Sam Shamoun, missionnaire chrétien, tente de prouver que le Coran considère les femmes comme impures. Pour se faire, il cite le passage Coranique suivant :

4.43
les croyants ! N'approchez pas de la Salat alors que vous êtes ivres, jusqu'à ce que vous compreniez ce que vous dites, et aussi quand vous êtes en état d'impureté [pollués] - à moins que vous ne soyez en voyage - jusqu'à ce que vous ayez pris un bain rituel. Si vous êtes malades ou en voyage, ou si l'un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins, ou si vous avez touché à des femmes et vous ne trouviez pas d'eau, alors recourez à une terre pure, et passez-vous-en sur vos visages et sur vos mains. Allah, en vérité est Indulgent et Pardonneur.


Puis, il affirme que certains savants ont affirmé que le sens du terme "touché" était absolu. Ainsi, toute personne qui touche une femme devrait refaire ses ablutions. Néanmoins, bien que certains savants ont approuvé cette vue, ceci est incorrect, comme nous allons le voir.

En fait, parmi les compagnons et les suiveurs qui ont dit que le mot "lamastum" se rapportent aux rapports sexuels sont : Ibn Abbâs, Moujahid, Qattada , Alî Ibn Abî Talîb, Al-Hassan, Masrouq, et d'autres savants. Les compagnons qui ont dit que le mot "lamastum" se rapportent à n'importe quel touché sont Ibn Umar, Ibn Mas'oud, et d'autres savants.


Après avoir cité les deux interprétations du mot "lamastum", al-Tabari dit :

L'avis le plus pertinent et qui est authentique est la parole de ceux qui ont dit à propos de la parole de Dieu "si vous avez touché à des femmes" [qu'il se rapporte] au rapport conjugal, autre que les attouchements quelconques, conformément aux preuves authentiques relatant le fait que le Prophète (sws) embrassait certaines de ses femmes puis priait sans refaire les ablutions. 'Urwa rapporte que Aïcha rapporte : "Le Prophète (sws) faisait ses ablutions, puis embrassait, puis priait sans refaire ses ablutions". 'Urwa rapporte que Aïcha a dit: "Le Prophète (sws) faisait ses ablutions puis embrassait puis priait sans refaire les ablutions". 'Urwa rapporte que Aïcha dit : "Le Prophète (sws) embrassait certaines de ces femmes puis sortait pour la prière sans refaire ses ablutions" J'ai dit : "Qui est-ce, sinon toi?". "Alors elle a rigolé". Zaynab al-Sahmy rapporte selon le Prophète (sws) qu'il embrassait, puis priait sans refaire les ablutions". Selon Layth, selon 'Ata, selon Abi Rouq et selon Ibrahim al-Taymy, Aïcha dit : Le messager de Dieu (sws) embraissait (ses femmes) après avoir fait les ablutions, et ne refaisait pas ses ablutions. Oum Salama rapporte : "Le Prophète (sws) l'embrassait alors qu'il jeunait, sans manger, et ne refaisait pas ses ablutions". Selon les faits authentiques que nous avons rapportés à propos du messager de Dieu (sws), il y a les preuves évidentes que le touché dans ce contexte est le touché des relations conjugales, non pas tous les sens du touché, comme dit le poète : ... Tafsir al-Tabari, sourate 4.43. (Voir aussi Ibn Kathir qui reprend l'explication et les hadiths rapporté par al-Tabari.)


Al-Chawkani démontre le véritable sens de "lamastum" est celui des rapports conjugaux. Pour cela, il cite les hadiths qui le démontrent :

Il a été rapporté selon Aïcha qu'elle a dit : Le Prophète (sws) faisait ses ablutions, puis embrassait (ses femmes) et ne refaisait pas ses ablutions. Ce hadith a été rapporté avec des rapporteurs différents. Ahmad, ibn Abi Chayb, Abou Dawud, Al-Nassaï, et ibn Maja l'ont rapportés, et à propos de ce qui a été dit qu'il a été rapporté de Habib Abi Thabat, selon 'Urwa, d'après Aïcha, et il n'a pas entendu de 'Urwa, Ahmad a rapporté dans sa chaine d'après le hadith de Hicham ben 'Urwa, selon son père, selon Aïcha, et Ibn Jarir l'a rapporté selon Layth, d'après 'Ata, selon Aïcha, l'ont rapportés Ahmad, et Abou Dawud, et al-Nassaï selon Abi Rouq al-Hamdani, selon Ibrahim al-Taymy, selon Aïcha, et l'a aussi rapporté ibn Jarir du hadith de Oum Salma, et il l'a aussi rapporté du hadith de Zaynab al-Sahmy. Et une partie du hadith de Oum Salama [dit] : Le Prophète (sws) l'embrassait alors qu'il jeunait, et ne mangeait pas, et ne refaisait pas ses ablutions. Et une partie du hadith de Zaynab [dit] : Le Prophète (sws) embrassait, puis priait, sans refaire les ablutions. Et Ahmad l'a rapporté, selon Zaynab al-Sahmy, d'après Aïcha. Tafsir al-Chawkani, sourate 4.43.


En somme, voici ceux qui ont rapporté dans leurs recueils les hadiths authentiques rapportant que le Prophète (sws) embrassait ses femmes :

Rapporté par al-Tabari, jugé authentique, voir tafsir sourate 4.43.

Rapporté par al-Albany, jugé authentique, voir machkat al-Massabih page 308.

Rapporté par Abou Dawud, jugé authentique par al-Albany, voir Sahih Abou Dawud page 179.

Rapporté par Al-Tarmidhi, jugé authentique par al-Albany, voir Sahih Tarmidhi page 86.

Rapporté par al-Nassaï, jugé authentique par al-Albany, voir Sahih Al-Nassaï page 170

Rapporté par ibn Daqiq al-'ayd, les transmetteurs sont compris dans ceux de Bukhari et Muslim, voir al-Ilmam 1/81.

Rapporté par Ahmad Charak, jugé authentique, voir 'Amda at-Tafsir 1/515.

Rapporté par Mala aly Qary, jugé authentique, voir Charh mousnad Abi Hanifa page 204.


Remarque : Il existe encore des hadiths qui ne sont pas faibles mais jugé bon que nous n'avons pas cité.

Il est donc plus qu'évident que le sens du mot "lamastum" dans le verset 4.34 ne peut avoir pour seul sens que le fait d'avoir des rapports intimes avec sa femme.

Ibn Outheimine donne une autre raison comme quoi le mot "lamastum" concerne les rapports conjugaux :

Le savant peut avoir eu connaissance de la preuve mais l'a comprise d'une manière différente de ce qui y est dit.

Nous donnons deux exemples pour illustrer ce point. Le premier est tiré du Coran, le second de la Sounna :

1.      Du Coran: Allah le Très Haut, dit: « Mais si vous êtes malades, ou en voyage, ou si l'un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins ou si vous avez touché aux femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, alors recourez à la terre pure… »  [Les Femmes, v.43 et la Table Servie, v. 6.].

Les savants ont divergé sur le sens du passage : "ou si vous avez touché aux femmes". Les uns pensent que c'est le toucher au sens absolu. D'autres pensent que c'est le toucher accompagné de désir. D'autres encore pensent que le verset fait allusion aux rapports charnels. Ce dernier avis est celui d'Ibn 'Abbâs – qu'Allah soit satisfait d'eux. Si nous examinons attentivement le verset, nous voyons que c'est le dernier groupe qui a raison. En effet, Allah a cité deux genres de purification avec de l'eau : la purification des impuretés majeure et mineure. Pour l'impureté mineure, Il a dit : " lavez vos visages et vos mains jusqu'aux coudes; passez les mains mouillées sur vos têtes; et lavez-vous les pieds jusqu'aux chevilles " [La Table Servie, v.6.].

Et pour l'impureté majeure Il a dit : " Et si vous êtes pollués "jounoub", alors purifiez-vous (par un bain) " [La Table Servie, v.6.]. L'éloquence coranique exigerait qu'on fasse aussi mention pour le Tayammoum des causes de chacune des deux purifications. Le passage " ou si l'un de vous revient du lieu où il a fait ses besoins " fait référence à ce qui exige la purification de l'impureté mineure. En revanche, le passage " ou si vous avez touché aux femmes " parle de ce qui exige la purification de l'impureté majeure. Si nous considérons que le toucher dans le verset indique le sens absolu du toucher, le verset aura donc mentionné deux raisons différentes nécessitant la purification mineure, mais aucun fait qui requière une purification de l'impureté majeure. Ceci est contraire à ce qu'implique l'éloquence coranique. Ceux qui ont compris que le verset renvoie au sens absolu du toucher disent qu'un homme doit refaire ses ablutions lorsqu'il touche la peau d'une femme. Ou bien, s'il la touche avec désir il doit refaire ses ablutions, mais ne doit pas les refaire dans le cas contraire. Mais en réalité, les ablutions ne sont annulées dans aucun des deux cas. En effet, on rapporte selon des chaînes de transmission qui se fortifient les unes les autres, que le Messager d'Allah (Prières et bénédiction d'Allah sur lui), a embrassé l'une de ses femmes, et est ensuite sorti pour faire la prière sans refaire ses ablutions. Sheikh Muhammad Ibn Salih Al 'Outhaymine, Les divergences d'opinions entre les savants...Leurs causes et la position à adopter face à ce genre de situation.



Pour terminer, c'est le Coran lui même qui témoigne en notre faveur de l'interprétation d'Ibn Abbâs puisque toutes les autres fois où Dieu a utilisé le mot "lamasa", cela se rapportait indubitablement aux relations conjugales :

2.236
Vous ne faites point de péché en divorçant d'avec des épouses que vous n'avez pas touchées, et à qui vous n'avez pas fixé leur mahr . Donnez-leur toutefois - l'homme aisé selon sa capacité, l'indigent selon sa capacité - quelque bien convenable dont elles puissent jouir. C'est un devoir pour les bienfaisants.

2.237
Et si vous divorcez d'avec elles sans les avoir touchées, mais après fixation de leur mahr, versez-leur alors la moitié de ce que vous avez fixé, à moins qu'elles ne s'en désistent, ou que ne se désiste celui entre les mains de qui est la conclusion du mariage. Le désistement est plus proche de la piété. Et n'oubliez pas votre faveur mutuelle. Car Allah voit parfaitement ce que vous faites.

3.47
Elle dit : «Seigneur ! Comment aurais-je un enfant, alors qu'aucun homme ne m'a touchée ? » - «C'est ainsi ! » dit-Il. Allah crée ce qu'Il veut. Quand Il décide d'une chose, Il lui dit seulement : «Sois»; et elle est aussitôt.

19.20
Elle dit : «Comment aurais-je un fils, quand aucun homme ne m'a touchée, et je ne suis pas prostituée ? »

33.49
Ô vous qui croyez ! Quand vous vous mariez avec des croyantes et qu'ensuite vous divorcez d'avec elles avant de les avoir touchées, vous ne pouvez leur imposer un délai d'attente . Donnez-leur jouissance [d'un bien] et libérez-les [par un divorce] sans préjudice.

58.4
Mais celui qui n'en trouve pas les moyens doit jeûner alors deux mois consécutifs avant d'avoir aucun contact [conjugal] avec sa femme. Mais s'il ne peut le faire non plus, alors qu'il nourrisse soixante pauvres. Cela, pour que vous croyiez en Allah et en Son messager. Voilà les limites imposées par Allah. Et les mécréants auront un châtiment douloureux.



Conclusion, le Coran ne dit pas que celui qui touche de n'importe quelle façon une femme doit refaire ses ablutions. Sam Shamoun a simplement profité de l'erreur de quelques savants pour raconter n'importe quoi.


Voir aussi : L'impureté de la femme selon la Bible