre lui dans ses poèmes. Authentifié par Ibn Hajar al-'Asqalani, al-'Ajab, tome 1 page 356.



Ibn Hajar dit :

Sa parole : "qui a mal agi envers Dieu et Son Envoyé?" Dans la version rapporté par Muhamamd ibn Mahmoud ibn Mousalam selon Jabir chez al-Hakam dans al-Aklil, il est dit : "Il a agit mal envers nous avec ses poèmes et a fortifié les associateurs". Ibn 'Ayd rapporte selon al-Kalbi que Kaab ibn Al-Achraf a pris l'engagement des associateurs de la Mecque en les faisant jurer à côté de la Kaaba de tuer les musulmans. Commentaire d'ibn hajar al-'Asqalani, tome 7 page 336.



An-Nawawi dit :

Al-Imam al-Maziri a dit : Il (Kaab ibn Al-Achraf) a été tué ainsi parce qu'il a rompu le pacte avec le Prophète (sws), la satiré et insulté, et il lui avait promis de n'inciter personne contre lui, puis il est venu avec les gens de la guerre contre lui. Commentaire du Sahih Muslim par An-Nawawi, numéro 3359.



At-Tabari dit :

D'autres ont dit que ce verset (3.186) est descendu à propos de Kaab ibn Al-Achraf, et qu'il faisait la satire du Prophète (sws) et se moquait des femmes des musulmans. Tafsir At-Tabari sourate 3.186



Al-Qurtubi dit :

Al-Zuhri a dit : Ce verset (3.186) est descendu à propos de Kaab ibn Al-Achraf, il était un poète, et se faisait la satire du Prophète (sws) et de ses compagnons, et il provoquait les les mécréants de Quraych contre lui, et il insultait les femmes des musulmans, jusqu'au jour où le Prophète (sws) lui a envoyé Muhammad Ibn Maslama et ses compagnons pour lui tuer comme ceci est rapporté dans la Sira et dans le hadith. Tafsir al-Qurtubi sourate 3.186



Al-Chawkani dit :

Ibn Jarir, Ibn Abi Hatam et ibn al-Mounthar ont rapporté que selon Al-Zuhri, ce verset  (3.186) concernait Kaab ibn Al-Achraf qui incitait les associateurs contre le Prophète (sws) et ses compagnons, à travers ses poèmes. Tafsir al-Chawkani, sourate 3.186




Cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfawri dit :

Kaab ibn Al-Achraf faisait partie des juifs les plus hostiles à l'Islam et aux musulmans, de ceux qui maltraitaient le plus le Messager d'Allah (sws) et appelaient ouvertement à la nécessité de le combattre. Il se réclamait de la tribu de Tay, elle-même faisant partie des Bani Nabhan. Sa mère se réclamait de Bani An-Nadir. Kaab était riche, aisé, connu des arabes pour sa beauté et en outre un poète. Sa forteresse était situé au Sud-Est de Médine à l'arrière plan de la demeure des Banu An-Nadir. Lorsque lui parvinrent les premières nouvelles de la victoire des musulmans et de la tuerie des héros de Qouraych à la bataille de Badr, il dit : "Est-ce vrai cela? Ceux-là sont les nobles et les rois des arabes! Par Allah! si c'est vrai que Muhammad les a tués l'intérieur de la terre est bien meilleur que son extérieur". Lorsqu'il eut confirmation des nouvelles qu'il avait reçues, l'ennemi d'Allah commença à satiriser les musulmans, à louer leurs ennemis, les montant contre eux. Non content de cela, il enfourcha son cheval et alla trouver les Qouraychites. A l'occasion il descendit chez Al-Mouttalib et ibn Abi Waddah As-Sahmi et se mit à chanter des poèmes dans lesquels il pleurait les associateurs tués, et jetés dans le ravin de manière à susciter l'irritation, et à rendre plus aiguë la haine ressentie à l'égard du prophète (sws) et à appeler les Qouraychites à le combattre. A la Mecque, Abou Soufyan et les associateurs l'interrogèrent en ces termes : "Préfères-tu notre religion ou celle de Mohammad et de ses compagnons? Laquelle de ces deux religion détient la vérité?" Il répondit : "votre religion est meilleure et plus droite que la leur". Dans ce cadre, Allah le Très Haut révéla :
"N'as-tu pas vu ceux qui ont reçu une partie de l'Ecriture s'obstiner à croire en la magie et aux idoles des infidèles, et dire, parlant des associateurs : "Ceux-ci suivent une voie plus sûre que celle des croyants!" (4.51).
De retour à Médine, Kaab se mit à chanter la beauté des femmes des compagnons et à blesser grièvement leur pudeur par sa langue. Alors le Messager d'Allah (sws) dit : "Qui va s'occuper de Kaab Al-Achraf? Il offense Allah et son Messager!". Le Nectar Cacheté, la Biographie du Prophète (sws), Cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfawri, Edition Daroussalam, page 330-331.



Ainsi, Ka'b avait :


- Insulté le Prophète (sws) et ses compagnons


- Insulté les femmes des musulmans



Note
: On remarquera aussi que Ka'b avait proposé en échange de son aide d'avoir à sa disposition les femmes des musulmans :



Ainsi, je viens te demander de me prêter". - "Que me donneras-tu en gage?". - "Que veux-tu que je te donne?". - "Vos femmes!". - "Comment pourrions-nous te donner nos femmes en gage à toi qui es le plus bel homme des Arabes?". - "Eh bien! Vos fils". - "Comment pourrions-nous te donner, nos fils en gage? On pourrait leur reprocher qu'ils avaient été donnés en gage pour deux charges de dattes et ce serait une honte pour nous. Nous te donnerons plutôt nos armes en gage




Un personnage tout à fait estimable donc....




Et l'on ne peut pas correctement dire que son crime n'était pas grand à cause du fait qu'il ne faisait que réciter des poésies, la poésie arabe peut être très influente, davantage que d'autres forme de poésie dans d'autres langues.  Philip K. Hitti note:



Sans doute aucun peuple au monde ne manifeste cette admiration enthousiaste pour l'expression littéraire et ne se trouve autant ému par la parole, parlée ou écrite, comme le sont les Arabes. Pratiquement aucune langue ne semble autant capable d'exercer une influence sur l'esprit que l'idiome Arabe. (Philip K. Hitti, History of the Arabs, 10th edition (Macmillan Press, 1970), p. 90 )


 


Quand aux poèmes sur les femmes, le biographe musulman Muhammad Haykal dit:

 

 

Le lecteur est peut-être au courant de la coutume et de l'éthique arabe dans ce domaine, et peuvent apprécier le courroux des musulmans face à ces allégations fausse à l'encontre de l"honneur de leurs femmes. (M. H. Haykal, The Life of Muhammad (North American Trust Publications, 1976), p. 244 )




Aussi, nous avons vu que Ka'b est même jusqu'à aller faire jurer les polythéistes de tuer les musulmans.




Concernant la Taqqiya voir cet article :



Taqqiya : l'islam autorise la tromperie et la dissimulation?





08/04/2009
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