Muhammad (sws) empoisonné donc faux Prophète (selon la Sunna) ?




Ceci est une continuation de l'article: Muhammad (sws) empoisonné donc faux Prophète (selon la Bible) ?


Une autre prétention de Facealislam est que l'enseignement du Prophète Muhammad (sws) relative à l'effet protecteur des dattes 'ajwa (à savoir "Celui qui prend sept dattes Ajwa le matin ne sera pas affecté par la magie ou le poison ce jour-là." Sahih al-Bukhari, Volume 7, Book 71, Number 671) est faux car les décès, respectivement du Prophète (sws) et du compagnon Bishr, (r.a.a) sont liés à l'empoisonnement provoqué par la consommation d'une brebis empoisonnée.

 

Facealislam produit plusieurs arguments. Nous vous laissons les lire sur sa page web, et ne reproduisons ici que la substance de son argumentation avant d'énoncer notre réponse. Facealislam conclut:

 


- Bishr en tant que shahaby de Mohammed, devait suivre ses conseils, et donc manger un nombre impair de dattes Ajwa par jour, pourtant Bishr en est mort, ce qui montre que les dattes Ajwa n'avaient aucun effet sur le poison.

 

 - Avant le jour de sa mort, Mohammed a gravement souffert du poison, ce qui prouve que les dattes Ajwa n'avaient pas d'effets, et que ce n'est pas simplement au moment du jour "J" que Mohammed a été affecté par le poison (car n'ayant plus selon Ahmed Simozrag consommé de dattes Ajwa).

 

- En plus de la protection contre le poison qu'est censée apporter les dattes Ajwa, elles procurent une protection contre la magie d'après Mohammed, pourtant ce dernier a été affecté par la magie, ce qui confirme que les dattes Ajwa n'ont pas les effets réclamés par Mohammed.

 


Il existe plusieurs éléments à indiquer. La première chose à préciser, c'est que rien ne prouve que la recommandation du Prophète Muhammad (sws) incitant à manger des dattes n'est pas postérieure à ces deux faits. Et dans ce cas son argumentation tombe à l'eau… Ensuite, quand bien même cette recommandation serait antérieure aux faits, il est fortement possible que le Prophète Muhammad (sws) et Bishr (r.a.a) aient oubliés (ou n'ait pu) de prendre les dattes le jour de l'empoisonnement, ainsi que le Prophète (sws) le jour où il fut ensorcelé. L'oubli fait partie intégrante des défauts de l'homme, et il est même dit que les musulmans oublient l'accomplissement de leurs prières :

 

Sahih Muslim 1102.

D'après Anas Ibn Mâlik (que Dieu l'agrée), le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : "Quiconque a oublié de faire une prière doit l'accomplir dès qu'il s'en souvient. Telle est l'unique manière de l'expier".

 

Si les compagnons du Prophète (sws) pouvaient oublier d'accomplir un acte obligatoire représentant le deuxième pilier de l'islam, alors ne parlons même pas du fait d'oublier de prendre des dattes. Il arrivait aussi que le Prophète (sws) lui-même oublie d'accomplir des prières surérogatoires:

 

Sahih Muslim 1378.

Quand Abou Salama interrogea 'Aïcha sur les deux rak'a que l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) avait l'habitude d'accomplir après la prière de 'asr (l'après-midi), elle répondit : "Il les faisait plutôt avant celle-ci, mais s'il arrive qu'il oublie leur accomplissement ou s'en trouve préoccupé par autre chose, il les faisait après cette prière; puis il continuait à les accomplir assidûment (avant la prière de 'asr), car quand il faisait une prière, il tenait à la pratiquer avec assiduité".

 

Puisque le Prophète (sws) avait l'habitude de manger des dattes, et qu'il avait aussi l'habitude de prier deux rak'a après le asr, s'il lui était possible d' oublier de célébrer des prières surérogatoires, à combien plus forte raison peut-il oublier de manger des dattes? Ainsi, le Prophète (sws) avait très bien pu oublier de prendre des dattes le jour de son empoisonnement ainsi que le jour où on l'a ensorcelé. Il en est de même pour Bishr. Ceci est indiscutablement plausible.


Ce n'est pas terminé, nous pouvons en dire d'avantages. Relisons ledit Hadîth  :

 

"Quiconque mange sept dattes 'Ajwah le matin, le poison et la sorcellerie ne lui nuiront pas ce jour-là"

 

Les mots utilisé pour désigner "ne lui nuiront pas" sont : "lam yadhourouhou" et non pas "lam yadhourouhou chay" qui signifient" ne lui nuiront EN RIEN". Il y a une différence entre ces deux expressions. La deuxième est utilisé dans des domaines tels que l'impossibilité absolue de nuire, avec certitude, dans des cas comme pour nuire à Dieu ou tenter d'égarer Son envoyé du droit chemin (3.144, 3.176, 3.177, 9.39, 11.57, 58.10). Ainsi, la protection apportée par les dattes n'est pas absolue et il n'y a pas d'impossibilité catégorique de nuisance. Lorsque le Prophète (sws) dit que ni la magie ni la sorcellerie ne pourront nous nuire, cela signifie que nous serons protégés contre ces deux maladies sans exclure des égratignures. Nous disposons d'un exemple, il s'agit de cette tradition suivant:

 

Sahih Muslim 2591.

 
D'après Ibn 'Abbâs (as), Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : Quand l'un de vous veut coucher avec sa femme, qu'il dit : "Au nom de Dieu! Seigneur! Protège-nous contre Satan et écarte-le de ce dont Tu nous as gratifiés". Si jamais un enfant est né de cette union, Satan ne lui nuira jamais.

 

Ici, encore une fois les mots qui sont utilisés sont "lam yadhourouhou abadan" et non pas "lam yadhourouhou chay abadan". Ainsi, le Prophète (sws) parle d'un type d'enfant auquel Satan ne nuira jamais, mais cela n'exclut pas que Satan puisse nous causer quelques malheurs, car Dieu dit que Satan est un ennemi déclaré pour tous (2.168, 2.208, 6.142, 7.22, 12.5, 17.53, 35.6, 36.60,43.62). Donc ici l'absence de nuisance est à comprendre comme le fait que Satan ne l'égarera pas de sorte qu'il l'orientera vers le kufr et l'emmènera en enfer.


Ainsi, quand bien même le Prophète (sws) aurait prit des dattes le jour de son empoisonnement ainsi que le jour où on l'a ensorcelé, le Hadîth indique simplement que les dattes empêcheront qu'il soit tué le jour même, sans exclure quelques dommages accessoires à d'autres moments.

 

Il s'agit donc simplement d'une protection globale, mais pas absolue. Et effectivement, le Prophète (sws) a pu le jour où il a été empoisonné, continuer à prier et à vivre normalement, ainsi que le jour où il a été ensorcelé, cela n'a eu que peu d'effet sur lui, ni ne l'a pas empêché de transmettre son message. Plus encore, le Prophète Muhammad (sws) continuait à jeûner régulièrement avec tous les efforts physiques qu'induisent la pratique du jeune (note : les malades ne sont pas contraints de jeûner durant le Ramadân (2.185-185)).

 

Aïcha, r.a.a rapporte: "Le Prophète de Dieu (la paix soit sur lui) avait l'habitude de compter les jours de Sha'ban d'une façon qu'il ne comptait pas tout autre mois, puis il jeûnait quand il apercevait la nouvelle lune du Ramadân, mais si le temps était nuageux, il comptait trente jours et ensuite jeûnait." (Sunnan Abû Dâoûd, Livre 13, Numéro 2318)

 

On sait encore que l'année de sa mort, le Prophète jeûnait durant le mois de Ramadân, cinq mois avant son décès. (rapporté par al-Bukhârî, n° 3426, Muslim, n° 2450)

 

À l'évidence, le poison n'a que très peu gêné le Prophète, sws, dans la suite de son apostolat, sans quoi il n'aurait pu accomplir cela, ni participer à des actions harassantes telles la prise de La Mecque ou le dur voyage vers Tabûk. La mort, liée à l'empoisonnement n'est rien d'autre que le facteur conférant la mort et le martyre, une fois sa mission achevée avec brio (Arabie quasi convertie, Islam sur le point d'être communiqué aux états avoisinants) et donc sa présence n'ayant plus lieu d'être, selon les dires d'Abdullâh Ibn Mas'ud: "Dieu a fait de lui un Prophète et a fait de lui un martyr." (Rapporté par Ahmad, n° 3617).

 

Précisons que le Prophète (sws) fut à l'avance informé qu'il décéderait prochainement, et ce même avant de tomber malade. Sheikh Abû 'Ala al-Mawdudî écrit dans son exégèse, Tahfîm al-Qu'ran:

 

Ibn `Abbâs dit que lorsque cette sourate fut révélée le Saint Prophète disait qu'il était informé de sa mort prochaine et que son heure approchait. (Musnad Ahmad, Ibn Jarîr, Ibn Al-Mundhir, Ibn Mardaweih). D'après les autres traditions rapportées de notre maître `Abdullâh Ibn `Abbâs, à la révélation de cette sourate, le Saint Prophète comprit qu'Allah l'informait de son départ de ce monde (Musnad Ahmad, Ibn Jarîr, Ibn Abî Hâtim, At-Tabarânî, An-Nasâ'î, Ibn Abî Hâtim, Ibn Mardaweih).

 

Ibn Kathîr écrit dans son Tafsîr : Ibn Oumar : Cette Sourate, Quand va venir de Dieu le secours victorieux, l'ouverture descendit sur l'Envoyé (ç) au milieu des journées d'at-Tachrîq. Il sut alors que c'étaient les adieux. Après quoi il tint un discours aux gens. Il avait prononcé son célèbre discours. Ibn Abbâs : A la descente de Quand va venir de Dieu le secours victorieux, l'ouverture, l'Envoyé (ç) appela Fâtima et lui dit : Le deuil de mon âme vient de m'être annoncé ». Alors elle pleura. (Tafsîr Ibn Kathîr, Beyrouth, Dar Al-Kotob Al-Ilmiyah, 2005,  p.1588)


Ajoutons à cela que lorsque le Messager de Dieu, sws, tomba malade, Gabriel, a.s vint lui proposer le dilemme suivant :

 

- être un grand Roi Terrestre.


- Rencontrer son Seigneur (donc mourir).

 

Le Prophète, sws, choisit la seconde option. (Rapporté par al-Bukhârî, n°80 et Ad-Darimi, n°79)

 

Bref, il est évident que sa mission achevée, selon le plan/la volonté de Dieu, le Prophète Muhammad, sws, devait rendre l'âme et cela en toute indépendance du poison. Celui-ci n'étant que le facteur conférant la mort et le martyr.

 

Quand à Bishr qui en est mort et qui n'a pas reçu de protection, cela signifie qu'il n'a pas prit de dattes ce jour-ci. En effet, ce n'est pas parce qu'il était le compagnon de Muhammad (sw) que forcément il accomplissait en permanence tous ce que son maître lui conseillait de faire !! Le Hadîth au sujet des dattes ne recèle pas d'obligation religieuse, d'injonction sur le plan cultuel mais constitue une simple information, un conseil. Il est établit que des compagnons du Prophète (sws) n'accomplissaient pas systématiquement la prière de la nuit (injonction cultuelle) :


Sahih Muslim 1294.


D'après 'Alî Ibn 'Abî Tâlib (que Dieu l'agrée), l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) se rendit de nuit à l'improviste chez Fâtima et lui, et leur demanda : "N'allez-vous pas faire la prière nocturne?". - "Ô Envoyé de Dieu, nos âmes sont entre les mains de Dieu, répondis-je; Si Il veut nous réveiller, Il nous réveillera". Sur ce, le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) s'en alla et je l'entendis dire en frappant sa cuisse : L'homme cependant, est de tous les êtres le plus  grand disputeur.

 

Abd Allah Ibn 'Amr Ibn al 'As, (que Dieu l'agrée) rapporte ces propos que lui avait adressés de l'envoyé de Dieu (paix sur lui) : "'Abd Allah, ne soit pas comme un tel et un tel qui passaient la nuit en prière et qui ont cessé cette pratique." Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim

 

Ainsi, certains compagnons n'accomplissait pas cette prière, surérogatoire certes, mais nettement plus importante que le fait de manger des dattes. Si des compagnons n'accomplissaient pas cette prière, à fortiori alors d'autres pouvaient ne pas appliquer le conseil du Prophète (sws) indiquant de manger des dattes.


De plus, qui dit que les dattes 'ajwa étaient disponibles pendant toute l'année ? La récolte de dattes intervient en automne, on peut en conserver pour quelques mois, mais rarement pour toute l'année. Donc, l'indisponibilité de dates est une cause plausible qu'il convient de retenir. La pauvreté en est une autre puisqu'il arrivait que dans la maisonnée du Prophète sws, on s'endorme le soir le ventre vide, sans avoir mangé de la journée.

 

Cheikh Abdel-Mouhsine Al-Quaassim écrit :

 

Parfois, deux mois passaient sans que le feu ne soit allumé dans les maisons de ses épouses, il dormait pendant plusieurs nuits consécutives en ayant faim et sa famille ne trouvait rien à manger pour le dîner. Omar ibn Al-Khattab (qu'Allah soit satisfait de lui) a dit : (J'ai vu le prophète (qu'Allah prie sur lui et le salue) se courber à cause de la faim, il ne trouvait même pas de vieilles DATTES sèches pour remplir son ventre) Rapporté par Mouslim.

 
Source:http://islamtoday.net/french/showme_french_discover.cfm.cfm?cat_id=6&sub_cat_id=2270

 


Exemple intéressant non ?

 


Sahîh Muslim, n° 3829


D'après Abou Hourayra (que Dieu l'agrée), un homme vint trouver l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) et lui dit : "J'ai très faim". Le Prophète envoya (demander) à l'une de ses femmes de quoi lui donner à manger, elle lui répondit : "Par Celui qui t'a envoyé par la Vérité, nous n'avons absolument rien sinon de l'eau". Comme il envoya (demander) à une autre, il reçut toujours la même réponse : "Je n'ai que l'eau". Il reçut cette même réponse de toutes ses femmes. Puis, le Prophète s'adressa aux fidèles : "Celui qui accordera l'hospitalité à cet homme cette nuit, Dieu lui fera miséricorde". Un homme des 'Ansâr se leva alors et dit : "Moi, Envoyé de Dieu". Puis il emmena l'homme dans sa demeure et dit à sa femme : "As-tu quelque chose à manger?" Elle lui répondit : "Nous n'avons rien autre que le souper de nos enfants". Il lui dit alors: "Occupe-les par un moyen quelconque, et quand notre hôte entrera, éteints la lumière et fais-le croire que nous mangeons et lorsqu'il commencera à manger éteints la lampe". Cet homme des 'Ansâr s'assit avec sa femme et l'hôte prit son repas. Le lendemain matin, quand l'homme des 'Ansâr alla trouver le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui), celui-ci lui dit : "Dieu a admiré la façon dont vous avez traité votre hôte cette nuit".

 

Aussi, on voyait que le Prophète (sws) pouvait, par pauvreté, ne pas avoir de dattes à sa disposition.



En somme :



- La prescription de manger des dattes peut être postérieure aux deux faits.

 

- Le Prophète (sws) ainsi que les compagnons oubliaient d'accomplir des prières obligatoires/surérogatoires, ce qui signifie que la possibilité que le Prophète (sws) et Bishr aient oublié de manger des dattes le jour de l'empoisonnement est fortement plausible.

 

- Les ahâdiths relatifs aux dattes 'ajwa indiquent clairement que c'est le matin qu'il faut consommer sept dattes. Ainsi, si un sahabi ne consommait pas sept dates, précisément le matin, il ne bénéficiait alors d'aucune protection le reste de la journée, selon les traditions susmentionnées.


- Rien ne prouve que le Prophète (sws) et Bishr aient eu des dattes 'awja à leurs dispositions.


- Enfin, même si le Prophète (sws) avait mangé sept dattes le matin, il n'en est pas mort le jour même, étant donné que la protection garantie par ses dattes est valable le reste de la journée et n'exclue pas des égratignures. Dans ce cas, Bishr qui en est mort, n'en a pas prit pour les raisons susmentionnées, ou tout simplement parce qu'il n'accomplissait pas cette recommandation (ou parce qu'il n'y avait pas de dattes).

 


Quoi qu'il en soit ces différentes explications possibles suffisent à balayer  l'allégation selon laquelle "les dattes Ajwa n'ont pas les effets réclamés par Mohammed".




Moussa Youssouf, Tounsidu20



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01/06/2008
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