Quel sort réserve le Christianisme aux hérétiques? (2/2)



Voici le deuxième épisode de notre article : Quel sort réserve le Christianisme aux hérétiques?


Paul dit qu'il faut fermer la bouche et reprendre sévèrement les hérétiques :

Tite 1
10 Il y a, en effet, surtout parmi les circoncis, beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs,
11 auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu'on ne doit pas enseigner.
12 L'un d'entre eux, leur propre prophète, a dit: Crétois toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux.
13 Ce témoignage est vrai. C'est pourquoi reprends-les sévèrement (apotomos), afin qu'ils aient une foi saine.


La définition du mot apotomos :
  
1.brusquement, précipitamment.
2.sévèrement, avec rigueur, d'une manière tranchante.

http://concordance.keo.in/strong_grec/strong-grec-664.html



Paul, en utilisant le même mot apotomos, indique que ce dernier à pour but de détruire :

2 Corinthiens 13.10 
C'est pourquoi j'écris ces choses étant absent, afin que, présent, je n'aie pas à user de rigueur (apotomos), selon l'autorité que le Seigneur m'a donnée pour l'édification et non pour la destruction.


On en déduit que Paul avait pour idée la destruction de ces gens rebelles.

Jean Chrysostome dit :

C'est pourquoi reprends-les vivement, afin « qu'ils soient sains en la foi ». Si l'apôtre parle en ces termes, c'est que dans leurs mœurs ils étaient impudents, fourbes, incorrigibles. Ils étaient rongés de mille vices. Aussi comme ils étaient prompts au mensonge, accoutumés à la fourberie, adonnés à leur ventre, plongés dans la paresse, il était besoin de paroles fortes et frappantes. Un tel caractère en effet ne peut pas être mené par la douceur. « C'est pourquoi reprends-les». Il ne s'agit pas ici de ceux qui sont étrangers à la foi, mais bien des fidèles. « Vivement », ajoute-t-il, c'est-à-dire frappe-les de coups qui fassent des blessures profondes. Il faut se comporter en effet, non pas de la même façon avec tous, mais de différentes manières, selon la diversité des circonstances. Nulle part en cet endroit il ne se -sert de douces exhortations. Car si en adressant de durs reproches à un homme d'un caractère tendre et noble, on le déchire, on le perd, en flattant celui qui a besoin d'être repris avec véhémence, on le corrompt, on l'empêche de se relever. « Afin », dit saint Paul, « qu'ils soient sains dans la foi ». Être sain, c'est n'avoir aucun élément impur, aucun élément étranger à notre nature. Que si ceux mêmes qui observent les prescriptions judaïques touchant les viandes, ne sont pas sains dans la foi, mais s'ils sont faibles et malades, « quant à celui qui est faible en la foi, «recevez-le et n'ayez point avec lui de contestations ni de disputes » (Rom. XIV, 1), que dira-t-on de ceux qui jeûnent avec les juifs, de ceux qui observent le sabbat, de ceux qui vont dans les lieux consacrés par les païens, qui se rendent à Daphné . dans la caverne de la Matrone; ou en Cilicie dans le sanctuaire dédié à Saturne? Comment ceux-là seraient-ils sains dans la foi'? C'est pour cela qu'il faut leur porter des coups sensibles. Pourquoi l'apôtre n'a-t-il pas la même conduite avec les Romains? C'est qu'ils n'avaient pas les mêmes moeurs et qu'ils avaient une meilleure nature. Jean Chrysostome, COMMENTAIRE SUR L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL A TITE. HOMÉLIE III, Tome XI, p. 405-435.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/tite/tite03.htm



Thomas d'Aquin dit :

Après avoir dit quelle sorte de gens étaient les Crétois, Paul indique ici le remède : I° Il indique celui de la correction; II° il apporte la raison de ce qu'il a dit (verset 15) : "Or, tout est pur [pour ceux qui sont purs]."

I° Sur le premier de ces points, il fait trois choses : I. il engage Tite à reprendre les Crétois; II. il explique quelle doit être la fin de la correction (verset 13) : "Afin qu'ils conservent la pureté de la foi;" III. Il indique le moyen légitime d'atteindre cette fin (verset 14) : "Et qu'ils ne s'arrêtent pas [à des fables], etc."

I. Il dit donc : Les Crétois sont de méchantes bêtes, à qui on ne doit que la verge et la correction; c'est pourquoi (verset 13), "reprenez-les fortement" (Proverbes VI, 23) : "La réprimande [qui retient dans la discipline] est la source de la vie;" (Psaume LXVII, 31) : "Réprimez ces bêtes sauvages qui habitent dans les roseaux."

On objecte qu'il est dit dans la IIe épître à Timothée, (IV, 12) : "En toute patience." Nous répondons qu'il y avait deux motifs à l'exhortation de l'Apôtre. Le premier du côté de ceux à qui elle s'adresse : les Crétois, en effet, étaient durs et entêtés, voilà pourquoi Paul ordonne de les reprendre durement. Il n'en était pas ainsi des Ephésiens, dont Timothée était l'archevêque. Le second du côté de ceux qui devaient faire la correction, car Tite était d'un caractère doux et porté à la mansuétude ; il est donc invité au sentiment quasi opposé ; Timothée au contraire était austère, aussi l'Apôtre l'exhorte à la patience. Commentaire de Thomas d'Aquin, Leçon 4 — Tite 1, IV, 13-16 : La pureté de la nourriture.




Paul dit encore :

Tite 2:15 
Dis ces choses, exhorte, et reprends, avec une pleine autorité. Que personne ne te méprise.


Les notes de la Bible de Geneve dit :

Avec toute autorité possible. Geneva Bible Translation Notes, Tite 2.15.


Jean Chrysostome dit :

Voyez quels préceptes il adresse à Timothée : « Prêche la parole, reprends, censure ». (II Tim. IV, 2.) Il dit ici: « Enseigne ces choses, exhorte et reprends avec toute autorité ». Comme les Crétois étaient d'un naturel plus indocile, l'apôtre dit à son disciple d'employer la sévérité et de reprendre avec toute autorité. Il y a en effet des péchés qu'il faut réprimer d'autorité. Ainsi pour les richesses, c'est par des exhortations qu'il faut persuader aux hommes de les mépriser; il faut se servir des mêmes moyens pour engager les auditeurs à être doux et honnêtes. Mais a-t-on affaire à un adultère, à un débauché, à un homme passionné pour les richesses, il est nécessaire d'user d'autorité afin de les convertir. Pour celui qui observe les présages, qui s'adonne à la divination et autres choses semblables, ce n'est pas seulement avec autorité, c'est avec toute autorité qu'on doit les ramener dans la bonne voie. Voyez-vous comme l'apôtre veut que Tite commande avec la plus grande autorité, la plus grande puissance? Jean Chrysostome, COMMENTAIRE SUR L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL A TITE, HOMÉLIE V, Tome XI, p. 405-435.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/tite/tite05.htm






Toujours avec Paul et ses recommandation envers les hérétiques :

Tite 3
10 Eloigne de toi, après un premier et un second avertissement, celui qui provoque des divisions,
11 sachant qu'un homme de cette espèce est perverti, et qu'il pèche, en se condamnant lui-même.


Jean Calvin nous précise que le fait de s'éloigner des hérétiques ne signifie pas qu'ils ne doivent pas être punit :

Au reste, quand il parle d'admonition, il n'entend pas une admonition telle quelle ou d'un homme privé : mais qui se fait par le Ministre, en autorité publique de l'Eglise. Car ses paroles valent autant comme s'il disait, qu'ils doivent être asprement réprimez, et d'une, remonslrance sévère. Or ceux qui recueillent de ce passage, qu'on ne doit autre chose faire à ceux qui sont auteurs de perverses doctrines, que les excommunier, et n'user point de plus grande rigueur envers eux, n'argumentent pas fort bien à propos. Car il y a différence entre l'office du Pasteur, et l'office du Magistrat. Saint Paul écrivant à Tite, ne traitte point du devoir et office du Magistrat : mais il montre ce qu'il convient au Pasteur de faire. Combien qu'il sera très bon, d'user toujours de cette modération, qu'ils ne soient pas tant réprimez par force et violence, que corrigez par discipline Ecclésiastique, pourvu qu'il y ait espoir de guérison et amendement en eux. Jean Calvin, commentaire sur le Nouveau Testament, Tome 4, commentaire sur Tite 3.10, page 345.





Un autre verset au sujet des hérétiques (toute personne enseignant autre chose que le Christianisme, rappelons-le) fait dire à Paul ceci :

1Timothée 5:20 
Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte.


D'après ce verset, il faut reprendre les pécheurs devant tout le monde, afin que les autres éprouvent de la crainte. Or, on ne peut faire craindre une foule avec des paroles, ce qui signifie qu'il y a obligatoirement une sanction punitive. Comparez avec les versets de l'Ancien Testament qui suivent :

Deutéronome 13
6  Si ton frère, fils de ta mère, ou ton fils, ou ta fille, ou la femme qui repose sur ton sein, ou ton ami que tu aimes comme toi-même, t'incite secrètement en disant: Allons, et servons d'autres dieux! -des dieux que ni toi ni tes pères n'avez connus,
7  d'entre les dieux des peuples qui vous entourent, près de toi ou loin de toi, d'une extrémité de la terre à l'autre-
8  tu n'y consentiras pas, et tu ne l'écouteras pas; tu ne jetteras pas sur lui un regard de pitié, tu ne l'épargneras pas, et tu ne le couvriras pas.
9  Mais tu le feras mourir; ta main se lèvera la première sur lui pour le mettre à mort, et la main de tout le peuple ensuite;
10 tu le lapideras, et il mourra, parce qu'il a cherché à te détourner de l'Eternel, ton Dieu, qui t'a fait sortir du pays d'Egypte, de la maison de servitude.
11 Il en sera ainsi, afin que tout Israël entende et craigne, et que l'on ne commette plus un acte aussi criminel au milieu de toi.

Deutéronome 17
12 L'homme qui, par orgueil, n'écoutera pas le sacrificateur placé là pour servir l'Eternel, ton Dieu, ou qui n'écoutera pas le juge, cet homme sera puni de mort. Tu ôteras ainsi le mal du milieu d'Israël,
13 afin que tout le peuple entende et craigne, et qu'il ne se livre plus à l'orgueil.

Deutéronome 21
18 Si un homme a un fils indocile et rebelle, n'écoutant ni la voix de son père, ni la voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu'ils l'ont châtié,
19 le père et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la porte du lieu qu'il habite.
20 Ils diront aux anciens de sa ville: Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n'écoute pas notre voix, et qui se livre à des excès et à l'ivrognerie.
21 Et tous les hommes de sa ville le lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que tout Israël entende et craigne.

Actes 5
1  Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété,
2  et retint une partie du prix, sa femme le sachant; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres.
3  Pierre lui dit: Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint-Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ?
4  S'il n'eût pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après qu'il a été vendu, le prix n'était-il pas à ta disposition? Comment as-tu pu mettre en ton coeur un pareil dessein? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu.
Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira. Une grande crainte saisit tous les auditeurs.
6  Les jeunes gens, s'étant levés, l'enveloppèrent, l'emportèrent, et l'ensevelirent.
7  Environ trois heures plus tard, sa femme entra, sans savoir ce qui était arrivé.
8  Pierre lui adressa la parole: Dis-moi, est-ce à un tel prix que vous avez vendu le champ? Oui, répondit-elle, c'est à ce prix-là.
9  Alors Pierre lui dit: Comment vous êtes-vous accordés pour tenter l'Esprit du Seigneur? Voici, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t'emporteront.
10 Au même instant, elle tomba aux pieds de l'apôtre, et expira. Les jeunes gens, étant entrés, la trouvèrent morte; ils l'emportèrent, et l'ensevelirent auprès de son mari.
11 Une grande crainte s'empara de toute l'assemblée et de tous ceux qui apprirent ces choses.


Jean Chrysostome dit :

« Ceux qui sont en faute, réprimandez-les en présence de tous, afin que les autres en conçoivent de la crainte ». C'est-à-dire, ne les rejetez pas trop vite, mais examinez tout avec une grande exactitude; et, quand vous vous serez rendu clairement compte de l'affaire, montrez-vous plein d'énergie, afin que les autres deviennent plus retenus. Car, s'il est nuisible de condamner sans raison, ne pas agir contre les fautes manifestes, c'est ouvrir la voie aux autres, pour qu'ils osent en faire autant. Il ne dit pas seulement de réprimander, mais de le faire avec sévérité, car c'est ainsi que-les autres en concevront de la crainte. Pourquoi donc le Christ a-t-il dit: « Va, et reprends ton frère entre toi et lui seul, s'il a péché contre toi » (Matth. XVIII, 15), tandis que Paul permet de l'accuser devant l'Eglise ? N'y aura-t-il pas là plus de scandale? Pourquoi ? Il y en aurait davantage si l'on connaissait la faute et non le châtiment. Mais de même que, si les fautes restent impunies, les coupables se multiplient, de même la répression en redresse un grand nombre. C'est ce qu'a fait Dieu, en châtiant aux yeux de tous Pharaon, Nabuchodonosor et bien d'autres; nous voyons que cités et individus ont porté la peine de leurs crimes. L'apôtre veut donc que tous craignent l'évêque, et il lui donne autorité sur tous. Jean Chrysostome, HOMÉLIE XV, commentaire sur 1Timothée 5.20.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/timothee/1tim15.htm



Thomas d'Aquin dit :

Quand l'Apôtre ajoute (verset 20) : "[Reprenez devant tout le monde] les pécheurs, etc. ",  il indique comment on doit punir, si la faute est prouvée. D'abord il dit à Timothée qu'il doit corriger publiquement le coupable; ensuite, il le conjure d'observer ce qu'il lui prescrit (verset 21) : "Je vous conjure devant Dieu, etc." 1. Il dit donc (verset 20) : "Quant à ceux qui font le mal," soit prêtres, soit tout autre," Reprenez-les devant tout le monde." Pourquoi ? "Afin que les autres aient de la crainte." La manière de procéder dans la correction fraternelle n'est pas la même que dans la correction judiciaire, car dans ce dernier cas le juge remplit une fonction publique, par conséquent il doit avoir en vue le bien général, qui est lésé par la faute publique, cause du scandale pour un grand nombre de personnes. Le juge ecclésiastique doit donc infliger un châtiment public, de telle sorte que les autres soient édifiés ; (Ecclésiastique VIII, 11) : "Parce que la sentence ne se prononce pas tout aussitôt contre les méchants, les enfants des hommes commettent le crime sans aucune crainte" ; (Prov., XIX, 25) : "Quand l'homme corrompu sera châtié, l'insensé deviendra plus sage." Remarquez ce que dit Paul : "En présence de tout le monde." On objecte ce qu'on lit en Matthieu (XVIII, 15) : "Si donc votre frère a péché contre vous, allez lui représenter ses fautes entre vous et lui, etc." Saint Augustin répond dans la Glose : « Faites la distinction des circonstances et du péché. L'une est caché, l'autre public; le premier demande un remède secret, c'est-à-dire une réprimande secrète [adressée au pécheur]. Le Sauveur parle de ce genre de faute, aussi dit-il : "Entre vous," c'est-à-dire vous seul, comme en secret. » Mais l'Apôtre parle, lui, d'une faute publique, qui nécessite une réparation publique.
Thomas d'Aquin, Leçon 3 — 1 Timothée V, 15-23 : le choix des candidats au sacerdoce, commentaire sur 1Timothée 5:20.


Jean Calvin dit :

Car tout ainsi que les Prêtres doivent montrer le chemin aux autres, et leur servir d'exemple à vivre honnêtement : aussi s'ils faillent, il faut exercer envers eux une correction si sévère, que les autres y prenent exemple. Commentaire de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, Tôme 4, commentaire sur 1Timothée 5.20, page 247.




Paul n'est pas le seul à avoir donner des enseignements au sujet des hérétiques, puisque Jésus dit au sujet des pécheurs (les hérétiques sont compris dedans) :

Matthieu 18
15 Si ton frère a péché, va et reprends-le (elegcho) entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère.
16 Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins.
17 S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise; et s'il refuse  aussi d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain.


Parmi les différents sens du mot elegcho, il y a celui de la condamnation et du châtiment :

1.  condamner, réfuter.
         1. généralement avec une suggestion de honte pour la personne accusée.
         2. amener avec conviction à la lumière, exposer.

2. trouver une faute, corriger.
         1. par la parole.
                * reprendre, blâmer sévèrement, réprimander, réprouver.
                * montrer à quelqu'un sa faute, exiger une explication.
         2. par action.
                * châtier, corriger, punir.

http://concordance.keo.in/strong_grec/strong-grec-1651.html



Nous trouvons une traduction qui décrit bien ce sens :

Bible Tresmontant : et s'il commet une faute contre toi ton frère alors va et corrige-le entre toi et entre lui tout seul et s'il t'écoute alors tu as gagné ton frère.


Certains seront tentés de citer Matthieu 18.21-22 qui prouveraient que l'on doit toujours pardonner et non pas châtier, cependant Luc 17.3-4 nous dit que le pardon n'est accordé que si le pécheur se repend. Profitons pour citer ce dernier passage :

Luc 17
3 Prenez garde à vous-mêmes. Si ton frère a péché, reprends-le (epitimao); et, s'il se repent, pardonne-lui.
4 Et s'il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant: Je me repens, -tu lui pardonneras.


Le mot epitiamo a été utilisé dans les versets suivant :

Matthieu 8:26 
Il leur dit: Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi? Alors il se leva, menaça (epitimao) les vents et la mer, et il y eut un grand calme.

Luc 4:35 
Jésus le menaça (epitimao), disant: Tais-toi, et sors de cet homme. Et le démon le jeta au milieu de l'assemblée, et sortit de lui, sans lui faire aucun mal.

Luc 4:39 
S'étant penché sur elle, il menaça (epitimao) la fièvre, et la fièvre la quitta. A l'instant elle se leva, et les servit.


Ainsi, la réprimande demandé par Jésus envers le pécheur peut-être comparée aux menaces qu'il a fait aux vents, aux démons et à la fièvre. Dans ces trois cas, les vents, les démons et la fièvre n'ont plus existé. Un autre verset dit :

Jude 1:9 
Or, l'archange Michel, lorsqu'il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n'osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit: Que le Seigneur te réprime (epitimao)!


Ici, on peut comparer la réprimande qu'on doit faire au pécheur à celle que fera le Seigneur à Satan. Or nous ne pensons pas que celle-ci sera douce.


Saint Augustin dit :

En effet, il arrive souvent que, par une dangereuse dissimulation, nous feignons de ne pas voir leurs fautes, pour n'être point obligés de les instruire, de les avertir, de les reprendre et quelquefois même de les corriger, et cela, soit parce que notre paresse ne veut pas s'en donner le soin, soit parce que nous n'avons pas le courage de leur rompre en visière, soit enfin parce que nous craignons de les offenser et par suite de compromettre des biens temporels que notre convoitise veut acquérir ou que notre faiblesse a peur de perdre. Et de la sorte bien que les gens honnêtes aient en horreur la vie des méchants, et qu'à cause de cela ils ne tombent pas dans la damnation réservée aux pécheurs après cette vie; toutefois, de cela seul qu'ils se sont montrés indulgents pour les vices damnables dont les méchants sont souillés, par la seule crainte de perdre des biens passagers, c'est justement qu'ils sont châtiés avec eux dans le temps, sans être punis comme eux dans l'éternité; c'est justement qu'ils sentent l'amertume de la vie, pour en avoir trop aimé la douceur et s'être montrés trop doux envers les méchants.

Je ne blâme pourtant pas la conduite de ceux qui ne reprennent pas et ne corrigent pas les pécheurs, parce qu'ils attendent une occasion plus favorable, ou parce qu'ils craignent, soit de les rendre pires, soit de les porter à mettre obstacle à la bonne éducation des faibles et aux progrès de la foi; car alors c'est plutôt l'effet d'une charité prudente que d'un calcul intéressé. Mais le mal est que ceux qui vivent tout autrement que les impies et qui abhorrent leur conduite, leur sont indulgents au lieu de leur être sévères, de peur de s'en faire des ennemis et d'en être traversés dans la possession de biens-fort légitimes, il est vrai, mais auxquels devraient être moins attachés des chrétiens, voyageurs en ce monde et qui font profession de regarder le ciel comme leur patrie. Je ne parle pas seulement de ces personnes naturellement plus faibles, qui sont engagées dans le mariage, ont des enfants ou veulent en avoir, et possèdent des maisons et des serviteurs, de toutes celles enfin à qui l'Apôtre s'adresse, quand il donne des préceptes sur la manière dont les femmes doivent vivre avec leurs maris et les maris avec leurs femmes, sur les devoirs mutuels des pères et des enfants, des maîtres et des serviteurs; ces personnes, dis-je, ne sont pas les seules qui soient très-aises d'acquérir plusieurs biens temporels et très-fâchées de les perdre, et qui n'osent par cette raison choquer des hommes dont elles détestent les moeurs; je parle aussi de celles qui font profession d'une vie plus parfaite, qui ne sont point engagées dans le mariage et se contentent de peu pour leur subsistance; je dis que celles-là-même ne peuvent souvent se résoudre à reprendre les méchants, parce qu'elles craignent de hasarder contre eux leur réputation et leur vie, et redoutent leurs embûches et leurs violences. Et quoique cette crainte et les menaces mêmes des impies n'aillent pas jusqu'à décider ces personnes timides à imiter leurs exemples, c'est cependant une chose déplorable qu'elles n'aient point le courage, en présence de désordres dont la complicité leur ferait horreur, de les frapper d'un blâme qui serait pour plusieurs une correction salutaire. Pourquoi cette réserve? est-ce afin de conserver leur considération et leur vie pour l'utilité du prochain? Non, c'est par amour pour leur considération même et pour leur vie; c'est par cette complaisance dans les paroles flatteuses et dans les opinions du jour, qui fait redouter le jugement du vulgaire, les tourments et la mort de la chair; en un mot, c'est l'esclavage de l'intérêt personnel qu'on subit, au lieu de s'affranchir par la charité. Saint Augustin, Commentaires sur les Écritures et Traités. IV - LA CITÉ DE DIEU, LIVRE PREMIER : LES GOTHS A ROME. CHAPITRE IX. BIlE SUJETS DE RÉPRIMANDE POUR LESQUELS LES GENS DE BIEN SONT CHÂTIÉS AVEC LES MÉCHANTS.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/citededieu/livre1.htm#_Toc509729596



Thomas d'Aquin dit :

[Le Seigneur] dit : S'IL NE LES ÉCOUTE PAS, DIS-LE À L'ÉGLISE, c'est-à-dire à toute la communauté, afin qu'il soit confondu, pour que celui qui n'a pas voulu être corrigé sans honte soit corrigé par la honte. Il y a une honte qui entraîne le péché, et une honte qui entraîne la gloire et la grâce, Si 4, 25[21]. Ou bien, À L'ÉGLISE, c'est-à-dire aux juges, afin qu'il soit corrigé. Dt 21, 18 : Si quelqu'un a un fils entêté et effronté, qui n'écoute par le commandement de son père et de sa mère et qui, contraint, montre du mépris, ils s'en saisiront et l'amèneront devant les anciens de cette cité et à la porte du jugement, etc. Thomas d'Aquin, Lecture sur l'Evangile de Saint Matthieu, commentaire sur Matthieu 18.17.


Le passage auquel Thomas d'Aquin a fait référence (Deutéronome 21.18) se termine par une peine de mort. Naturellement, cela signifie pas que Jésus voulait infliger une peine de mort à celui qui pèche, mais on peut penser que le pécheur pouvait être réprimandé par des menaces de mort seulement, ou bien par un châtiment moins grand.




L'auteur de l'épître aux Hébreux dit :

Hébreux 10
28 Celui qui a violé la loi de Moïse meurt sans miséricorde, sur la déposition de deux ou de trois témoins;
29 de quel pire châtiment pensez-vous que sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, qui aura tenu pour profane le sang de l’alliance, par lequel il a été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce?
30 Car nous connaissons celui qui a dit: A moi la vengeance, à moi la rétribution! et encore: Le Seigneur jugera son peuple.
31 C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.


Selon l'auteur, celui qui viole la "loi de l'Evangile" est pire que celui qui viole la loi de Moïse. Or, dans ce dernier cas, la personne était mise à mort, que dire alors de celle qui viole la "loi de l'Evangile"?

Jean Calvin dit :

C'est un argument du plus petit au plus grand. Car si c'a esté un crime digne de mort de violer la Loy de Moyse, combien plus griefve peine méritera la réjection de l'Evangile, laquelle est enveloppée de tant de sacrilèges énormes? Or l'argument estoit très-propre pour émouvoir les Juifs. Ceste punition tant sévère, contre les apostats de la Loy, ne leur pouvoit sembler nouvelle ne plus rigoureuse que de raison. Et pourtant ils doyvent recegnoistre la vengence, par laquelle Dieu establit aujourd'huy la majesté de son Evangile, pour jusle, quelque rigoureuse qu'elle soit. Au reste de ceci est conferme ce que j'ay dit cidessus : asçavoir que TApostre ne dispute pas des péchez particuliers, mais du renoncement universel de Christ. Car la Loy mesme ne punissoit point de mort toute.-, sortes de transgressions, mais bien l'apostasie, quand quelqu'un avoit du tout délaissé la religion. Car l'Aposlre a regardé à ceste sentence qui est au chap. XVII du Douter., v. :'. Si aucun transgresse l'alliance du Seigneur, ton Dieu, pour servir aux dieux estranges, tu le feras sortir hors tes polies, et le lapideras, el mourra. Commentaires de Jean Calvin sur le Nouveau Testament, tome 4, Commentaire sur Hébreux 10.28, page 478.






En conclusion, il est faux de dire que le Christianisme ne punit pas de mort ceux qui s'opposent à sa doctrine, même si cette opposition se fait oralement. Au contraire, le Nouveau Testament stipule que le magistrat doit punir ceux qui font le mal et provoquent la colère de Dieu, qu'il le venge. C'est pour cette raison que les chrétiens ont condamné ceux qui les contredisaient et ont tué les hérétiques. C'est ce que nous rapporte David Guzik, dans son commentaire, lui qui, bien qu'étant contre la peine capitale contre les hérétiques, reconnait que l'Église à très souvent punit de mort les hérétiques :

For many centuries, when the church held political power, it often exercised this penalty also. Heretics were often given over to the civil government for execution. Trapp writes in the mid seventeenth century, "This power is still in the Christian magistrate, to inflict capital punishment on gross heretics." David Guzik's Commentary on Deuteronomy 13 - Keeping the Worship of God Pure. http://www3.calvarychapel.com/ccbcgermany/commentaries/0513.htm




02/03/2009
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