Péché originel et rédemption: entre l'Ancien et le Nouveau Testament







Bien que Jésus-Christ (a.s) n'en est jamais fait une condition sine qua non de salut, loin s'en faut (les évangiles en témoignent souverainement), beaucoup de chrétiens nous disent que sans accepter son "sacrifice" sur la croix, l'on ne peut être sauvé et entrer au paradis. 



Étant donné que le Nouveau Testament reprend fréquemment l'Ancien à son compte, nous avons cru bon d'évaluer le degré de crédibilité de cette croyance au regard de la loi et des prophètes. Pour ce faire, laissons la parole au docte juif, Rabbi Tovia Singer, dans un premier temps.





(...) les missionnaires clament que le versement de sang en guise de sacrifice est le seul moyen d'expiation des péchés et ils insistent sur le fait qu'un homme ne peut pas être pardonné sans que le sang ne soit versé. Ils nous disent que la Bible énonce que le sang de l'expiation peut seul expier le péché. Les chrétiens évangélistes ne cessent d'affirmer que depuis dix-neuf siècles, depuis la destruction du second Temple en 70 après JC, les Juifs n'ont pu disposer de l'indispensable système de sacrifice des animaux pour l'expiation.  En conséquence, affirment-ils, Dieu doit leur avoir fourni un autre procédé expiation de sang à la place du sacrifice animal de jadis. Ce sacrifice, insistent-ils, c'est la mort de Jésus sur la croix. Pour appuyer leur affirmation que l'expiation ne peut se faire qu'au travers du versement de sang, les missionnaires citent Lévitique 17 :11, qui lit :


Oui, la vie de la chair est dans le sang. Ce sang, je vous l'ai donné, moi, pour faire sur l'autel le rite d'expiation pour vos vies ; car c'est le sang qui expie pour une vie.



Ils concluent sur la base de ce verset que le seul espoir pour un homme pour que ses péchés soit pardonnés est de croire en le sang versé sur la croix. En réponse à cet argument, j'ai expliqué qu'au contraire de ce que les missionnaires clament comme quoi le sacrifice de sang est la seule méthode d'expiation dans la Bible, il y a trois méthodes d'expiation clairement définies dans les Écritures Judaïques : le sacrifice, la repentance et la charité. De plus, le sacrifice pour expier les péchés (connu dans les écritures Hébraïques en tant que korban chatat) n'expie pas tous les types de péchés, mais seulement les iniquités les plus insignifiantes des hommes : les péchés involontaires. Le sacrifice susmentionné ne permet en effet pas d'expier une transgression commise intentionnellement. Le pécheur effronté était exclue du sanctuaire et devait porter sa propre iniquité à cause de sa volonté rebelle de pécher contre Dieu. La Torah enseigne ce principe fondamental en Nombres 15 :27-31 :


Si c'est une seule personne qui a péché par inadvertance, elle offrira, en sacrifice pour le péché, un chevreau d'un an. Le prêtre fera devant Yahvé le rite d'expiation sur la personne qui s'est fourvoyée par ce péché d'inadvertance ; en accomplissant sur elle le rite d'expiation, il lui sera pardonné qu'il s'agisse d'un citoyen d'entre les Israélites ou d'un étranger en résidence parmi eux. Il n'y aura chez vous qu'une loi pour celui qui agit par inadvertance. Mais celui qui agit délibérément, qu'il soit citoyen ou étranger, c'est Yahvé qu'il outrage. Un tel individu sera retranché du milieu de son peuple: il a méprisé la parole de Yahvé et enfreint son commandement. Cet individu devra être supprimé, sa faute est en lui.



Votre question est excellente : "Si le sacrifice du péché était nécessaire dans le but d'expier le péché involontaire alors Jésus ne devait t-il pas mourir pour ceux des péchés commis involontairement ?"



La réponse à votre question est simple. Jésus ne pouvait mourir pour aucun péché, qu'ils furent commis intentionnellement ou accidentellement. Pour commencer, le peuple Juif se vit strictement interdire d'offrir des sacrifices humains à tout égard. Il n'y a pas de mention, à travers le corpus d'écritures judaïques où les sacrifices humains sont acceptés. En fait, encore et encore, la Bible prévient les Juifs que c'est un péché grave de sacrifier un humain. Dans le livre du Lévitique, il n'est permis de sacrifier que quelques espèces animales bien définies.



Les anciennes religions païennes promouvaient la même idée au sujet de l'expiation que la chrétienté continue à prêcher aujourd'hui (par exemple, Molek). Ils offrent la vie d'un enfant en sacrifice, en l'immolant pour expier leurs péchés et apaiser les dieux. Pourquoi est-ce un enfant qui est sacrifié dans ce rituel païen plutôt qu'un adulte ? La raison est qu'un enfant est innocent du péché. Un enfant, pensaient-ils, ne pouvait avoir commis d'iniquités, et donc ressemblait de façon imagée à l'animal du sacrifice qui devait également être sans taches. La Torah exhorte donc les enfants d'Israël à ne jamais offrir des sacrifices humains, et avertis le peuple juif des terribles conséquences si ce commandement était violé. Ce message fut soigneusement communiqué au Mt Moriah où Abraham se préparait à offrir son fils bien-aimé Isaac comme sacrifice. À ce moment de l'histoire quand Abraham était prêt à sacrifier Isaac, le Tout-Puissant l'admonesta, indiquant qu'il ne voulait pas de sacrifice humain, et ordonna à Abraham de sacrifier le bélier attrapé dans le fourré à la place. L'ordre du Tout-Puissant- qu'Il voulait seulement un sacrifice animal plutôt qu'un sacrifice humain- fut immédiatement compris. Cet enseignement ne s'est jamais écarté de l'esprit et de l'âme des fidèles de chez les enfants d'Israël.



De plus, si les missionnaires souhaitent utiliser Lévitique 17 :11 pour étayer leur idée que le sang des sacrifices est indispensable pour procurer une expiation, ils doivent utiliser l'ensemble du verset, non pas seulement une partie de lui. Lévitique 17 :11 dit spécifiquement que le sang du sacrifice "doit être placé sur l'autel pour expier vos âmes". C'est-à-dire que Lévitique 17 :11 énonce explicitement que le sang peut seulement être cause d'expiation si il est placé sur l'autel. Le sang de Jésus, cependant, ne fut jamais placé sur l'autel. Si l'Eglise considère littéralement la partie du "sang" de ce verset, ils doivent aussi considérer littéralement la partie de "l'autel" de ce verset. Le sang de Jésus ne fut jamais déversé sur l'autel, et par conséquent sa mort ne peut fournir d'expiation pour quiconque.



Enfin, les Prophètes ont très clairement expliqué au peuple Juif que la prière contrite du pécheur pénitent remplace le système du sacrifice. Conséquemment, l'expiation pour les péchés involontaires aujourd'hui est expiée au travers des supplications dévotionnelles au Miséricordieux.
 


En fait, dans Osée 3 :4-5, le Prophète annonce avec l'exactitude divine que la nation d'Israël n'aura pas de système sacrificiel durant le dernier segment de l'histoire Juive jusqu'à l'époque messianique. Osée 3 :4-5 lit :



Car, pendant de longs jours les enfants d'Israël resteront sans roi et sans chef, sans sacrifice et sans stèle, sans éphod et sans téraphim. Ensuite les enfants d'Israël reviendront; ils chercheront Yahvé leur Dieu, et David leur roi ; ils accourront en tremblant vers Yahvé et vers ses biens, dans la suite des jours.



Dans les propos bibliques, cette période de temps durera durant de nombreux jours. Cependant, malgré les affirmations répétées de l'Eglise que la crucifixion de Jésus sert de sacrifice expiatoire de péché aujourd'hui, les paroles d'Osée furent méticuleusement accomplies, et nous sommes dépourvus de système sacrificiel d'animaux aujourd'hui.


Les Prophètes n'ont jamais enseigné aux Juifs d'adorer aucun messie crucifié ou demi-dieu ; ni l'Ecriture ne nous dit qu'un homme innocent peut mourir en expiation pour les péchés des méchants. Un tel message est complètement antithétique aux enseignements des Ecritures Juives. Plutôt, ce sont les prières du pécheur qui deviendront les taureaux de l'offrande pour l'expiation du péché. Le Roi Salomon répète cette idée. Dans 1 Rois 8:46-50, le Roi Salomon délivre un incroyable message prophétique alors qu'il inaugure le premier Temple qui venait juste d'être achevé. Dans son inauguration, le Roi Salomon avertit qu'un jour le peuple Juif sera expulsé de la terre d'Israël, et bannit du pays de leurs ennemis. Durant leur exil, ils désireront ardemment se repentir de leurs péchés. Le Roi Salomon déclare ensuite qu'ils feront face à Jérusalem, confesseront leurs péchés, et "Et Dieu entendra leurs prières dans le ciel, et leur pardonnera toutes leurs transgressions."

  
Il n'y a pas de mention d'une croix ou d'un messie mort dans le message prophétique de Salomon. Seule la prière contrite et repentante du pécheur épris de remords peut apporter une expiation complète. Bien que le message intemporel du Roi Salomon soit irrecevable pour la théologie chrétienne, il n'en reste pas moins la pièce maitresse du système d'expiation des Juifs durant leur long et amer exil (...)




Source : http://www.outreachjudaism.org/jesusdeath.html






L'idée de pardon des péchés des fautifs en sacrifiant un innocent n'a donc aucun fondement dans l'Ancien Testament. Pour le "péché originel", laissons la parole au site jewsforjudaism:





Question: Est-ce que les Juifs croient en la doctrine du péché originel ?



Réponse: Les Juifs ne croient point en la doctrine du péché originel. C'est une croyance chrétienne basée sur la déclaration suivante de Paul : "C'est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché..." (Romains 5:12). Cette doctrine fut amplement développée subséquemment par le père de l'Eglise, Augustin d'Hippone (354-430).


Selon la susdite doctrine, le péché héréditaire est irrémédiablement transmis aux êtres humains par leurs parents, avec au commencement Adam et Eve. Il est allégué que seul le fait d'accepter et de croire en Jésus en tant que rédempteur peut sauver les gens et faire en sorte que le péché qu'ils portent soit pardonné. Quand à tous ceux qui n'acceptent pas Jésus comme sauveur pour leur péché, ils sont condamnés à souffrir éternellement en enfer.


Que l'homme soit naturellement pécheur ou non importe peu. Le Judaïsme enseigne la voie de repentir et de réconciliation avec Dieu, au regard de la Bible. Le repentir sincère dans lequel le pécheur s'engage à rectifier ses erreurs et de mener une vie juste est un moyen qui est ouvert à tout moment à l'ensemble de l'humanité (Jonas 3:5-10, Daniel 4:27). Dieu s'adresse à Caïn en ces termes : "Et l'Éternel dit à Caïn: Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu?  Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi: mais toi, domine sur lui". Dieu informe Caïn que la porte du repentir et subséquemment du pardon reste ouverte. Le remède pour les péchés est donc clair. L'amour et la tendresse du Dieu de la Bible dépend de la bonne conduite et est étendue à toute l'humanité.



Source: http://jewsforjudaism.org/index.php?option=com_content&task=view&id=97&Itemid=369





Il faut savoir que si la figure d'un demi-dieu mis à mort pour le pardon des péchés de l'humanité est étrangère à la Torah et aux prophètes, elle est en revanche familière aux mythes gréco-romains, en particulier celui de Promethée. Le chrétien Jacques Neyrinck fait le constat suivant:



Les Grecs, qui furent de remarquables ingénieurs, n'ont pas assumé leurs inventions avec sérénité. Pour eux, toute tentative de l'homme d'échapper à son destin se solde par des représailles divines. Une malédiction pèse sur la civilisation grecque, qui est au fond terriblement pessimiste. Les hommes sont confrontés à des dieux fondamentalement mauvais, pervers et versatiles, et la dignité de l'homme consiste à se révolter contre [c]es dieux. On pourrait commencer avec le Prométhée d'Eschyle et continuer jusqu'à L'Homme révolté de Camus. Il existe une continuité remarquable entre les deux. Ce mythe-là, qui est peut-être le mythe fondateur du christianisme, se situe complètement en dehors de l'islam, comme du reste il est en dehors du judaïsme. C'est tout à fait frappant. Si on considère Jésus en croix, dans l'interprétation classique il est broyé, il est sacrifié pour satisfaire la vengeance de son Père. Il se trouve dans la situation de Prométhée par rapport à Zeus, à la différence essentielle près qu'il ne se révolte pas mais consent à son supplice. Si l'on place en regard de cette image de crucifixion la découverte du Dieu unique, du Dieu qui est bon, du Dieu qui est miséricordieux, il est très clair qu'il y a une contradiction absolue. L'interprétation traditionnelle du sacrifice sanglant de la Croix, exigé par le Père en rançon du péché originel, est bien plus proche du mythe grec que de la découverte judaïque du monothéisme
(Peut-on vivre avec l'Islam, p. 156).




André Gaillard fait également dans son ouvrage Les mythes du christianisme le constat



Dans le culte de Mithra, culte qui était largement répandu dans le monde gréco-romain au début de l'ère chrétienne, le taurobole était un sacrifice expiatoire où l'on égorgeait un taureau dont le sang était ensuite répandu sur le prêtre officiant. Des dieux comme Attis dans les cultes dits "de salut" étaient également morts pour racheter l'humanité. Ils portaient les titres de Sauveur, de Libérateur, de Seigneur...Dans la tradition mythologique grecque, Agamemmon sacrifie aussi sa fille Iphigénie pour satisfaire Artémis. Le rite essentiel des mystères de Dionysos comportait le démembrement d'une victime vivante où s'incarnait la divinité, victime dont les initiés mangeaient ensuite la chair encore palpitante. Quand au christianisme, tout en condamnant sans appel les sacrifices dans l'Empire romain, il introduira celui de la Croix en tant que dernier des sacrifices, celui qui abolit tous les autres. p. 114


Fait particulièrement notable, plusieurs Pères de l'Eglise ont comparé la Rédemption et le mythe de Prométhée (selon Eschyle), la passion du Calvaire et le supplice du Caucase. Dans le mythe chrétien comme dans le mythe central de la religion grecque, le héros souffrant dans sa chair agit pour le bien de la pauvre humanité avec un parfait désintéressement. En outre, à cette totale abnégation, s'ajoute la plus grande lucidité: Dieu-le-Fils en s'incarnant, Prométhée en dérobant le feu du ciel pour l'apporter aux humains, connaissaient parfaitement l'un et l'autre le sort qui les attendait. Leur sacrifice est volontaire. Tertullien voyait dans Prométhée une préfiguration de l'Homme-Dieu. Il s'écrie en parlant du Christ: "Voici le véritable Prométhée, le Dieu tout puissant transpercé par le blasphème". "L'imagination chrétienne, écrit Louis Séchan, a même rêvé en dehors de la ressemblance des supplices subis dans l'intérêt des hommes, de concordances mystérieuses entre la passion du Titan et celle de Jésus.  Le bec de l'aigle meurtrissant son flanc lui rappelait le coup de lance qui avait percé le cœur du Sauveur. Les Océanides (cesnymphes, filles d'Océan), restées fidèles à son agonie, lui apparaissent  comme les figures lointaines des Saintes Femmes pleurant au pied de la Croix. La terre avait tremblé sous Prométhée comme sous le Christ expirant... Prométhée devient ainsi "le Sauveur qui se sacrifie lui-même pour ceux qu'il aime, conception sublime qui l'égale à tout ce que les religions de l'humanité ont proposé de plus grand à l'adoration de leurs fidèles. Ibidem, p. 118-119


La résurrection de Jésus après sa mort n'est pas sans analogie avec celles que l'on rencontre dans les traditions légendaires orientales, notamment celle d'Atis, d'Adonis, de Mithra et autres jeunes dieux, eux aussi morts et ressuscités. Ibidem, p. 123


A l'exemple de certaines communautés juives de Palestine telles que les Esséniens de Qumram révélés par les manuscrits de la Mer morte, où à l'instar de Jean-Baptiste, les premiers sectateurs de Jésus adoptèrent d'abord le baptême comme un rite banal de purification des péchés. Un tel rite existait également assez souvent dans les mystères païens, notamment dans celui de Mithra. Ibidem p; 184


Dans le culte de Mithra dont "la cène est si semblable à la cène chrétienne, écrit saint Justin, que les mauvais démons seuls ont pu l'inventer", on présentait aussi le pain et une coupe d'eau tandis que l'on disait des paroles assez semblables à "Ceci est mon corps; ceci est mon sang." Le pain et le breuvage sacrés auxquels communiaient les fidèles étaient également gage d'immortalité car Mithra, un dieu beau, jeune, brave pur et à morale austère était aussi, à l'instar de Jésus, un dieu-sauveur. Ibidem, p.190


Le concept du Dieu trinitaire était alors fixé dans sa perfection, perfection représentée souvent par le triangle équilatéral et sous-tendue par le chiffre trois, chiffre sacré par excellence pour les Anciens. "Tout est trois" affirme le poète Ion de Chios au Ve siècle avant J.-C, car "toutes choses ont un commencement, un milieu et une fin". Chez les Egyptiens, la Trinité était formée du Dieu Osiris, de la déesse Osis et d'Horus, leur enfant... Ibidem, p. 131





Egalement



(...)
Les Chrétiens ont voulu encore y voir des analogies avec la révolte de Satan, la chute d'Adam, et la rédemption de Jésus. Pour ce dernier rapprochement, Lactance et Tertullien s'appuient sur cette ressemblance qui existe entre Jésus et Prométhée, que tous deux se sont dévoués pour le bonheur du genre humain. Depuis le XVIe siècle, divers commentateurs d'Eschyle et des fables antiques ont présenté Prométhée comme le précurseur et l'image de Jésus; ce sont Garbitius, Stanley, l'abbé Banier, etc. Joseph de Maistre (Soirées de St-Pétersbourg) a suivi la même voie et expliqué le mythe de Prométhée en faveur des croyances catholiques
(...)


Source: http://www.cosmovisions.com/$Promethee.htm






En définitive, ni le péché originel, ni l'idée de rédemption par le sang d'un homme n'ont de substrat biblique. En professant de tels dogmes, le christianisme paulinien est davantage proche des cultes gréco-romains que du monothéisme mosaïque. Dont acte.



Moussa Youssouf



26/05/2009
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