Crucifixion & Contradiction : Jésus est-il mort le 14 ou le 15 Nisan?


Le vendredi saint représente le jour où Jésus aurait été crucifié. Ce jour serait le 15 du moi de Nisan. Cependant, les Chrétiens ne sont pas unanimes quand à savoir s'il s'agissait du 15, ou bien du 14. C'est là un sujet très difficile concernant le dogme de la crucifixion de Jésus. Les savants chrétiens ont toujours divergé sur cette date très importante. Mais ils ne sont pas les seuls, puisqu'avant eux, les évangélistes n'étaient déjà pas d'accord entre eux. Nous vous présentons donc quelques commentaires de savants chrétiens à ce sujet :

 


La Bible Annotée :

 

Comme nous abordons, avec  #Jn 13, le récit de la Passion du Sauveur, c'est ici le lieu de donner une vue d'ensemble de cette question chronologique, l'une des plus obscures que soulève l'histoire évangélique. La tradition unanime désigne le vendredi comme le jour où Jésus mourut. L'incertitude commence quand il s'agit de déterminer les relations de cet événement avec la Pâque juive et de fixer le jour du mois où il eut lieu. Les uns, se fondant sur les données, à leurs yeux inattaquables, des synoptiques, disent que Jésus prit le dernier repas avec ses disciples le soir du 14 Nisan, à l'heure où tous les Juifs mangeaient l'agneau pascal, et qu'il mourut sur la croix le 15 Nisan le grand jour de la fête de Pâque. Les autres, s'appuyant sur des indications du quatrième évangile qui ne leur paraissent pas susceptibles d'être détournées de leur sens premier et naturel, estiment que le dernier repas eut lieu le soir du 13 Nisan et que Jésus est mort le 14. La discussion remonte aux premiers siècles. Elle fut compliquée, dès l'origine, par une polémique d'ordre liturgique entre les Eglises d'Occident et celles d'Asie Mineure, connue sous le nom de dispute pascale. (Voir introduction, p. 39.) Nous ne reviendrons pas sur cette dispute, car, de l'avis même des défenseurs de la chronologie des synoptiques, elle ne fournit pas d'argument péremptoire pour décider à quelle date Jean s'est arrêté dans son évangile. Ce débat divise les savants les plus compétents. Olshausen, Tholuck, Wieseler, Ebrard, Hengstenberg, Riggenbach, Lange, MM. Luthardt, Keil, Zahn se prononcent pour le 14-15 Nisan, et estiment généralement pouvoir accorder avec cette date les données du quatrième évangile. La date du 13-l4 Nisan est adoptée par de Wette, Lücke, Bleek, Néander, Meyer, MM. Weiss, Beyschlag, Godet, Chastand.

 

1° En faveur de la date du 14-15 Nisan, on invoque les passages suivants: #Mt 26:17 "Le premier jour des pains sans levain (14 Nisan), les disciples s'approchèrent de Jésus, en disant: Ou veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque?" -#Mr 14:12 "Et le premier jour des pains sans levain, quand on immolait la Pâque, ses disciples lui disent: Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque?" -#Lu 22:7 "Or, le jour des pains sans levain arriva, dans lequel devait être immolée la Pâque." Il ne peut y avoir aucune hésitation sur la date, clairement indiquée par ces passages. Or les données des synoptiques ont une valeur très grande à cause des rapports du premier évangile avec l'apôtre dont il porte le nom, et de Marc avec l'apôtre Pierre. Du reste, les indications fournies par les trois premiers évangélistes ne sont pas des opinions individuelles: elles représentent la croyance de l'Eglise entière jusque vers l'an 80. Elles ont de plus pour elles leur vraisemblance. Le dernier repas que Jésus prit avec ses disciples fut le repas pascal des Juifs. Cela ressort du récit des préparatifs dans les synoptiques et d'une parole telle que celle-ci: "J'ai ardemment désiré de manger cette Pâque avec vous avant que je souffre." {#Lu 22:15} Or Jésus ne pouvait prendre le repas pascal qu'à l'heure où tout Israël le prenait, le soir du 14 Nisan (commencement du 15). Les ordonnances de la loi étaient formelles. (#Ex 12:6 et suiv., #Le 23:5,6 No 28:16-18,de 16:2,3) L'agneau pascal devait être immolé dans le temple, et l'on ne procédait pas à ce sacrifice avant le jour fixé. Admettant pour ces raisons, que Jésus a mangé la Pâque le 14 Nisan et est mort le 15, les interprètes et les historiens qui reconnaissent l'authenticité du quatrième évangile ou du moins attribuent quelque valeur à ses données historiques, sont obligés d'accuser l'évangéliste d'une erreur, imputable à "une préoccupation dogmatique: il fait mettre Jésus en croix le 14 Nisan, à l'heure même où l'on immolait l'agneau pascal, parce qu'il voit un rapprochement à faire entre les deux actes." (Stapfer.) Ou bien, pour maintenir l'exactitude de ses données chronologiques, ils doivent chercher à les interpréter de telle sorte qu'elles fixent, aussi bien que celles des synoptiques, le dernier repas de Jésus au 14 Nisan.

 

2° Ceci nous amène à faire un rapide examen des passages de notre évangile, desquels on peut déduire la date que Jean assignait au dernier souper. #Jn 12:1 "Six jours avant la Pâque Jésus arriva à Béthanie." Cette arrivée ne put avoir lieu le samedi, car Jésus n'aurait pas fait un jour de sabbat le voyage de Jéricho à Béthanie. Elle doit être fixée au vendredi soir. Or, en comptant six jours depuis ce vendredi, Jean place au jeudi le commencement de la Pâque; ce jeudi était donc, pour lui comme pour les premiers évangélistes, le 14 Nisan. Voici le défaut de ce raisonnement: rien ne démontre que Jean ait compté le vendredi comme le premier des six Jours qu'il indique. Le contraire est aussi probable, car Jésus arrive sans doute vers le soir à Béthanie, et le sabbat commençait pour les Juifs le vendredi au coucher du soleil. Le passage invoqué ne tranche la question ni dans un sens ni dans l'autre. -#Jn 13:1. Avant la fête de Pâque...Est-il naturel que Jean désigne ainsi la soirée du 14-15 Nisan, le moment du repas pascal, principal acte de la fête! C'est en vain que l'on cite #No 28:16 et suiv., #Le 23:5 et suiv.; où la fête des pains sans levain semble ne commencer que le lendemain 16 Nisan. Dans ces passages mêmes, le 14 est appelé la Pâque, et d'ailleurs on mangeait des pains sans levain au repas pascal. #Ex 12:8 Jos 5:10,11 et #Mt 26:17 (voir la note) mettent hors de doute que la fête de Pâque commençait pour les Juifs avec la soirée du l4 Nisan. -#Jn 13:29. Judas n'aurait pu "acheter ce dont on avait besoin pour la fête" dans cette soirée du 14, où toutes les familles étaient assemblées dans leurs demeures autour de l'agneau pascal. Les partisans du 14 Nisan répondent que, si nous étions au 13 Nisan, toute la journée du lendemain resterait pour ces emplettes et l'idée ne viendrait pas aux disciples que Jésus pût envoyer Judas les faire sur l'heure même. -#Jn 18:28 "Ils n'entrèrent point eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas se souiller et de pouvoir manger la Pâque." Ce passage est décisif aux yeux de la plupart des interprètes. Les Juifs n'avaient pas encore mangé l'agneau pascal; ils s'apprêtaient à le manger le soir de ce jour. Ce jour était donc, d'après notre évangile, le 14 Nisan. Ceux qui le contestent sont obligés de donner à l'expression "manger la Pâque," le sens indéterminé de célébrer la fête de Pâque. Cette interprétation est peu probable, malgré les arguments spécieux dont on essaie de l'appuyer. -#Jn 19:14,31 "C'était la préparation de la Pâque, ce jour de sabbat était un grand jour." Le terme de "préparation," n'est pas seulement la désignation usuelle du vendredi veille du sabbat, {#Mr 15:42} puisque l'évangéliste ajoute expressément "de la Pâque;" de plus, si le sabbat du lendemain était "un grand jour," c'est qu'il coïncidait cette année-là avec le premier jour des pains sans levain, 15 Nisan. L'interprétation naturelle de tous ces passages de notre évangile nous oblige donc à admettre que, d'après lui, Jésus a pris son dernier repas avec ses disciples le soir du 13 Nisan et est mort le 14 Nisan. Cette donnée constitue-t-elle une erreur? Nullement. Elle nous paraît beaucoup plus vraisemblable que celle des synoptiques. La nuit du 14 au 15 Nisan avait tous les caractères d'un sabbat solennel. {#Ex 12:16} Le Talmud confirme cette indication de la loi et mentionne parmi les actes défendus le port des armes, les séances de tribunal, le prononcé d'une sentence et les exécutions. D'après #Ex 12:22 De 16:5-7, on ne pouvait quitter sa demeure ni, en tous cas, sortir de la ville pendant la nuit du repas pascal. Or Judas ne doute pas que Jésus ne se rende cette nuitlà, selon sa coutume, en Gethsémané; la troupe qu'il y conduit est composée de serviteurs du sanhédrin qu'accompagnent même les sacrificateurs et des pharisiens, le sanhédrin s'assemble, délibère et prononce un jugement, peu avant le crucifiement, Simon de Cyrène revient des champs, où il avait travaillé, selon toute probabilité, Jésus est crucifié, il est vrai, par des soldats romains, mais les chefs juifs font toutes sortes de démarches peu compatibles avec la célébration de la fête. Si nous étions le premier et grand jour de la fête de Pâque, leur conduite formerait un contraste étrange avec les scrupules du roi Hérode Agrippa, qui n'ose juger et exécuter Pierre pendant la fête. {#Ac 12:3,4} Eux, qui firent si souvent à Jésus un crime de violer le sabbat, auraient ainsi oublié toutes les prescriptions de la loi qui assimilait le grand jour de Pâque à un sabbat. Le fanatisme ne peut expliquer une telle attitude; ils n'en sont du reste pas tellement dominés, puisqu'ils évitent d'entrer dans le prétoire, {#Jn 18:28} réserve qui n'était pas de nature à disposer Pilate en leur faveur. Ajoutons enfin qu'après la mort de Jésus, Joseph d'Arimathée achète un linceul, {#Mr 15:46} et que les femmes renoncent à embaumer Jésus, parce que le sabbat approche. {#Lu 23:56}. Tous ces faits semblent prouver que le jour de la mort de Jésus n'était pas un jour de fête. Or la plupart d'entre eux sont rapportés par le récit des synoptiques; ceux-ci contredisent ainsi la date qu'ils assignent euxmêmes aux événements. L'erreur qu'ils ont commise, sans en avoir conscience, s'explique par le fait que dans ce dernier souper avec ses disciples Jésus avait tenu à manger avec eux la Pâque {#Lu 22:15} et qu'il s'était conformé au rituel de la cérémonie juive.

 

La tradition admit pour cette raison que le repas avait eu lieu au jour fixé par la loi. Elle perdit de vue que Jésus avait anticipé la célébration de la Pâque, circonstance secondaire dont le souvenir put fort bien s'effacer. Que des narrations nées spontanément des besoins de la prédication et dont l'exactitude chronologique était le moindre souci, aient commis une erreur d'un jour en plaçant au 14 et au 15 Nisan des événements qui s'étaient accomplis le 13, et le 14, cela n'est nullement inadmissible. Nos deux premiers évangiles n'ont-ils pas placé le repas de Béthanie "deux jours" avant la Pâque? {#Mr 14:1-9 Mt 26:6, note.} Si leurs rédacteurs et leurs premiers lecteurs ne se sont pas fait les objections que nous avons exposées ci-dessus, c'est qu'ils attribuaient au fanatisme ces violations de la loi commises par les autorités sacerdotales et y voyaient une aggravation du crime dont elles s'étaient rendues coupables en tuant le Messie. L'erreur de Jean, au contraire, ne saurait être expliquée. Un défaut de mémoire est inadmissible de la part du disciple qui avait suivi les événements avec un calme courage et qui en demeure le principal témoin. Et l'on ne saurait sans injustice l'accuser d'avoir volontairement antidaté la mort de Jésus pour obéir à des préoccupations dogmatiques. Lui seul, au contraire, avait l'autorité nécessaire pour corriger la tradition qui s'était établie. S'il ne la rectifie pas en termes plus exprès, c'est qu'une telle rectification ne s'accordait pas avec le caractère de sa narration. Il lui suffisait, par les détails de celle-ci, de replacer les faits à leur vraie date. Objectera-t-on à cette date que Jésus ne pouvait se séparer de son peuple et déroger à la coutume établie par la loi en célébrant le repas pascal la veille du jour fixé? Mais celui qui se proclamait "le Seigneur du sabbat" ne pouvait-il se permettre cette légère infraction au rituel pascal, au moment surtout où il allait lui substituer un rite nouveau? Il était du reste excommunié ainsi que ses disciples, les sacrificateurs auraient refusé d'immoler pour lui un agneau dans le temple. Il était obligé de célébrer cette Pâque d'une manière indépendante: c'est ce qui le conduisit à l'anticiper. Cette anticipation n'est elle pas indiquée dans le message qu'il envoie au propriétaire de la chambre haute? "Mon temps est proche; que je fasse la Pâque chez toi avec mes disciples." {#Mt 26:18} Comme le remarque M. Godet, "la seule relation satisfaisante à établir entre ces deux propositions est celle-ci: il faut que je me hâte, car demain ce sera trop tard; je ne serai plus là, fais donc en sorte que je puisse manger immédiatement la Pâque chez toi (verbe au présent)." Le disciple bien-aimé nous fait lire dans le coeur de son Maître, il peint en quatre traits les circonstances extérieures et intérieures au milieu desquelles Jésus s'abaissa jusqu'à laver les pieds de ses disciples. Bible Annotée sur Jean 13.1.

 


-C'est ici le second passage de notre évangile {comp. #Jn 13:1, note} d'où l'on tire un indice que ce repas ne pouvait avoir lieu le soir du 14 Nisan, selon la chronologie des synoptiques; car comment acheter ce qu'il fallait pour la fête, puisque la fête était commencée par son acte le plus important, et que, dès lors, des achats ne devaient plus être permis? Les défenseurs de la date fournie par les synoptiques répondent qu'il s'agissait de provisions pour toute la durée de la fête. Ils citent le passage #Ex 12:16 d'après lequel la foi autorisait les familles israélites, même le 15 nisan, à "préparer la nourriture de chaque personne," et en concluent qu'on pouvait même faire des achats; conclusion quelque peu forcée. Ils objectent, d'autre part, que si ce repas avait eu lieu le 13, les disciples ne penseraient pas qu'il fallût faire en toute hâte des approvisionnements pour la fête, puisque le lendemain restait pour cela tout entier. Mais ils peuvent avoir interprété ainsi l'ordre de Jésus sans avoir compris ses motifs. Bible Annotée sur Jean 13.29.

 


-C'est ici le passage principal de notre évangile sur lequel se fondent les interprètes qui admettent que Jean, contrairement aux synoptiques, place la mort de Jésus au 14 Nisan. {Voir #Jn 13:1, note.} Nous voyons, en effet, les Juifs craindre de se souiller et de ne pouvoir manger la Pâque. Cette expression manger la Pâque signifie ordinairement manger l'agneau pascal. Ceux qui pensent que nous sommes au 15 Nisan s'efforcent d'étendre cette expression à la célébration de la fête tout entière. Mais les passages cités {#De 16:2,3 2Ch 30:22 35:7-9} sont peu concluants. Bible Annotée sur Jean 18.28.

 


Ce moment, le plus important de l'histoire, où le Sauveur du monde va être livré et crucifié, est si solennel pour notre évangéliste, qu'il interrompt son récit pour en marquer le jour et l'heure. Mais, chose étrange, ce jour et cette heure sont l'un et l'autre devenus un sujet de controverse! {Voir #Jn 13:1, note.} L'expression, la préparation de la Pâque, est traduite par les interprètes qui pensent que Jésus fut crucifié le 15 Nisan: "le vendredi de la semaine de Pâque," le mot préparation désignant parfois le vendredi, veille du sabbat. Bible Annotée sur Jean 19.14.

 


-Cette observation faite par Marc, que Simon revenait des champs, est un des arguments sur lesquels s'appuient ceux qui pensent que le jour de la mort de Jésus était le 14 nisan et non le 15, grand jour de la fête de Pâque, où le repos sabbatique était prescrit. L'expression revenir des champs semble en effet impliquer qu'il était allé travailler et non faire une simple promenade, comme l'ont prétendu quelques interprètes. Le procès et l'exécution de Jésus, avec toutes les allées et venues auxquelles ils donnèrent lieu s'accorderaient du reste difficilement avec un jour de repos légal et de grande fête religieuse. Bible Annotée sur Marc 15.21.


 

Quant à la date du jour où Jésus célébra la Pâque, l'évangile de Jean indique le 13 nisan, tandis que les synoptiques paraissent la fixer au 14 nisan. Bible Annotée sur Luc 22.1.

 

 

Frédéric Godet :


La seconde erreur non moins grave que l'on reproche à notre évangile, c'est la contradiction qui doit exister entre son récit et celui de Jean à l'égard du jour de la mort de Christ. D'après Jean, en effet, {comparez #Jn 13:1,29 18:28 19:31} Jésus a été crucifié le 14 nisan, jour où l'on immolait dans l'après-midi l'agneau et où l'on célébrait le soir le repas pascal. D'après Matthieu et les deux autres synoptiques, comme nous l'avons dit déjà, on est au contraire porté à admettre que la mort de Jésus n'eut lieu que le lendemain, dans l'après-midi du 15 nisan, le grand jour sabbatique qui ouvrait la semaine pascale. Frédéric Godet, introduction au Nouveau testament, les Evangiles synoptique, l'Evangile selon Matthieu, II.5 : La vérité des récits renfermés dans le premier évangile.

 

 

Johnson :


Le premier jour des pains sans levain. Strictement parlant, le 15 du mois de Nisan (à cheval sur nos mois de mars et avril), après que l'agneau pascal fut tué, mais ici le 14ème jour. (Jeudi). Voir #Ex 12:16 Ceci amène une des questions les plus difficiles sur la chronologie de l'Ecriture: est-ce que le Seigneur fit la Pâque un jour avant la Pâque Juive régulière, ou bien au moment normal. De nombreuses autorités soutiennent qu'il l'a mangée le jour précédent et qu'il est mort le jour où les agneaux de la Pâque étaient tués. Le récit de Jean, disant que le repas fut mangé, le Seigneur trahi et condamné avant la Pâque, semble positif. #Jn 19:14. Commentaire de Johnson sur Matthieu 26.17.

 


Le jour des pains sans levain ... arriva. Josèphe appelle aussi bien le quatorzième que le quinzième jour du mois de Nisan, "le jour des pains sans levain." Beaucoup d'érudits, dont Calvin, supposent que la Pâque du Seigneur fut mangée un jour avant que les Juifs ne mangent la leur, et ainsi il est mort au moment où les agneaux pascals étaient tués pour la Pâque des Juifs. Commentaire de Johnson sur Luc 22.7.

 


C'était la préparation de la Pâque, et environ la sixième heure. Jean indique le moment exact où ce jugement célèbre fut rendu. Il était environ six heures du matin, le vendredi, le jour de la préparation de la Pâque. Marc dit que la crucifixion a commencé à la troisième heure, donc neuf heures du matin, puisque les Juifs faisaient débuter la journée à six heures. Jean a écrit de nombreuses années plus tard, après que Jérusalem fut tombée, parmi un peuple qui comptait à partir de minuit, comme le faisait tout le monde Romain. C'est pourquoi il parle de la sixième heure, et non de la première comme le faisaient les Juifs. Christ et ses apôtres ont déjà mangé la Pâque. Comment ce jour là pouvait-il être le jour de la préparation de la Pâque? Au milieu de différentes suppositions, on ne peut expose que ce qui semble la meilleure hypothèse:

   (1) Il est certain que Christ a fait un repas le soir précédent, dans la Chambre Haute, et que ce repas fut appelé une Pâque.

   (2) Il est certain que les Juifs n'avaient pas mangé la pâque à ce moment là. #Jn 18:28

   (3) Il semble clair que Christ, désireux de manger cette Pâque, l'a mangée par avance sur le temps normal, pour que lui, le véritable Agneau Pascal, "Notre Pâque," puisse être offert le même jour où la Pâque était mangée. #Lu 22:15 Les sacrificateurs ont fait le procès et l'exécution de Jésus, car ils devaient procéder à la préparation de la Pâque ce soir là. De la même manière que la Sainte Cène (le Souper du Seigneur) fut une anticipation des souffrances sur la croix, la dernière Pâque du Seigneur fut aussi une anticipation. La question soulève des difficultés, mais cette réponse en vaut d'autres. Commentaire de Johnson sur Jean 19.14.



Le Dictionnaire de Westphal :

Fait plus extraordinaire encore, les deux traditions diffèrent relativement à la date de la mort de Jésus: d'après les Synoptiques, ce fut «le premier jour des pains sans levain, où l'on immolait la Pâque» {#Mr 14:1 et suivant}, soit le 14 nisan, {voir #Ex 12:6,le 23:5} que Jésus célébra la Cène, et le lendemain 15 nisan qu'il fut crucifié; tandis que, d'après #Jn 13:1, la Pâque n'avait pas encore commencé lorsque Jésus prit avec les Douze son dernier repas, qui, à première vue, n'eut rien d'un repas pascal; on voit aussi qu'à l'aube suivante, lorsque les chefs, qui venaient de le condamner, se rendirent auprès de Pilate pour obtenir ratification de la sentence, ils évitèrent d'entrer dans le prétoire «afin de ne pas se souiller et de pouvoir manger la Pâque» {#Jn 18:28}; de plus, le passage #Jn 19:14 dit expressément que «c'était la préparation de la Pâque», ce qui fixe indiscutablement au 14 nisan la mort de Jésus (voir Chronol. du N.T., I, 4).  Dictionnaire Encyclopédique de la Bible Westphal, JEAN (évangile de) 2. II Rapports avec les évangiles synoptiques. 1. LE MINISTERE DE JESUS, b.


Simon Claude Mimouni dit :

Pour obtenir plus de précision, il faut aborder un problème posé par le fait que les évangiles synoptiques et l'Evangile selon Jean ne s'accordent pas sur la date de ce vendredi. D'après les évangiles synoptiques (Mc 14,12; Lc 22,8.11.15), Jésus a célébré le repas pascal le jeudi soir et il est mort le lendemain en pleine Pâque. Les jours chez les Judéens se comptent à partir du soir, exactement au moment où la première étoile se lève. La fête de Pâque dure sept jours, du 15 au 21 Nisan : le 14 Nisan est le jour de la préparation, durant lequel on immole les agneaux au Temple et l'on enlève le levain des maisons. La chronologie selon les évangiles synoptiques s'établit donc ainsi : le jeudi 14 Nisan - jour de préparation de la fête, Jésus célèbre le repas pascal; le vendredi 15 Nisan - premier jour de la fête, mort de Jésus. D'après l'Evangile selon Jean, le vendredi de la mort de Jésus correspond au jour de préparation de la fête. Les Judéens qui conduisent Jésus chez Pilate ne sont pas entrés dans sa résidence "pour ne pas se souiller et pouvoir manger la Pâque" (Jn 18,28). Jésus meurt donc au moment où les agneaux sont immolés dans le Temple - la fête de Pâque n'est pas commencée. La chronologie selon Jean s'établit donc ainsi : le vendredi 14 Nisan -jour de préparation de la fête, mort de Jésus; le samedi 15 Nisan - premier jour de la fête. Le calcul astronomique permet de savoir en quelles années le 15 Nisan est tombé un vendredi et en quelles années le 14 Nisan tombe un vendredi. Pour le vendredi 15 Nisan (les évangiles synoptiques), on obtient la date du 27 avril 31. Pour le vendredi 14 Nisan (le quatrième évangile), on obtient les dates du 7 avril 30 et du 3 avril 33 - l'année 27 est également possible. Peut-on choisir entre la chronologie des évangiles synoptique et celle de l'Evangile selon Jean? Les historiens sont partagés sur la question. Un argument d'importance paraît toutefois devoir faire opter définitivement pour la chronologie de l'Evangile selon Jean : il est déraisonnable de penser qu'on ait pu passer outre les règles juridiques et procéder à une exécution durant la fête de Pâque. C'est donc pour des motifs d'ordre théologique que les évangiles synoptiques ont fait du dernier repas de Jésus un repas pascal : l'exactitude chronologique s'est effacée devant la nécessité symbolique visant à montrer que le dernier repas de Jésus a été un repas du passage et de la libération. La chronologie johanique conduit d'ailleurs vers une autre symbolique, puisqu'au moment où Jésus meurt, les agneaux par milliers sont immolés sur le parvis du Temple comme la tradition pascale l'impose.

Une tradition du Talmud de Babylone, du IIe siècle, conforte la chronologie de l'Evangile selon Jean puisqu'elle rapporte que Jésus a été pendu au bois de la veille de Pâque (TB Sanhedrin, 43 a).

Des trois années 27, 30 et 33 retenues par le calcul astronomique, la plus probable est l'année 30 : la date de 27 est en effet trop précoce et celle de 33 trop tardive. On retiendra donc que selon toute vraisemblance Jésus est mort le 7 avril de l'année 30, à l'âge sans doute de 36 ans. Le Christianisme des origines à Constantin, Simon Claude Mimouni, Pierre Maraval, Jésus de Nazareth de la tradition à l'histoire, II Question chronologiques relatives à Jésus, B. Date de la mort de Jésus, page 62-63.


 

La Bible Annotée, ainsi que plusieurs savants, notamment Calvin et Godet, pensent que les synoptiques (Matthieu, Marc et Luc) qui disent que Jésus a été crucifié le 15 Nisan se sont trompés, et que c'est l'auteur du quatrième évangile qui dit que Jésus a été crucifié le 14 Nisan qui a dit vrai. Cette contradiction entre les auteurs des Évangiles qui étaient inspirés du Saint-Esprit constitue un véritable problème qui atteint le plus grand dogme du Christianisme, la crucifixion de Jésus.

 

 

 

 

 




02/11/2008
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