Le Prophète, saws, ordonne le bannissement des non-musulmans d'arabie ?






Le Prophète ordonne le bannissement des non-musulmans d'Arabie ?

 

 




Moussa Youssouf






Le Prophète Muhammad a ordonné lors de sa dernière maladie que l'on fasse quitter aux non-musulmans "la péninsule arabique". Illustrations : "Faites quitter les polythéistes la Péninsule arabique" (rapporté par Al-Bukhârî, n° 2888, Muslim, n° 1637), "Faites quitter les juifs du Hedjaz et les chrétiens de Nadjran la Péninsule arabique" : rapporté par Ahmad, n° 1599, etc.).

 


Ainsi, selon ces traditions, les non-musulmans seraient Persona non grata au sein de la vaste péninsule arabique. En fait, ce n'est pas le sens correct de ce Hadîth. C'est par métonymie (al-majâz) que le Prophète avait désigné "la péninsule arabique" de façon générale, pour ne désigner en réalité que la partie du Hejâz. Le fait est que les juifs furent déplacés par Oumar Ibn Al-Khâttab, radhia allâhou anhou, à Teima et à Jéricho et les Zoroastriens ne furent pas déplacées d'Hajar.

 


L'Imâm Abu Zakariyyah An-Nawawî (d. 1300 ap. JC) écrit:

 


`Umar les envoya à Taymâ et Arîhâ. C'est la preuve que le Prophète (que la paix soit sur lui) a prévu que les juifs et les chrétiens devraient être expulsés de seulement une partie de la péninsule arabique, plus précisément la région du Hejâz. C'est parce que Taymâ fait partie de la péninsule Arabique, mais en dehors du Hejâz. 1

 


Plus loin, il écrit :

 


Al-Shâfi`î a compris que la décision devait être appliquée à une partie de la péninsule Arabique, à savoir la région du Hejâz. Pour lui, c'est La Mecque, Médine, al-Yamâmah et leurs environs. Ceci ne comprend pas le Yémen et d'autres régions de la péninsule arabique.  2

 


Egalement, le savant Hanbalîte, Imâm Ibn Qudâmah Al-Maqdisî (d. 1223 ap. JC) mentionne l'opinion de l'Imâm Ahmad b. Hanbal (d. 855 ap JC) que la péninsule Arabique réfère  à Médine et ses environs. Il dit :

 


Cela signifie que ce qui est interdit aux incroyants est de s'installer à «Médine et de ses environs» qui comprend La Mecque, al-Yamâmah, Khaybar, al-`Yanbu, Fadak et leurs zones périphériques. Telle est l'opinion d'al-Shâfi `î. C'est comme si la péninsule arabique visée dans ces hadîth devait signifier la région du Hejâz. (….) Il n'est pas interdit pour eux de vivre dans les régions limitrophes du Hijâz, à l'instar de Taymâ et Fayd, étant donné que `Umar ne l'a pas interdit. 3

 



L'Imâm Ibn Hajar Al-'Asqalânî (d. 1449 ap. JC) disait:

 


Les païens ne sont pas autorisés à s'installer précisément dans la région Hejâz, c'est à dire Makkah, Madînah, al-Yamâmah, et leurs environs. Ceci ne s'applique pas aux autres régions qui sont considérées comme faisant partie de la péninsule arabique. C'est parce que tout le monde est d'accord qu'ils puissent vivre au Yémen, même si elle fait partie de la Péninsule arabique. Telle est l'opinion de la majorité des savants. (Fath al-Bârî 6/198) 4

 


En outre, cette interdiction vise une installation permanente et non pas passagère au sein du Hejâz. Le Sheikh Sâmî Al-Mâjid, du site Islamtoday.net explique dans une Fatwâ:

 


Il y a des choses qu'il faut comprendre au sujet de ce hadîth. Il n'interdit pas aux non-musulmans de résider dans la péninsule arabique sans l'intention d'y résider en permanence. Ils peuvent y vivre, à l'intérieur à des fins d'affaires, d'études ou de travail. Il n'y a pas d'interdiction à cette encontre.

 


Pourquoi une telle prescription ? Anas Ahmed Lala écrit en tentant de répondre à cette question :

 


Shâh Waliyyullâh y voit plusieurs raisons ; en voici deux :

 

– une première raison est que les deux lieux de la Mecque et de Médine ainsi que leurs alentours immédiats ont un caractère particulier ; le Prophète a donc voulu que n'y aient lieu (même dans les foyers) que les rites musulmans uniquement ;


– une seconde raison est que cette région a toujours constitué, constitue encore et constituera toujours le cœur de la terre musulmane ; or le Prophète, ayant expérimenté la réalité de nombreux conflits, ayant été assiégé à Médine, a voulu éviter au maximum tout risque de prise en tenailles de ce cœur, de l'extérieur comme de l'intérieur (Hujjat ulllâh il-bâligha, tome 2 pp. 479-480).


Des personnes pourraient voir dans cette mesure "un manque de libertés pour des non-musulmans pourtant citoyens de l'Etat musulman". Ce serait oublier que même en pays laïques tous les citoyens ne peuvent pas s'installer ni passer partout où ils le veulent. Ainsi un citoyen qui ne fait pas partie de certains cercles de l'armée ou de certaines institutions administratives ne peut ni se rendre dans certains lieux de son pays, ni les survoler, ni en prendre des photographies même de loin ; cette mesure est aussi voulue pour limiter les risques de trahison et d'espionnage, sans qu'il y ait un manque de confiance. A coté des différences existant entre le détail de cette règle valable dans tous les pays occidentaux et le détail de la règle établie par le Prophète à propos de la Péninsule arabique (ou du Hedjaz), il y a donc, dans le principe, une similitude qu'on ne peut pas nier : les objectifs de cette règle des pays occidentaux ne sont pas totalement différents de la seconde raison évoquée par Shâh Waliyyullâh pour expliquer la règle édictée par le Prophète.

 


http://www.maison-islam.com/article.php?id=341

 

 


Références :

 

1 Sharh Sahîh Muslim 10/212-213

 

2 Sharh Sahîh Muslim 11/93-94

 

3 Al-Mughnî 13/242-244

 

4 Fath al-Bârî 6/198

 

 

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30/12/2007
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