Un certain Amessan a écrit quelque chose de mauvais sur le forum Mejliss. Il dit :
Les exégètes digne de ce nom n'ont pas évoqué une terre ronde.
Ils maitrisent l'arabe à la perfection, connaissent le Coran sur le bout des doigts et ratissent la sounna. Ils sont unanimes en ce qui concerne une terre plate reposant sur le dos d'une baleine. Les traditions sont authentiques et certaines d'entre elles remontent jusqu'au Prophète Mohammad. Je poste 3 commentaires d'exégètes réputés concernant Al-Qalam 68:1.
Et encore :
Ces traditions sont regardées par les savants comme authentique. Les explications des Compagnons viennent soutenir les traditions. Une terre plate clouée par des montagnes sur le dos d'une baleine. Qu'attendons-nous pour nous convertir à l'Islam Messieurs Dames ?
Le problème avec Amessan (un chrétien qui passe pour un non-chrétien), c'est qu'il n'a pas rapporté correctement ce qu'on dit les exégètes. Amessan parle des commentaire d'Ibn Kathîr, d'al-Qurtubî et de celui attribué à Ibn Abbâs, mais il n'a pas dit que ces mêmes commentateurs ont rapporté plusieurs avis différents. En effet, tous disent que "noun" a plusieurs significations, parmi celles-ci : une des lettres détachées comme c'est le cas dans le début de la sourate 2, une baleine, une encre ou un tableau. Et Amessan a "oublié" de parler de ces autres avis, il a simplement prit celui qui lui plaisait.
Amessan dit :
Al Tabarani a rapporté le même hadith ci-dessus (du prophète Muhammad) qui a rapporté d'Abu Habib Zaid Al-Mahdi Al Marouzi, rapporté par Sa'id Ibn Yaqub Al-Talqani, rapporté par Mu'amal Ibn Ismail, rapporté par Hamad Ibn Zaid, rapporté par Ata'a Ibn Al Sa'ib, rapporté par Abu Al Dahee Muslim Ibn Subaih, rapporté par Ibn Abbas qui a rapporté que le Prophète – que la paix et la bénédiction soit sur lui et sa famille - a dit, « les premières choses qu'Allah a créé furent le crayon et la baleine et Il a dit au crayon 'Ecris'. Le crayon a demandé, 'Qu'écrirai-je ?' Allah a répondu, 'Tout ce qui sera jusqu'au jour du Jugement'. Ensuite Il a dit, 'Nun. Par le crayon et par ce qu'ils écrivent'. Donc Nun est la baleine et Al-Qalam est le crayon… »
La chaine de transmission de ce hadith contient Moumal Ibn Ismaïl, dont les erreurs sont certifiées. Voir à cet effet al-Haythami, majma' al-Zawaïd, tome 7 page 131. Ainsi, Amessan n'a pas rapporté de hadiths authentiques. Le seul hadith qui a été authentifié, par al-Tabari, est le suivant :
Il a été rapporté par Ibn Jarir, rapporté par Ibn Hamid, rapporté par Ata'a, rapporté par Abu Al-Dahee, rapporté par Ibn Abbas qui a rapporté, « La première chose que mon Seigneur a créé, qu'Il soit Exalté et Glorifié, fut le crayon et Il lui a dit, 'Ecris'. Donc le crayon a écrit tout ce qui sera jusqu'au jour du Jugement. Ensuite Allah a créé la Nun (la baleine) au-dessus des eaux et il a appuyé la terre sur son dos ».
Cependant, Amassan a traduit le hadith d'une manière trompeuse, puisque le mot "baleine" n'existe pas dans le texte en arabe, c'est tout simplement Amessan qui l'a ajouté. Pis encore, les mots "sur son dos" n'existent pas. Le texte arabe dit : "sur elle (noun)" et non pas "sur son dos". Et dans ce hadith, il n'est pas certifié que si "noon" est une baleine ou non, rien ne l'indique.
Comme nous l'avons dit, parmi les différents sens donnés à "noun", il y a celui de l'encre. Il existe même un hadith qui approuve ceci :
'Abdullah ibn Omar et Mou'adh ibn Jabal rapportent : Lorsque Dieu a révélé : "Lis au nom de Ton Seigneur qui a crée", le messager de Dieu (sws) a dit à Mou'adh : Ecris là (la sourate) oh Mou'adh! Puis lorsqu'il a atteint "Non ! Ne lui obéis pas;
mais prosterne-toi et rapproche-toi" [...] puis Mou'adh a prit le tableau, la plume et le "noun" qui est de l'encre et a écrit avec. Rapporté par Ibn al-Jawzi avec une chaine de transmission sans doute, voir mawdhou'at ibn al-Jawzi, tome 1 page 405.
En effet, le verset lu en son contexte parait bien s'accorder avec ce sens :
68.1
Noun . Par la plume et ce qu'ils écrivent !
Ainsi, ce verset parle de l'encre et de la plume qui permettent d'écrire. Ce sens du mot "noun" est bien plus cohérent que celui de baleine, comme nous le voyons grâce au contexte du verset. Cependant, les savants, dont certains cités par Amessan, disent qu'au final le véritable sens de "noun" est qu'il est une lettre détachée comme c'est le cas dans plusieurs sourates :
Ibn Kathîr dit :
Quant à Sa parole "noun" elle est comme Sa parole "sad" "qaf" et identiquement aux mots détachés au début des sourates. Tafsir ibn Kathir, sourate 86.1
Al-Qurtubî dit :
Et il a été dit : c'est ce qui est connu des lettres du dictionnaire, parce que si ce n'était pas le cas il aurait été flexible. Et cette avis a été choisit par al-Qachiri abou nasr abdallah rahim dans son commentaire. Il a dit : parce que "noun" n'est pas un mot flexible, s'il était un mot entier il aurait été flexible comme c'est le cas de "al-qalam" (la plume), il est donc une lettre détachée comme dans les ouvertures des sourates. Tafsir al-Qurtubi, sourate 68.1
Ar-Razî dit :
Mais le vrai est que ou bien [noun] est un nom de la sourate, ou bien ceci représente un défi, ou bien comme c'est le cas au début de la sourate al-baqara. Tafsir al-Razi, sourate 68.1
Al-Jalalayn :
"noun" : parmi les lettres détachées, Dieu est plus savant sur leur sens. Tafsir al-Jalalayn, sourate 68.1
Al-Saadi dit :
L'explication des lettres détachées a été donnée au début de la sourate al-baqara.
Tafsir al-Saadi, sourate 68.1.
Abou Bark al-Jazaïri dit :
"noun" : c'est une lettre parmi celle qui sont détachées, on écrit "n" et on lit "noun". Tafsir Abou Bark al-Jazaïri, sourate 68.1 :