L'auteur de ce passage biblique écrit:

 

Matthieu 1.22-23
Tout cela arriva afin que s'accomplît ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète: Voici, la vierge sera enceinte, elle enfantera un fils, et on lui donnera le nom d'Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous.

L'auteur fait référence à la prophétie suivante:

Isaïe 7.14
C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d'Emmanuel.

Certains chrétiens voient en cette prophétie, une annonce de la naissance virginale de Jésus-Christ. Comme le prénom Emmanuel signifie "Dieu avec nous", ils en déduisent que ce verset a prédit l'incarnation de Dieu en un homme.

Mais cette interprétation concorde mal avec le contexte d'Isaïe 7.14. Les versets 15-16 disent :

Mais avant que l'enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, Le pays dont tu crains les deux rois sera abandonné.

Si nous interprétons ce chapitre comme faisant référence à la naissance de Jésus-Christ, quel possible réconfort et assurance Ahaz, qui était entouré d'ennemis à l'écrasante supériorité militaire, a-t-il trouvé dans la naissance d'un enfant sept siècles plus tard ? Lui-même et son peuple était déjà longtemps morts et enterrés. Ce signe n'aurait absolument aucun sens.

C'est là que la réponse chrétienne intervient et que le concept de "double prophétie" entre en jeu. Les missionnaires chrétiens tentant d'expliquer l'affabulation de l'auteur du premier Evangile relative à Isaïe 7.14, en viennent alors à élaborer une explication n'ayant ni queue, ni tête. Ils invoquent l'idée que ces paroles d'Isaïe, destinées à Ahaz, ont une double portée et deux applications différentes. Ils reconnaissent (on ne voit pas comment il pourraient faire autrement) que la première application de la prophétie d'Isaïe concerne Ahaz et ses contemporains.

Mais ils ajoutent toutefois que la deuxième étape de cette double prophétie s'applique à Jésus-Christ et sa naissance miraculeuse. En bref, ces chrétiens affirment que la prophétie d'Isaïe s'est réalisée deux fois: une fois en 732 avant J.-C., et une deuxième fois, en l'an 1 de l'ère chrétienne.

Les troubles générés par cette explication sont multiples. Pour commencer, l'idée de "double prophétie" est complètement artificielle et n'a pas de fondement dans la Bible hébraïque.

En outre, si le terme ha'almah signifie une vierge comme les missionnaires chrétiens le soutiennent avec insistance, et si véritablement Isaïe 7:14 s'est accompli à deux reprises, quelle a été alors la première vierge à concevoir un enfant miraculeusement au temps du roi Ahaz? En d'autres termes, y a-t-il eu deux naissances virginales?

En outre, si le septième chapitre d'Isaïe est une double prophétie, comment Isaïe 7:15-16 peut-il s'appliquer à Jésus-Christ lorsque ces versets continuent à parler de ce jeune garçon? Isaïe 7:14-16 lit :

C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe, Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils, Et elle lui donnera le nom d'Emmanuel.  Il mangera de la crème et du miel, Jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien.  Mais avant que l'enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, Le pays dont tu crains les deux rois sera abandonné.

Ceci soulève plusieurs questions légitimes :

 

1) à quel âge l'enfant Jésus-Christ devint mature ? 2) Quels sont les deux royaumes de Jésus au cours de leur vie qui ont été abandonnés ? Qui craignit le royaume d'Israël au cours du premier siècle, quand il n'y avait pas eu un royaume d'Israël qui existe depuis le VIIe siècle av? Quand Jésus-Christ a t-il mangé de la crème et le miel ? Y a-t-il des rapports du Nouveau Testament attestant cela ?

 

Ces chrétiens arguent aussi que le prophète prend la parole  au  singulier (tu) et au pluriel (vous). Ils affirment que parfois Isaïe s'adresse au roi Ahaz seul, et dans d'autres endroits du chapitre, il s'adresse à toute la maison de David. Par conséquent, ils concluent que, chaque fois que le prophète prend la parole au pluriel, s'adressant à la maison de David, son message concerne la future dynastie davidique (c'est-à-dire, Jésus, descendant de David, selon les chrétiens, et donc suscité quelque sept siècles plus tard). D'autre part, chaque fois qu'Isaïe s'adresse au roi Ahaz et parle au singulier, il parle de la crise immédiate vécue par le roi Ahaz confronté aux deux royaumes qui étaient sur le point de le vaincre.

 

La réponse est classiquement la suivante : le chapitre énonce clairement que la maison de David ET le roi AHAZ sont sous le coup de la menace,  pas seulement le roi Ahaz lui-même. Toute référence à la maison de David et à l'usage du pluriel ne vise que la crise militaire qui est décrite. En fait, dans le deuxième verset de ce chapitre, Isaïe rapporte que le Roi Ahaz ET la maison de David, ont été informés de la crise créée par les deux royaumes en guerre.

 

On vint dire à la maison de David: Les Syriens sont campés en Éphraïm. Et le coeur d'Achaz et le coeur de son peuple furent agités, comme les arbres de la forêt sont agités par le vent.

 

Le verset dit que le cœur d'Ahaz et celui de son peuple, c'est-à-dire, Juda/la maison de David tremblaient de peur face à ces deux armées hostiles. La maison de David a eu peur aussi, pas seulement le seul roi Ahaz.

Isaïe a délivré le message de cette façon, en s'adressant à plusieurs reprises au  Roi Ahaz comme à la Maison de David et au pluriel pour une raison. Le roi Ahaz était un mauvais roi et, en tant que tel, était personnellement indigne d'une intervention divine en sa faveur. Néanmoins, le Roi Ahaz a été épargné par le mérite de la Maison de David. Les deux royaumes visaient à conquérir Jérusalem en vue d'ébranler le trône de David (7:6). Or, Dieu avait promis à David que sa dynastie serait préservée, indépendamment de la valeur du roi assis sur le trône (2 Samuel 7:12-16). Le roi Ahaz a été sauvé par Dieu par rapport à son titre, grâce à la valeur de la maison de David, et non pas par rapport à son mérite personnel.

En tout état de cause, même si Jésus-Christ était concernée en Isaïe 7.14, ceci ne prouve pas qu'il est Dieu incarné en vertu du nom "Emmanuel" (un nom qu'il n'a JAMAIS revendiqué selon les rapports du Nouveau Testament). Il est tout à fait commun dans la Bible que des êtres humains se voient donnés des noms qui ont pour but de déclarer ou refléter un attribut de Dieu, comme Eléazar, Eliakim et bien d'autres.

En sus, notons qu'il est impossible que Jésus soit "Dieu avec nous" dans le sens de "Dieu fait chair" puisque Dieu était déjà avec Jésus.

Actes 10.38
Vous savez comment Dieu a oint du Saint Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l'empire du diable, car Dieu était avec lui

Si Jésus-Christ est "Dieu avec nous" dans le sens de "Dieu fait chair", comment Dieu peut-Il être encore avec lui ? Comment comprendre cela ?

 

Note :

 

En appliquant cette ingénieuse idée de "double prophétie", alors nul doute que le verset suivant puisse être considéré comme une annonce de la suscitation de Muhammad, puisqu'il lit.

Isaïe 29.12
Ou comme un livre que l'on donne à un homme qui ne sait pas lire, en disant: Lis donc cela! Et qui répond: Je ne sais pas lire.

Intéressant, ceci concorde de prés avec la réaction du Prophète Muhammad, saws, dans la caverne de Hirâ lors de la première révélation de Gabriel.

… Cela dura jusqu'à ce que la Vérité lui fut enfin révélée dans la caverne de Hirâ'. L'archange y vint alors lui dire: "Lis!". - "Je ne suis point de ceux qui lisent", répondit-il…… (Source)

Il n'y a pas de raison, puisque l'on méprise le contexte d'Isaïe 7.14 et invoque l'idée d'une "double prophétie" pour l'attribuer à Jésus-Christ, de ne pas en faire de même avec Isaïe 29.12 et de ne pas regarder ce passage également comme annonçant la venue de Muhammad, saws.