Le thème de l'influence Judéo/chrétienne





XI LE THEME DE L'INFLUENCE JUDEO/CHRETIENNE

 

Par Muhammad Mohar Alî (traduction)

 

 

Extrait du Livre, The Biography of the Prophet and the Orientalists.

Chapitre III. Les prétendus exemples de contacts avec les experts judéo/chrétiens (p.267-268)

 

 

 



Les Orientalistes mentionnent avec insistance deux voyages bien connus que le Prophète effectua en Syrie, l'un en compagnie de son oncle à l'âge d'environ douze ans, et à nouveau, en tant que chef d'une caravane de Khadîdja, à environ 25 ans d'âge. Lors de ces deux occasions, il est dit qu'il a rencontré un moine Chrétien, Bahîra, la première fois et Nestorius, la seconde fois. Comme nous l'avons déjà signalé, des doutes et des improbabilités entourent ces traditions et les Orientalistes eux-mêmes, Muir en particulier, rejettent ces histoires, en tant que "puériles". Pourtant, il suppose que Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam, "ne perdit pas l'occasion de s'enquérir des pratiques et doctrines des Chrétiens Syriens ou de converser avec les moines et clercs qui croisèrent sa route". Une assertion similaire mais exagérée est formulée par Margoliouth ; tandis que Watt souscrit également à cette opinion, en disant :"Muhammad avait vraisemblablement développé quelques contacts avec des Chrétiens durant ces voyages en Syrie". *

 

* Watt, Muhammad's Mecca, p.36

 

Il doit être souligné que ces voyages de commerces étaient effectués en un territoire majoritairement sinon entièrement chrétien. Par conséquent, il n'est pas question d'une absence de contact avec des chrétiens. Ce qu'il est nécessaire de noter c'est qu'il n'y a pas de référence, quelle qu'elle soit, dans les sources indiquant que le Prophète ait profité de ce voyage pour se renseigner sur le Christianisme auprès d'aucun moine particulier ou d'aucun individu d'obédience chrétienne. Même les récits douteux des rencontres avec Bahîra et Nestorius parlent seulement d'investigations et d'opinons de leurs parts et non pas du Prophète lui-même. Aussi, lors de la rencontre avec Bahîra, le Prophète était un simple petit garçon et par conséquent peu enclin à s'engager dans une discussion sérieuse. La nature de ces voyages ne pouvait pas lui offrir le loisir de se livrer à des exercices d'apprentissage. Si il avait eu des contacts à des fins d'apprentissage, cela ne serait pas resté inaperçu aux yeux d'autres éminents leaders de La Mecque qui l'avaient accompagnés lors de ces deux voyages et qui, subséquemment, s'opposèrent à lui. Encore, nous apprenons du texte coranique que les leaders dénégateurs de Quraysh accusaient seulement le Prophète d'avoir prétendument reçu une instruction de la part d'un étranger qui se trouvait à Makkah et en supplément alléguèrent qu'un groupe de personnes, également citadins de Makka, composèrent prétendument pour lui le texte de la révélation et lui récitèrent matin et soir. Si Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam, avait pris contact durant ses voyages de commerce en Syrie, avec n'importe quel moine ou laïc pour obtenir des informations ou même pour une simple discussion, ses opposants de Quraysh dont beaucoup l'avaient accompagné n'aurait pas manqué, [plus tard], de l'attaquer sur ce point. Qu'une telle allégation n'ait pas été formulée par eux constitue une preuve péremptoire qu'il n'a pas été cherché telle ou telle information de quiconque durant ses voyages de commerce en Syrie.

 


Le second prétendu exemple est la tradition relative à Quss Ibn Sâ'ida à laquelle Muir se réfère explicitement et Margoliouth y fait une allusion implicite. Il est y dit que le Prophète entendit Quss prêcher à la foire d'Ukâz*. Cette tradition est à l'unanimité considérée comme fausse **. L'un de ses rapporteurs, Muhammad Ibn al-Hallâj al-Lakhmî est condamné de façon établie comme étant un menteur (kadhdhâb) ***. Et même selon ce récit fabriqué, le Prophète était seulement l'un des membres de l'audience et il ne chercha aucunement à s'enquérir en particulier auprès dudit l'orateur. Les Orientalistes usent de cette histoire sans faire mention de sa faiblesse et de son caractère douteux.

 


* La Tradition est rapportée dans un certain nombre d'ouvrages. Voir par exemple, 'Abû al-Qâsim Sulaymân Ibn Ahmad At-Tabarânî, al-Mu'jam al-Kabîr (ed. Abd' al-Majîd al-Salafî), Vol. XII, 88-89, Nûr al-Dîn al-Hythâmi, Majma al-Zawâ'id wa Manba' al-Fawâ'id Vol IX, Beyrouth, 1986/1406, p. 421-442, al-Bayhaqî, Dalâ'il al-Nubuwwah, Vol I, 453,454-455 et 457-465.

 


** Voir par exemple, 'Abû al-Faraj Ibn al-Jawzi, Al-Mawdû'ât, Vol I, 213-214, Al-Suyûtî, Al-La'âli al-Masnû'ah, Vol I, p. 186-192, 'Abû al-Hasan 'Alî Ibn Muhammad Ibn 'Iraq al-Kanânî(907-963), Tanzî al-Sharî'ah al-Marfû'ah 'an Al-Ahâdîth al-Shanî'ah al-Mawdû'âh, Vol I, 3rd impressio, Beyrouth, 1981, p.241-243.

 


*** Voir par exemple, Al-Dhahabî, Mîzân al-'I'tidâl Fî Naqd al-Rijâl (ed. Alî Muhammad al-Bejjawî), Vol. III, no. 7351, p.509, Al-Isâbah, Vol. III, p.279-280 (no 7349).

 

 

 

Pareillement faible est "l'exemple" de Zayd Ibn Hâritha, radhia allâhou anhou de qui Muir fit une mention spéciale. Il doit être noté que Muir, avec tact, s'abstient de dire directement que Zayd ou ses parents étaient chrétiens mais aborde indirectement le sujet en disant que le christianisme a fait des progrès parmi les ancêtres de Zayd, puis suggère que Zayd, bien que petit garçon, lorsqu'il fut vendu comme esclave, a du s'être remémoré quelque chose du christianisme et a du avoir communiqué ces connaissances à son père adoptif, Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam. Rien ne pouvait être davantage "tiré par les cheveux" que cette déduction ; car quel que soit ce que le garçon Zayd avait pu avoir appris au sujet du Christianisme, et quel que ce soit, ce qu'il a été en mesure d'en retenir après son déracinement avec ce système durant un quart de siècle, cela s'avérerait être d'une utilité vraiment maigre pour un enquêteur ou un futur réformateur. En outre, si Zayd avait agit de quelque façon que ce soit, comme enseignant du Prophète, en matière de Christianisme, et que ce dernier avait plus tard inventé des doctrines sur la base de ce que Zayd lui enseigna du Christianisme, alors celui-ci n'aurait sans doute pas eu une telle foi en la mission de Muhammad, saws, et ne l'aurait pas suivi avec tant de dévotion jusqu'à mourir pour lui.

 


Pour ce qui est de l'exemple relatif à Waraqah Ibn Nawfal, une grande emphase a été faite par les Orientalistes. Il n'y a pas de doute que Khadîdja, radhia allâhou anha, emmena le Prophète peu de temps après sa réception de la première révélation, auprès de Waraqah pour consultation. Ce fait, comme il a déjà été souligné, démontre d'un coté que le Prophète n'entretint aucune intention ou ambition de jouer le rôle d'un Prophète. D'un autre coté, ceci montre que Waraqah considéra le Prophète comme sincère et sans intention douteuse. Si le Prophète avait reçu une éducation religieuse de la part de Waraqa, celui-ci aurait eu une opinion différente de lui. En fait, à l'exception de cette rencontre, il  n'y a pas d'indication dans les sources selon lesquelles le Prophète aurait précédemment consulté Waraqa sur aucun sujet, bien que dans ces circonstances, il est raisonnable de supposer que les deux protagonistes se connaissaient du fait qu'ils ne n'habitaient pas loin, l'un de l'autre (...) Si le Prophète avait pris l'habitude d'apprendre le Christianisme par l'intermédiaire de Waraqa, ceci aurait constitué un point plus que central, dans les attaques et critiques des leaders de Quraysh à l'encontre du Prophète.







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30/06/2008
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