Réponse à Facealislam sur : "Le Coran demande aux Musulmans d'être bienfaisants avec les non-musulmans ?" (2)




Par la suite, le missionnaire élabore un curieux rapprochement entre les versets 5:33, 2 :11-12 et 9 :12, arguant que le Coran commande de tuer, crucifier, exiler du pays ou faire subir une amputation croisée à tous ceux qui contredisent le Prophète, le Coran ou l'Islam de manière globale.



Cette interprétation est manifestement fausse parce que la mention '….ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées….' est de l'aveu des exégètes (y compris Ibn Kathîr que cite de façon sélective Facealislam) la punition légale du Hirabah (vol à main armée, banditisme, brigandage…).




À cet égard, le rapprochement avec le sort des gens de la tribu de `Ukl, coupables d'un vol à main armé avec meurtre et tortures et qui ont donc subi une amputation croisée conformément au verset 5/33, en punition de leur brigandage (désigné en tant que 'semence de corruption' dans le Coran), est souvent fait par les commentateurs classiques (Ibn Kathîr, At-Tabarî, al-Qurtubî, ar-Razî, les deux Jalal, al-Zamakhshari ect...).



Autrement dit, la disposition prévue en Coran 5/33 n'a rien à voir avec le fait de critiquer l'Islam. La comparaison est tout simplement impropre.



Quand à la mention, 'La récompense de ceux qui s'opposent à Dieu', il est évident selon le contexte qu'elle concerne les personnes indisposées et qui faisaient la guerre aux musulmans, tentant d'annihiler leur religion. L'imâm Ar-Razî précise que ce verset concerne ceux qui combattent les musulmans.





Un autre verset au contenu similaire à propos des juifs de Banû-i-Nadîr :




Il en est ainsi parce qu'ils se sont dressés contre Dieu et Son messager. Et quiconque se dresse contre Dieu... alors, vraiment Dieu est dur en punition (Coran, 59 :4)




À première vue on pourrait croire que ces juifs furent combattus seulement parce qu'ils 'se sont dressés contre Dieu et Son messager', c'est-à-dire, on mécrut en Dieu et contesté l'autorité de Son messager… Pourtant, les rapports historiques indiquent que si ses juifs ont été combattus et expulsés, ce n'est pas parce qu'ils ont mécru en le Coran ou le Prophète mais on tenté d'assassiner le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam.



 
De manière générale, le fait d'émettre des critiques contre l'Islam, le Prophète ou le Coran n'entraîne pas de condamnation à mort. Il ne faut pas omettre que:



 

1. Le Coran prône outre la sagesse et la délicatesse dans l'appel à l'Islam (16 :125)  le dialogue avec les Gens du Livre (29 : 46), lequel dialogue induit que le musulman écoute la critique du non-musulman à l'encontre de la religion à laquelle il est appelé (puis tente de répondre à cette même critique). C'est face aux critiques contre l'Islam que s'applique le verset : Ne suis pas les incroyants et fais un grand Jihad par ceci [le Coran]' (Coran 25/150).  (Qui n'a pas été abrogé signalons-le)




2. Les hypocrites ont plus d'une fois récusé le Coran ou le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, sans être inquiété physiquement. Le combat qui doit être mené avec dureté (66/9) contre eux n'est pas physique.



 
3- Le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, lorsqu'ils étaient en position de force à Médine (chef de la ville) avaient l'habitude de discuter avec les rabbins juifs locaux qui le contredisaient ouvertement lors de débats et s'évertuait à les convaincre de croire en lui. Jamais il ne consentit cependant à les convertir ou à les châtier par l'épée simplement parce qu'ils le "contredisaient". C'est d'ailleurs lors d'un débat théologique qui avait été fixé à l'avance que certains juifs, armés de couteau, tentèrent d'attenter à sa vie (Abd al Razzaq, al Musannaf, 5/357).
 


4- Lorsque la délégation des chrétiens de Najrân est venue à Médine pour dialoguer avec les musulmans, ses membres ont rejeté la vision musulmane de Jésus et ont persisté à affirmer que "Jésus est Dieu" et "le Fils de Dieu". Pourtant, le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, ne les a pas fait exécuter sous prétexte qu'ils le contredisaient. Mais il conclut un pacte avec eux, leur laissant leur liberté de conscience.



 
5- Un exemple plus frappant est celui de Thumana Ibn Uthal, qui était un criminel notoire, ayant tué de nombreux voyageurs musulmans (et donc allant plus que loin que le simple fait de s'opposer verbalement à l'Islam). À cause de cela, le prophète Muhammad a déclaré qu'il était un criminel qui devait être capturé ou tué. Un jour, les musulmans le capturèrent et l'emmenèrent au prophète Muhammad (que la paix soit sur lui). Le Prophète l'a reconnu et le fit ficeler dans la mosquée veillant à ce qu'il dispose de nourriture et ordonnant même que l'on prenne soin de son chameau ; un traitement s'apparentant davantage à celui d'un hôte plutôt que celui d'un criminel de guerre! Le prophète Muhammad demanda à Thumamah ce qu'il avait à dire pour sa défense, question à laquelle Thumana répondit: «Si tu veux me tuer en représailles, tu peux avoir quelqu'un de sang noble à tuer. Si, de par ta générosité, tu souhaites me pardonner, je serai reconnaissant. Si tu veux de l'argent en compensation, je te le donnerai quelle que soit la somme que tu demandes.' Le Prophète Muhammad le libéra lui-même et l'autorisa à partir. Le même jour, Thumamah revint et déclara son adhésion à l'Islam. (Source)




Le missionnaire relève aussi la peine de celui qui insulte le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam :




Celui qui insulte le prophète Mohammad, ON LE TUE, qu'il soit musulman ou non; c'est un acte de Koufr que d'insulter le prophète et tous les savants sont d'accord sur ce point



 
Il convient d'apporter quelques précisions à tout cela :


 


- Il ne s'agit plus ici de critiquer un aspect de l'Islam ou de présenter des arguments contre cette religion pour démontrer ce qu'on considère comme sa fausseté mais d'insulter le Prophète de l'Islam. L'insulte ne relève plus de la critique. Ainsi le non-musulman qui critique le Prophète Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam, sans l'insulter n'est pas concerné.

 

 
-  Un Prophète, du point de vue d'un croyant en tout cas, est considéré comme davantage sacré qu'un simple homme ou un simple symbole national, d'où la sévérité supérieure de la peine. La Bible fit que Moïse a fait exécuter un homme ayant maudit le nom de Dieu (Lévitique 24.11-16). Certes, un Prophète n'est pas comparable à Dieu mais est son représentant ce qui lui confère un certain statut. Selon, Jésus : Mais, si quelqu'un scandalisait un de ces petits qui croient, il vaudrait mieux pour lui qu'on lui mit au cou une grosse meule de moulin, et qu'on le jetât dans la mer. (Marc 9.42; Luc 17.2). Si celui qui insulte ces petits croyants mérite ce terrible châtiment, que dire alors de celui qui insulte Dieu, le prophète et les croyants? 
 

- De toute façon, cette peine légale n'est envisageable et applicable qu'au sein d'un état musulman, régit par la loi islamique (Shariah).




Conclusion : Les textes de l'Islam, le Coran et la Sunna enseignent de se comporter avec bonté et justice envers tous les fils et filles d'Adam, a.s.



 

Moussa Youssouf



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12/02/2008
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