Les versets sataniques (1)
Il existe dans
1) Le démenti coranique
2) Le retour des émigrés
3) Divergences des récits
4) Invalidité de cette histoire du point de vue de l'Isnad
5) L'origine et la circulation de cette histoire expliquées
1) Démenti coranique
Selon l'avis le plus pertinent,
Ibn Sa`d relate qu'avant cela, au mois de Rajab de l'an 5 de
Le verset révélé prétendument pour blâmer le Prophète fut révélé nettement plus tard.
Le premier verset indique que cette sourate fut révélée à l'occasion du Mi`râj (ascension céleste). D'après les traditions et les biographies du saint Prophète, que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui, cet événement se déroula un an avant l'Hégire. Ainsi, cette sourate fait partie des sourates révélées pendant la dernière phase de la mission prophétique à
Et le prétendu verset abrogeant fut révélé en l'an 1 de l'Hégire soit approximativement 8 ans après l'incident….
Le changement soudain de style à partir du verset 25 indique que les versets 25 à 78 ont probablement été révélés pendant le mois de Dhul-Hijjah de la première année après l'hégire. Ceci est déduit des versets 25 à 41 et confirmé par les circonstances de révélation des versets 39-40. (Abû Al-A`lâ Al-Mawdûdî, Tafhîm Al-Qur'ân, Commentaire de la Sourate
Est-t'il possible à une personne sensée de croire que le Prophète Muhammad (sallâllâhou alayhi wa salam), ait été réprimandé pour s'être laissé tenté par Satan, seulement six ans après "l'interpolation satanique", et que cette dernière n'ait été abrogée qu'après que huit années se soient écoulées ? Les Musulmans auraient-ils considéré comme authentiques et venant de Dieu les versets sataniques louant les déesses, pendant environ huit longues années ? Un tel scénario impliquerait également que les Qurayshites aient cru que les fidèles musulmans partageaient leurs croyances païennes. Le cas échéant, alors pourquoi les Qurayshites ont-ils continué à persécuter les musulmans en raison de leurs croyances, qui est du reste la raison pour laquelle l'Hégire a eu lieu ?
Que vous en semble [des divinités] Lat et Uzza, ainsi que Manat, cette troisième autre ? Ces déesses d'un rang élevé et certes leur intercession est souhaitée. Sera-ce à vous le garçon et à Lui la fille ? Que voilà donc un partage injuste! Ce ne sont que des noms que vous avez inventés, vous et vos ancêtres. Allah n'a fait descendre aucune preuve à leur sujet. Ils ne suivent que la conjecture et les passions de [leurs] âmes, alors que la guidée leur est venue de leur Seigneur. (Coran, 53 : 19-23)
On raconte que les Qurayshites mécréants furent satisfaits, du fait que Muhammad ait « loué » leurs déesses et qu'ils aient en conséquence déclarés, « les différents entre nous et Muhammad sont maintenant terminées ».
N'importe quel lecteur attentif détectera un manque de crédibilité évident dans ce récit. Juste après avoir « loué » ces déesses, le texte les dénigre, niant à leur égard toute autorité ou positon vis-à-vis de Dieu, et admonestant leurs adorateurs, en substance, par ce langage: « Ô gens idiots ! Comment se fait- il que vous attribuez des filles à Allah et des fils à vous-mêmes ? Tout ceci résulte de votre propre imagination qui n'a aucune valeur vis à vis d'Allah ». Lorsqu'on la lit dans son contexte, l'interpolation, rend le passage contradictoire et l'histoire absurde. Dans un tel cas de figure, les Qurayshites n'auraient certainement pas dit que tous leurs différents avec Mouhammad (la paix d'Allah soit sur lui) étaient devenus caduques. Plutôt, ils auraient dit : « Vous voyez, il est possédé, il ne sait pas ce qu'il dit », et le Prophète (Paix et Bénédictions sur lui) aurait perdu tout crédit également vis-à-vis de ses disciples. Est-ce également censé de dire qu'après avoir tout entendu au sujet de leurs déesses, le meilleur et le pire, les idolâtres se soient néanmoins prosternés à la fin de la lecture ?
Muhammad Mohar Alî écrit dans son ouvrage "The Biography of the Prophet and the Orientalists" concernant la preuve coranique infirmant cette histoire :
La preuve coranique contre cette histoire est de trois sortes : Premièrement, il y a un certain nombre d'énonciations dans le Coran qui prouvent que ni Satan, ni personne d'autre ne peuvent interférer dans le processus de révélations, ni que le Prophète n'a jamais nourri une intention quelconque de faire un compromis avec les leaders mécréants ni qu'il n'y a jamais part interpolé quoi que ce soit dans le texte de la révélation.
Deuxièmement, le passage cité comme ayant été révélé à la suite de l'incident et pour rassurer le Prophète prouve le contraire, montrant qu'il n'avait pas fait la plus insignifiante inclinaison vers un compromis avec les leaders mécréants.
Troisièmement, la preuve interne de
(….)
L'histoire est clairement contraire aux déclarations du Coran et aussi à la teneur et au contenu du texte entier. En tant que telle, l'histoire est totalement indigne et ne mérite aucun crédit. Ce n'est pas seulement vrai du point de vue musulman mais également du point de vue d'un vrai historien. Car pour n'importe quel historien impartial, le Coran doit être considéré comme la première et la plus contemporaine source d'information sur la vie et les enseignements du Prophète. Par conséquent toute information ou déclaration d'une autre source, y compris les récits (tradition) qui contredit la source primaire doit être rejetée.
Secondement, concernant les deux passages, 17 :73-74 et 22 :52, ils sont censé d'après les personnes ayant foi en cette histoire avoir été révélés en conséquence de l'incident en guise d'admonestation ou de consolation pour le Prophète, toutefois une analyse succincte démonterait immédiatement que leurs textes, loin de renforcer l'histoire, la contredise en fait. Le premier passage montre que c'était les mécréants qui essayèrent d'amener le Prophète à conclure un compromis avec eux, et non pas qu'il ait jamais souhaité cela. De plus, le passage montre que Dieu a fait en sorte que le cœur du Prophète soit protégé contre ces tentatives des mécréants et que sans cela, le Prophète se serait probablement incliné au moins un petit peu vers la proposition des mécréants. L'accent est mis ici non pas sur l'inclinaison supposée du Prophète envers un compromis mais sur l'intensité des tentatives des mécréants d'un coté, et de l'autre, sur la faveur spéciale de Dieu sur lui en le rendant immunisé contre de tels efforts. C'est, de plus, souligné par la déclaration claire selon laquelle grâce à cette faveur spéciale, il ne s'est pas incliné envers les mécréants même pas un tout petit peu. Le passage se termine en signalant que si Muhammad avait dévié, ne serait ce qu'un tout petit peu, Dieu lui aurait infligé une double punition pour une telle offense, dans la vie de ce monde et en dans l'au-delà. Ce passage contredit ainsi l'histoire sur plusieurs aspects. (a) Le passage dit que ce fut les mécréants qui tentèrent d'amener le Prophète à faire un compromis avec eux. L'histoire dit que c'est le Prophète, du fait de l'opposition des mécréants, qui était à la recherche d'un compromis (b) Le passage dit que Dieu a rendu le Prophète immunisé contre les tentatives des mécréants de telle façon qu'il ne pouvait pas fléchir ne serait qu'un tout petit peu. L'histoire voudrait nous faire croire que le Prophète ne s'est pas seulement penché vers eux mais est allé jusqu'à faire un compromis avec eux, sacrifiant et violant le très fondamental enseignement du Coran tout entier. (c) Le passage dit que si le Prophète avait été coupable de l'affront de s'être incliné envers ces propositions, il aurait été doublement châtié par Dieu. L'histoire nous dit qu'en dépit du fait que le Prophète a commis l'affront de s'être incliné envers les mécréants et en plus a fait un compromis avec eux, Dieu l'a néanmoins traité avec douceur, abrogeant silencieusement l'interpolation injustifiée dans le texte de la révélation, et l'a consolé avec affection à cause de son prétendu repentir, conséquence de son erreur. Ceci est également en conflit, comme il a été signalé ci-dessus avec les autres déclarations dans le Coran selon lesquelles Dieu aurait inévitablement et irrésistiblement punis le Prophète si il avait ajouté de son propre entendement ou si il avait enlevé quoi que ce soit au texte coranique.
La dernière déclaration du passage 17 :73-74 contredit également l'interprétation donnée par les défenseurs de l'histoire de l'autre passage, 22 :52, qu'ils citent en support de l'histoire. Ils déduisent cela en interprétant l'expression Tamannâ dans le passage comme "il lit ou il récite" et ensuite en disant que jamais un prophète avant Muhammad n'avait récité les révélations de Dieu sans que Satan ne s'évertue à semer ses propres idées ou paroles dedans. L'interprétation est si absurde et si infecte vis-à-vis du concept de la révélation divine qu'elle n'aurait jamais du être suggérée. L'erreur et l'absurdité du fait de donner ce sens à ce terme ici vont être mis en évidence. Il peut aussi être signalé que les tenants de cette interprétation ne se sont pas rendus compte qu'ils contredisent de façon flagrante la déclaration du passage 17 :73-74 comme les autres endroits du Coran où Dieu, de façon claire et intransigeante, menace d'une sévère punition pour les offenses que sont le fait de se mêler avec Sa révélation même au plus bas degré. Assez étrange, ces défenseurs de l'histoire n'ont pas seulement omis cette contradiction. Ils n'ont, en supplément de leurs vifs désirs de montrer la spéciale affection pour le Prophète Muhammad même après son inclinaison alléguée, pas hésité à attribuer ce blâme d'inclinaisons similaires à tous les précédents Messagers et Prophètes !
(...)
Le meilleur guide dans le sens de l'expression Tamannâ en 22 :52 est le sens naturel de la même expression ou des paroles dérivées de la même racine utilisée ailleurs dans le Coran. Il y a au moins 14 autres endroits où elles sont utilisées dans le Coran. Commençant avec l'expression utilisée dans
(1) Ou bien l'homme aura-t'-il tout ce qu'il désire ? (53 :24)
(2) Certes, je ne manquerai pas de les égarer, je leur donnerai de faux espoirs, je leur commanderai, et ils fendront les oreilles aux bestiaux; je leur commanderai, et ils altéreront la création de Dieu. Et quiconque prend le Diable pour allié au lieu de Dieu, sera, certes, voué à une perte évidente. (4 :119)
(3) Il leur fait des promesses et leur donne de faux espoirs. Et le Diable ne leur fait que des promesses trompeuses. (4 :120)
(4) Ceci ne dépend ni de vos désirs ni des gens du Livre. Quiconque fait un mal sera rétribué pour cela, et ne trouvera en sa faveur, hors de Dieu, ni allié ni secoureur. (Coran, 4 :123)
(5) Et ceux qui, la veille, souhaitaient d'être à sa place, se mirent à dire : "Ah ! Il est vrai que Dieu augmente la part de qui Il veut, parmi Ses serviteurs, ou la restreint. Si Dieu ne nous avait pas favorisés, Il nous aurait certainement fait engloutir. Ah ! Il est vrai que ceux qui ne croient pas ne réussissent pas". (28 :82)
(6) Bien sûr, vous souhaitiez la mort avant de la rencontrer. Or vous l'avez vue, certes, tandis que vous regardiez ! (3 :143)
(7) Ne convoitez pas ce que Dieu a attribué aux uns d'entre vous plus qu'aux autres; aux hommes la part qu'ils ont acquise, et aux femmes la part qu'elles ont acquise. Demandez à Dieu de Sa grâce. Car Dieu, certes, est Omniscient (Coran, 4 :32)
(8) Dis : "Si l'Ultime demeure auprès de Dieu est pour vous seuls, à l'exclusion des autres gens, souhaitez donc la mort [immédiate] si vous êtes véridiques !" (2 :94)
(9) Dis : "Ô vous qui pratiquez le judaïsme ! Si vous prétendez être les bien aimés de Dieu à l'exclusion des autres, souhaitez donc la mort, si vous êtes véridiques". (Coran, 62 :6)
(10) Or, ils ne la souhaiteront jamais, à cause de ce que leurs mains ont préparé. Dieu cependant connaît bien les injustes. (62 :7)
(11) Or, ils ne le souhaiteront jamais, sachant tout le mal qu'ils ont perpétré de leurs mains. Et Dieu connaît bien les injustes. (2 :95)
(12) Et ils ont dit : "Nul n'entrera au Paradis que Juifs ou Chrétiens". Voilà leurs chimères. - Dis : "Donnez votre preuve, si vous êtes véridiques". (2 :111)
(13) "N'étions-nous pas avec vous ?" leur crieront-ils. "Oui, répondront [les autres] mais vous vous êtes laissés tenter, vous avez comploté (contre les croyants) et vous avez douté et de vains espoirs vous ont trompés, jusqu'à ce que vînt l'ordre de Dieu. Et le séducteur [Le diable] : vous a trompés au sujet de Dieu. (57 :14)
(14) Et il y a parmi eux des illettrés qui ne savent rien du Livre hormis des prétentions et ils ne font que des conjectures.
Dans tous ces exemples, les expressions Tamannâ, 'Umniyyah, ect… sont utilisées dans le sens de souhait, désir, lubie, envie, intention, ect… dans aucun de ses endroits le sens de lecture ou de récitation ne s'accorde avec le texte. Certains commentateurs bien sur pensent que dans le dernier exemple mentionné (n°14) le mot 'amâniyya peut signifier lecture ou récitation ; mais cette assertion n'est pas soutenue par le 'ayah lui-même ; car il s'achève ainsi: et ils ne font que des conjectures qui suit immédiatement l'expression, l'explique de façon approfondie. À la lumière de ces exemples univoques relatifs à cette expression un peu partout dans le Coran, il serait erroné de comprendre comme lecture ou récitation le terme Tamannâ, en 22 :52.
Ceci n'est pas pour dire que le même mot ne peut être utilisé en différents sens à différentes places. Ce qui est particulier dans le présent exemple est que l'expression induit la même signification en tous les autres endroits où elle est utilisée dans le Coran. Et c'est avec le même sens qu'elle est utilisée en 22 :52, sa signification naturelle. Donner le sens de lecture ou récitation à cette expression ici, comme cela a déjà été indiqué, constitue un grand affront à la fois à l'histoire et à la théologie ; car cela signifierait qu'il n'y eut aucun Prophète ou Messager précédent qui n'ait pas été trompé par Satan en disant au nom de Dieu des choses qu'Il n'avait en fait pas dites. En aucun cas, l'histoire des prophètes précédents ne supporte une telle assertion généralisée, pas plus qu'il n'est concevable que les révélations de Dieu descendent en étant vulnérables et sans être protégées, à tel point que Satan avait une chance de tromper chaque Prophète en interférant dedans [le processus de révélation]. Cette interprétation serait en contradiction avec le concept de révélation (wahi) tel qu'il est évoqué dans le Coran qui indique de façon univoque qu'Allâh protège Sa révélation du fait d'être corrompue, directement ou indirectement, quand elle descend. Il n'est pas non plus nécessaire, ni justifiable de ternir le passé des Prophètes et de remettre en cause la nature de la révélation d'Allâh simplement pour justifier une histoire manifestement fausse et une erreur supposée du Prophète Muhammad . La simple signification du 'ayâh que nous examinons est quelque chose qui est, historiquement, de notoriété mondiale. Il est notoire qu'en tout temps et en tout lieu, chaque fois qu'un homme envoyé par Dieu, sous Son ordre, œuvre à apporter ce qui est bon aux gens et entreprend de propager Son message, Satan et ses compagnons interviennent et tentent d'obstruer, de détourner, de faire échouer le plan : mais la vérité et le plan de Dieu prévalent toujours. Ce fait historique et théologique, de notoriété mondiale, est seulement souligné dans ledit 'Ayâh.
Que ce soit le seul et naturel sens du 'Ayâh est également clair à la lumière du contexte. Le passage entier des 'Ayâh 49 à 52 de
Ceux qui donnent le sens de lecture ou récitation à l'expression Tamannâ abordent en fait le 'ayâh 22 :52 avec un préjugé ou un a priori. Certains admettent que l'histoire des "versets sataniques" est un fait sans examiner sa valeur et alors, en se basant sur cette hypothèse, cherchent à l'appuyer en donnant le sens de lecture ou de récitation à l'expression Tamannâ en 22 :52, et finalement, ils citent ce même verset comme preuve de la véracité de cette histoire (…). D'un autre coté, il y a en d'autres qui fixent en priorité leur attention sur le concept du naskh (abrogation ou annulation) et abordent le verset dans cette perspective. Ils prennent cette histoire des "versets sataniques", non pas pour examiner sa valeur mais pour illustrer le concept du nashk ; et pour commenter l'origine du verset 22 :52, ils donnent le sens de lecture ou récitation à Tamannâ, ne se souciant pas des implications et des conséquences de ce genre d'interprétations forcées de l'expression. La technicité du concept de naskh mérite d'être discutée ; mais il devrait suffire de signaler qu'il n'est pas nécessaire du tout d'avoir recours à l'histoire des "versets sataniques" ni de tordre le sens de Tamannâ dans le but d'expliquer ou d'illustrer le concept de naskh.
C'est le dernier point mais pas le moindre, ceux qui relient les deux passages coraniques 17 :73-75 et 22 :52 à l'histoire, ignorent la chronologie des événements, particulièrement les dates de révélations des deux passages. Il est un fait établi que la migration en Abyssinie a eu lieue au mois de Rajab de la cinquième année de la mission et le retour temporaire des émigrés a eu lieu au mois de Shawwâl de la même année. Si l'histoire est reliée avec cet événement tardif, alors l'incident rapporté dans l'histoire doit avoir eu lieu avant le mois de Shawwâl, c'est-à-dire, durant le Ramadân de cette année. Or, les Sourate al-'Isrâ et Sourate al-Hajj dans lesquels respectivement les deux passages se trouvent, furent révélées bien après, la première à l'occasion de l'Isrâ' et du mi'râj qui, selon les rapports les plus authentiques ont eu lieu la 11ème ou 12ème année de la mission ; et
Troisièmement, la preuve interne de
D'un autre coté, si les "versets sataniques" sont laissés tels quels et les 'âyas 21-23 sont supprimés, alors il y restera également une étrange dénonciation des déesses et du principe d'intercession dans les deux 'âyas précédant et suivant les "versets sataniques". Pour commencer avec le 'âyah 20, "ainsi que Manat cette troisième autre" est clairement une expression péjorative car l'adjectif, al-'ukhrâ (l'autre) est régulièrement utilisé avec mépris et par dérision. Il serait alors tout simplement incongru d'affirmer après cette description humiliante de cette déesse, qu'elle est d'un rang élevé et une déité pouvant intercéder. Mais laissons de coté ces 'âyas, si nous poursuivons avec le 24ème verset, nous trouvons un certain nombre d'autres déclarations intransigeantes sur la notion d'intercession telle qu'est elle était perçue par les mécréants. Ainsi, premièrement, le même 24ème 'âyah nie l'efficacité de l'intercession d'une forme interrogative : "Ou bien l'homme aura-t-il tout ce qu'il désire ? ", c'est-à-dire c'est un souhait vain que de nourrir l'espoir que l'intercession nous sera profitable. Le 'âyah est seulement une emphase sur ce qui a été affirmé dans les 'âyas précédents concernant la caducité d'un quelconque pouvoir des déesses. Similairement, le 'âyah n°25 est une suite et un rappel que "à Allâh appartiennent la vie future et la vie d'ici-bas", c'est-à-dire, l'homme doit s'en remettre à Lui seul dans toutes affaires et ne doit chercher aucune sorte d'aide ou d'assistance chez une autre déité ou entité. Le même thème revient et est élucidé au 'âyah 26, qui infirme, d'un coté, la notion erronée en laquelle les mécréants avaient foi, que les anges étaient les filles d'Allâh et que les déesses mentionnées ci-dessus étaient une certaine forme de représentations de ces anges. D'un autre coté, il souligne sur le fait que même ces anges n'ont pas de pouvoir d'intercession exepté via la permission d'Allâh. De nouveau, loin de livrer une attitude de compromis, l'attitude des leaders mécréants est dénoncée dans le 'ayâh 29 et le Messager d'Allâh est clairement commandé de les fuir et les éviter : "Ecarte-toi donc, de celui qui tourne le dos à Notre rappel et qui ne désire que la vie présente". Le thème continu dans les 'âyas suivants et le 'âyah 31 insiste encore sur le principe de la responsabilité individuelle. Finalement, dans les 'âyas 33-40, une forte allusion est faite, à la conduite de l'un des leaders mécréants, et beaucoup de commentateurs pensent qu'il s'agit de Al-Walîd ibn al-Mughîrah, disant : "Vois-tu celui qui s'est détourné, donné peu et a [finalement] cessé de donner ? ect… et s'achève une fois encore avec la condamnation de la notion d'intercession et soulignant le principe de la responsabilité individuelle en ces termes : qu'aucune [âme] ne portera le fardeau (le péché) d'autrui, et qu'en vérité, l'homme n'obtient que [le fruit] : de ses efforts; et que son effort, en vérité, lui sera présenté" ect…
Ainsi le texte entier des 'âyas 19 à 42 jusqu'à la fin de
Le retour des émigrés
L'orientaliste William Muir lui est convaincu de la véracité de cette histoire. Il pense que cette histoire explique le retour rapide des émigrants réfugiés en Abyssinie, où le Négus les toléraient, à
Pourtant si les émigrants sont revenus à La Mecque ce n'est pas pour cette raison. La première de ces raisons est la conversion d'un ancien persécuteur des musulmans, Oumar Ibn Al-Khâttab, radhia allâhou anhou. Cet homme était fort à la fois fort, physiquement (très grand de taille) et de caractère. Il n'avait nullement caché sa conversion mais au contraire la proclama publiquement et alla l'annoncer à Abû Jahl devant le pas de la porte de ce dernier. N'approuvant pas que les musulmans doivent se cacher pour prier, il avait l'habitude d'effectuer ses Salat ou de lire des feuillets du Coran à haute voix devant la Kaaba en compagnie d'une quarantaines de notables convertis, en s'armant si leur sécurité l'exigeait. Nulle doute que sa conversion redonna du courage aux musulmans, on rapporte qu'Ibn Mas'ud avait dit "Nous avons retrouvé notre fierté depuis la conversion d'Oumar." Les Qurayshites furent contraints de faire profil bas pendant quelque temps. Cette nouvelle parvint aux oreilles des émigrés qui pensèrent à tort que la situation serait dorénavant détendue alors qu'il ne s'agissait que d'une cessation provisoire des hostilités.
À cela, il faut ajouter la troisième raison : la dureté des conditions de vie du point de vue matériel, vécue par les musulmans en Abyssinie comme cela fut exprimé avec force par Asmâ' bint 'Umays lors d'une discussion avec Oumar Ibn Al-Khâttab chez Hafsa, la fille de ce dernier. ( Sahîh Al-Bukhârî, Volume 5. Livre 059. Numéro 539)
Quand au fait que les païens se soient prosternés, ceci est tenu par certains pour preuves de la véracité de cette histoire. Mais à bien y réfléchir, l'acte de ces païens n'a rien de très étonnant. Il n'y avait nullement besoin d'un compromis entre le Prophète et les Qurayshites pour que ceux-ci se prosternent avec lui. En effet, tout en étant polythéistes, ils croyaient en Dieu le Créateur à qui ils associaient malheureusement pour eux d'autres divinités tel Lat, Uzza, Manat, Hubal ect… une certaine crainte de Dieu a pu être ressentie chez eux à plusieurs reprises comme lorsqu'ils fallut reconstruire la Kaaba (ils n'investirent que de l'argent propre pour financer les travaux). Pareillement Ibn Abbâs relate que les Mecquois polythéistes avaient l'habitude de demander pardon à Dieu pendant qu'ils faisaient la circumambulation de la Kaaba (Lubâb un-nuqûl 'an Abî Hâtim) sans bien sur sortir définitivement de leur polythéisme. Ils avaient donc une certaine conscience et une certaine crainte de Dieu….
Enfin, le beau style du Coran est admiré même par certains non-musulmans comme les chrétiens arabes. L'Orientaliste Alfred Guillaume écrit à cet égard:
Le Coran est un des classiques du monde, qui ne peut être traduit sans perte grave. Il a un rythme de beauté singulière et d'une cadence qui charme l'oreille. Beaucoup d'Arabes chrétiens parlent de son style avec une chaleureuse admiration, et la plupart des arabisants reconnaissent son excellence. [Alfred Guillaume, Islam, 1990 (Reprinted), Penguin Books, pp. 73-74.].
Ces deux facteurs suffisent à expliquer pourquoi les Qurayshites se sont prosternés. Pour plus de précisions voir ci-dessus. L'exposé continue ici:
http://islampaix.blog4ever.com/blog/lirarticle-145578-642895.html