Muhammad sws ordonne de couper les mains et les pieds et de crever les yeux de certaines personnes?
L'une des critiques qui revient de façon lancinante contre le Prophète Muhammad, sws, est qu'il a une fois, ordonné de couper les mains et les pieds et de crever les yeux de six hommes de la tribu de tribu Banû 'Urayna. Donc, il a commis un acte de cruauté. Ce qu'omettent souvent ces critiques, c'est de préciser la raison pour laquelle un tel châtiment fut prescrit.
Muslim, 3162
D'après Anas Ibn Malîk (que Dieu l'agrée), des gens de vinrent à Médine trouver l'Envoyé de Dieu et comme ils eurent très mal au ventre, l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) leur dit : "Si cela vous convient, allez boire du lait et de l'urine des chamelles de l'aumône". En suivant son conseil, ils se rétablirent, mais ils tuèrent les bergers, revinrent sur leur foi, et s'emparèrent des chameaux de l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui). Aussitôt mis au courant, le Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) dépêcha sur leurs traces des hommes qui les rejoignirent et les ramenèrent. Il ordonna alors de leur couper les mains et les pieds, de leur crever les yeux au fer rouge et de les laisser à "Al-Harra" où ils périrent (Au titre de talion, car ces bandits avaient tué les bergers de cette même façon cruelle).
http://hadith.al-islam.com/bayan/display.asp?Lang=frn&ID=961
C''est vrai que le sort de ces assassins est horrible mais il ne s'agissait en réalité que d'un cas d'application de la loi du talion. Autrement dit, le Prophète sws leur infligea exactement la peine qu'eux-mêmes avaient fait endurer aux bergers.
Muslim rapporte dans son Sahîh : D'après Suleyman at-Taymy, Anas a dit : "Le Prophète sws n'a fait crever leurs yeux que parce que eux-mêmes avaient fait la même chose aux bergers." (Voir sahih Muslim h.14/1671)
Baghawy rapporte : "D'après Anas, le Prophète sws n'a fait crever leurs yeux que parce qu'eux-mêmes avaient fait la même chose aux bergers et ils avivaient coupé les mains et les pieds des bergers".
Ainsi ces hommes ont été exécutés de la sorte en vertu de leur crime, meurtre des gardiens de chameaux, après les avoir faits horriblement souffrir – ils leur avaient crevé les yeux et les avaient laissé mourir de soif dans le désert.
En dehors des cas où le Talion s'impose et où le coupable se voit infliger les souffrances qu'il a lui même infligées, l'exécution doit se faire sans souffrance, car l'Islam n'est pas une religion promouvant la torture mais plutôt la réprouvant:
Hishâm ibn Hâkim Ibn Hizam (r.a.a) a dit qu 'il passa en Syrie devant des gens du Livre, exposés au soleil, parce qu'il n'avaient pas payé
Selon Shaddàd Ibn Aws (r.a.a), le Messager d'Allah (sws) a dit: "Allah a prescrit de faire humainement tout ce qu'on fait. Quand vous tuez, tuez humainement (c'est-à-dire sans excès de violence) et quand vous égorgez (une bête) égorgez humainement. Que l'un de vous aiguise bien son couteau et allège au maximum les souffrances de la victime". (Rapporté par Al-Bukhârî et Muslim)
Aussi, certaines personnes se demanderont : Pourquoi Muhammad (sws) n'a-t-il tout simplement pas pardonné ?
La réponse est simple : Le Prophète, sws, n'a pas été personnellement affecté mais ce sont les familles des victimes (les bergers) qui furent ébranlées par la mort des leurs.
L'application de la loi du talion ne dépend que de la volonté de la famille de la victime. Elle peut choisir entre l'acceptation du prix du sang (une somme devra être versée à la famille de la victime, non pas que de l'argent vaille la vie d'un homme mais ça peut les aider, surtout si c'est l'un de leur pourvoyeur qu'ils ont perdu) ou entre la loi du talion :
Sahih Muslim, Chapitre : Pèlerinage, Numéro 2414.
Abou Hourayra (que Dieu l'agrée) a dit : Quand Dieu le Tout-Puissant accorda à l'Envoyé de Dieu la victoire lors de la conquête de La Mecque, l'Envoyé de Dieu se leva parmi la foule, loua Dieu, proclama Sa gloire et dit : "Dieu a préservé La Mecque de l'Eléphant (Allusion à l'invasion d'Abraha); mais Il a rendu l'Envoyé de Dieu et les Croyants maîtres de cette ville. Elle a été rendue inviolable pour tous ceux qui m'ont devancé; elle n'a cessé d'être sacrée pour moi que durant un certain laps de temps, et elle ne cessera jamais de l'être après moi pour personne. Il est prohibé d'effaroucher son gibier, de couper ses épines, de ramasser les objets qu'on y trouve sinon pour annoncer leur trouvaille à leurs propriétaires. Les siens de celui qui y aura été victime d'un meurtre, auront le choix entre ces deux partis : ou bien l'acceptation du prix du sang ou bien l'exercice du talion contre le meurtrier". - "Ô Envoyé de Dieu! Fais une exception pour l'Idhkhir, demanda Ibn 'Abbâs, car nous faisons usage de cette plante dans nos tombes et nos maisons". - "Exception est faite pour l'Idhkhir", répliqua l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui). Alors un homme du Yémen, Abou Châh se leva et dit : "Ô Envoyé de Dieu! Qu'on me mette ceci par écrit". - "Mets ceci par écrit pour Abou Châh!", ordonna l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui).
Ainsi, si le Prophète Muhammad sws a ordonné la loi du talion, cela veut dire que les familles ont souhaité son application. Le Prophète, sws, invitait en permanence à pardonner comme le compagnon, Anas Ibn Malîk le dit : "Chaque fois qu'un cas où le talion était applicable était présenté au Prophète, il recommandait (aux proches de choisir) le pardon" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 4497).
Ceci parce que Dieu le dit dans le Coran :
5-45. Et Nous y avons prescrit pour eux vie pour vie, oeil pour oeil, nez pour nez, oreille pour oreille, dent pour dent. Les blessures tombent sous la loi du talion. Après, quiconque y renonce par charité, cela lui vaudra une expiation. Et ceux qui ne jugent pas d'après ce qu'Allah a fait descendre, ceux-là sont des injustes.
3-133. Et concourez au pardon de votre Seigneur, et à un Jardin (paradis) large comme les cieux et la terre, préparé pour les pieux,
3-134. qui dépensent dans l'aisance et dans l'adversité, qui dominent leur rage et pardonnent à autrui - car Dieu aime les bienfaisants
Le Prophète sws ne peut pardonner que dans le cas où le mal lui est destiné, non pas dans le cas où l'on fait du mal à autrui. Imaginez qu'un homme assassine le fils de votre voisin, puis lors du jugement du meurtrier vous intervenez en disant : "Je pardonne au meurtrier". Et le voisin risquera de rétorquer avec colère: "Mais est-ce mon fils ou le tient que je ne reverrai plus jamais?".
Sinon, le Prophète, sws, d'ordinaire pardonnait.
Aïsha rapporte, dans les recueils de Hadîths authentiques :
"… Le Prophète (paix et salut sur lui) ne répondait pas au mal par le mal, mais il pardonnait et ne tenait pas rigueur" (c'est-à-dire : n'était pas rancunier).
'Aïsha (que Dieu l'agrée) rapporte: "Chaque fois qu'on a laissé au Messager de Dieu (paix et salut sur lui) le choix entre deux solutions, il en prenait toujours la plus aisée tant qu'il ne s'agissait pas d'un péché. Quand c'était un péché il en était le plus éloigné. Le Messager de Dieu (paix et salut sur lui) ne s'est jamais vengé pour lui-même sauf quand l'une des limites sacrées de Dieu était transgressé et, dans ce cas, il se vengeait pour Dieu l'exalté" [4]
http://www.doctrine-malikite.fr/index.php?action=article&numero=62
Nous disposons justement d'un cas d'école pour expliquer cette nuance: Une femme juive de Khaybar fit cadeau une fois au Prophète sws, d'une brebis empoisonnée [ce qui est une preuve de la licité du fait d'accepter le cadeau d'un non-musulman]. Il en mangea ainsi qu'un de ses compagnons. Celui-ci décéda au contraire de Muhammad sws. Puis l'on demanda au Prophète si il fallait exécuter cette juive. Mais il répondit que "non", et lui pardonna, à titre individuel. Elle sera finalement tuée par la suite à la demande de la famille du compagnon du Prophète sws en vertu de la loi du Talion.
Sahih Muslim, Chapitre : Salut, Numéro 4060.
D'après Anas (que Dieu l'agrée), une juive avait offert une brebis empoisonnée a l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) qui en mangea. On amena cette juive à l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) qui lui demanda pour quelle raison elle avait fait cela, elle lui répondit : "Pour te tuer". Il répliqua : "Dieu ne t'aurait pas donné ce pouvoir pour cela", ou "sur moi". Les hommes dirent au Prophète : "Nous la tuerons?". - "Non", répondit-il. Anas ajouta : "Ces traces de l'empoisonnement, il me semble encore les voir sur la luette de l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui)". (La maladie du Prophète était alors caractérisée par une altération de la luette)