Safiyya, la mère des croyants



 

Certains ennemis de l'Islam comme Ali Sina utilisent l'histoire de Safiyya Ibn Huyayy (entre autres) pour dénigrer le Prophète Muhammad, que la paix de Dieu soit sur lui. Selon eux, en substance :

 



Muhammad a contraint safiyya de l'épouser le jour même où il a tué son père, le mari et plusieurs de ses proches. Il était un violeur.

 



Safiyya Ibn Huyayy, radhia allâhou anha était la fille du Rabbin Huyayy ibn Akhtab, chef des Banû Nadhir et ayant toujours nourri une grande animosité pour le Prophète. Elle descendait des enfants d'Israël de la lignée de Lévi fils de Jacob puis de Hârûn (alayhi salam) le frère de Moïse (alayhi salam) et était donc issue d'une lignée régalienne et rabbinique. Elle fut mariée tour à tour à Salam ibn Abi al-Huqayq puis, veuve, à Kinana le frère de Salam, l'un des chantres renommés des Juifs, tué à Khaybar. Elle devient captive des musulmans lorsque ceux-ci prirent al-Qamus, la forteresse de Khaybar. Quand un compagnon du Prophète entendit parler de la captivité de Safiyya, il suggéra au Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) qu'il était le seul apte à l'épouser Prophète (du fait de son statut). Le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) souscrit à cette suggestion et, par conséquent, accorda la liberté à Safiyya puis l'épousa.

 



Cet acte significatif fut un grand honneur pour Safiyya, radhia allâhou anha, dans le sens où en épousant un Prophète, chef d'une faction importante (les musulmans) elle conserva sa dignité, de même que cela lui évita de devenir une esclave (selon les lois de la guerre de l'époque). Muhammad Haykal explique que:

 


Le Prophète lui accorda la liberté, puis l'épousa, en suivant les exemples de grands conquérants qui ont épousé les filles et les épouses des rois qui ils avaient défaits, en partie dans le but d'atténuer leur malheur, et en partie pour préserver leur dignité. 1

 



Le mariage de Safiyya, radhia allâhou anha, a une signification politique, car il contribue à réduire les hostilités et cimenter des alliances. John L. Esposito note que :

 



Comme il était d'usage chez les chefs arabes,  nombreux de ses mariages étaient politiques pour cimenter des alliances. D'autres étaient des mariages aux veuves de ses compagnons qui étaient tombés au combat, et qui avaient besoin de protection. 2

 



Martin Lings note:

 



Il [le prophète Muhammad] informa ensuite Safiyya qu'il était disposé à la libérer, et il lui a offert le choix entre restant juive et retourner à son peuple ou à embrasser l'islam et devenir son épouse. "Je choisis Dieu et Son Messager", dit-elle, et ils se sont mariés au premier arrêt sur le chemin du retour. 3



Il est clair que le mariage entre le Prophète et Safiyya fut un mariage réussi. Tout d'abord, le Prophète Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam, était plein de mansuétude et de douceur envers Safiyya. Lorsque Bilâl ibn Rabah, radhia allâhou anhou, emmenait Safiyya avec une autre prisonnière juive, les faisant traverser le champ de bataille et passer près des combattants tués pendant le combat. L'une des femmes hurlait et se couvrait le visage de poussière alors que Safiyya était muette d'effroi. Le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) se tourna ensuite vers Bilâl et lui dit : "Bilâl, est-ce que Dieu a enlevé toute pitié de ton cœur pour que tu fasses passer ces femmes à l'endroit même où leurs hommes ont été tués ?"



Le Prophète fit preuve de délicatesse envers elle, s'excusant d'avoir tué son père et lui expliqua que ce dernier ne lui avait guère laissé le choix: "Ton Père a incité les Arabes contre moi et a commis des actes odieux" 4



Une fois Safiyya s'étant plainte à lui une fois comme quoi une co-épouse (Hafsa) l'avait qualifié avec mépris de "juive". Le Prophète la consola et lui conseilla de dire avec fierté: "Mon père est Aaron et mon oncle est Moïse". 5



Ces rapports d'affection étaient bien sur réciproques. Quand le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, arrivait au terme de sa vie et connut sa dernière maladie, Safiyya, radhia allâhou anha,  compatissait sincèrement pour lui: "Ô Messager de Dieu, si seulement je pouvais souffrir à ta place". Certaines de ses épouses la prirent à la légère ce qui agaça le Prophète. Il s'exclama : "Par Allâh, elle dit vrai !"  6





Certes au début, elle en voulait au Prophète Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam, par rapport à son père, mais elle jeta l'éponge principalement du fait de son statut de Prophète dont elle avait entendu parler par son père :




J'étais la favorite de mon père et de mon oncle Yâsir. Chaque fois que j'étais en compagnie de l'un de leurs enfants, ils me portaient dans leurs bras. Quand le Messager de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) arriva à Médine, mon père et mon oncle allèrent le voir. C'était très tôt le matin, entre l'aube et le lever du soleil. Ils revinrent bien plus tard. Ils étaient complètement usés et déprimés, et rentraient d'un pas lourd et lent. Je leur souris comme toujours, mais ni l'un ni l'autre ne fit attention à moi parce qu'ils étaient si misérables. J'ai entendu Abou Yâsir demander à mon père :

- Est-ce lui ?

- Oui c'est bien lui.

- L'as-tu reconnu ? En es-tu sûr ?

- Oh oui ! Je ne l'ai que trop bien reconnu.

- Qu'éprouves-tu à son égard ?

- De l'hostilité ! De l'hostilité à jamais". 7

Elle dit : "Je n'ai jamais vu personne avec un aussi bon caractère que le Messager d'Allâh. 8




Safiyya était de surcroît une pieuse musulmane :



Ubaydah ibn Abd Allah a dit: "Un groupe de personnes s'est réunit dans la chambre de Safiyya, une épouse du Prophète. Ils rappelèrent Allah, récitèrent le Coran et se prosternèrent. Saffiya les interpella leur disant: "Vous vous prosterner et avez récité le Coran mais où sont vos pleurs (par crainte et amour de Dieu)? " 9



Ibn Kathîr la décrit comme ce qui suit: "Elle était l'une des meilleures femmes en matière d'adoration, de piété, d'ascétisme, de religiosité, et de charité". 10



Ibn Sa'd rapporte des témoignages la décrivant comme une femme très charitable. 11



En conclusion, nous ne trouvons pas d'évidence ou de justifications pour soutenir la thèse de certains auteurs anti-islam selon laquelle le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, a "enlevé", "violé" (wa-l-'iyâdhu billâh) ou a injustement fait de Safiyya, radhia allâhou anha, son esclave sexuelle. Plutôt, il s'est marié avec Safiyya, radhia allâhou anha de façon à l'honorer, la réconforter et lui éviter de devenir une captive quelconque parmi tant d'autres. Également, ce mariage a connotation politique était un moyen de détendre les relations avec les juifs. En la défendant des railleries, il montra son affection pour elle et donna à son époque une leçon aux musulmans à propos de l'antisémitisme (antijudaïsme)

 

 

Références :




 

1 Muhammad Husayn Haykal, The Life of Muhammad (North American Trust Publications, 1976), p. 373


2 John L. Esposito, Islam: The Straight Path, pp. 19-20


3 Martin Lings, Muhammad: His Life Based On The Earliest Sources (George Allen & Unwin, 1983), p. 269


4 Al-Bayhaqi, Dala'il an-Nubuwwah, vol. 4, p. 230


5 Martin Lings, Ibid, p. 271


6 Ibn Sa'd, Tabaqat, vol. 8, p.101


7 Ibn Hishâm, As-Sirah an-Nabawiyyah, vol. 2, pp. 257-258


8 Abû Ya'la al-Mawsili, Musnad, vol. 13, p. 38


9 Abû Nu'aym al Asbahani, Hilyat al-Awliya', vol. 2, p. 55


10 Ibn Kathîr, al-Bidaya wa an-Nihaya, vol.8, p.47


11 Ibn Sa'd, Ibid




Source utilisée:


http://www.answering-christianity.com/bassam_zawadi/safiyyah_the_wife_of_the_prophet.htm

 




10/01/2008
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