Réponse à Facealislam sur "Allah pardonne t-il tous les péchés ?"
Allah pardonne t-il tous les péchés?
Article faisant l'objet de la présente réfutation :
http://facealislam.free.fr/contradiction_peches.html
Introduction :
Voici ci-dessous, l'argumentation d'un missionnaire chrétien qui affirme avoir trouvé une contradiction dans le Coran au sujet du pardon des péchés :
Le shirk est le péché d'association dans l'Islam, c'est le fait d'adorer quelqu'un d'autre comme étant Dieu, de lui donner un associé. D'après au moins deux passages coraniques, ce péché est le seul péché qui soit impardonnable :
Certes Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne quelqu'associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu'associé commet un énorme péché. Sourate 4:48
Certes, Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s'égare, très loin dans l'égarement. Sourate 4:116
Au passage, le missionnaire cite son ami Mohammed Amine Alibhaye et nous explique pourquoi il y aurait une contradiction (d'après lui).
Mohammed Alibhaye, indique à ce sujet :
C'est pourquoi, à travers Son dernier messager Mohammad, Allah a précisé dans le Coran que le seul péché qu'Allah ne pardonnera pas c'est le fait d'associer à Allah. A part cela, Il peut pardonner le reste, ou pas (Coran 4:48). Allah dit encore dans le Coran: "Quiconque associe à Allah, Allah lui interdit le paradis" (Coran 5:72). Terribles perspectives.
Donc le péché le plus grave et seul impardonnable auprès d'Allah, c'est le Shirk, l'associanisme.
"Qu'importe le label, c'est du Shirk" de Mohammad Amine ALIBHAYE
Maintenant conjuguez ceci, avec le verset coranique suivant :
Dis : «Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah. Car Allah pardonne TOUS les péchés. Oui, c'est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux». Sourate 39:53
Ce rapport dit que tous les péchés peuvent être pardonnés, ce qui contredit les passages coraniques précédemment cités.
1) Résolution du "problème"
Il n' y a pas absolument pas de contradiction, c'est lorsque le défunt a rendu l'âme qu'il ne sera pas pardonné. En fait, le véritable problème, c'est que le passage 39 :53 est cité complètement hors contexte.
39-53 :55 : Dis: "Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d'Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c'est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux. Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne receviez alors aucun secours. Et suivez la meilleure révélation qui vous est descendue de la part de votre Seigneur, avant que le châtiment ne vous vienne soudain, sans que vous ne [le] pressentiez"
Nous comprenons à la lumière de ce verset qu'Allâh pardonnera tous nos péchés si nous nous repentons avant que le châtiment "ne nous vienne soudain" sans que nous le pressentions, ce qui se rapporte à la mort.
Il ne fait aucun doute que c'est lorsque la mort survient qu'il n'est inutile pour l'intéressé de demander pardon.
Sourate An-Nissa :
17. Allah accueille seulement le repentir de ceux qui font le mal par ignorance et qui aussitôt se repentent. Voilà ceux de qui Allah accueille le repentir. Et Allah est Omniscient et Sage.
18. Mais l'absolution n'est point destinée à ceux qui font de mauvaises actions jusqu'au moment où la mort se présente à l'un d'eux, et qui s'écrie: "Certes, je me repens maintenant", non plus pour ceux qui meurent mécréants. Et c'est pour eux que Nous avons préparé un châtiment douloureux.
Sheikh Abû Ammar Yassir Qadhi commente les deux précédents versets en ces termes :
Si une personne meurt en pratiquant le Shirk, ou sans s'être repenti, elle ne peut pas être pardonnée pour ce péché. Cependant, si une personne commet le Shirk avant d'accepter l'Islam, puis meurt en tant que musulmane, le péché du Shirk lui sera pardonné. C'est parce qu'une personne sera jugée par Allah, sur la base de sa condition et son Iman (foi) à l'heure de la mort, ainsi si elle commettait le Shirk dans le passé, mais a par la suite accepté l'Islam, alors un tel péché serait pardonné. [1]
Sheikh Qadhi a entièrement raison de dire que le Polythéiste devenu musulman sera pardonné si il reste constant sur sa foi puisque c'est en substance, ce que le Prophète, saws, avait dit à Amr Ibn Al As:
Amr ibn Al As (radhia allâhou anhou) raconte : "Quand j'avais éprouvé le désir de me convertir à l'Islam, je me suis présenté au Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) et lui dit : "Tends ta main, je vais te prêter un serment d'allégeance. " Quand il a tendu sa main, j'ai retenu la mienne. "Qu'est-ce qui t'arrives, Ô Amr". "Je veux formuler une condition. "Laquelle ? ". "Qu'on me pardonne (mes péchés)". "Ne sais-tu pas que (la conversion à) l'Islam efface tout ce qui le précède ? " (Sahih Muslim)
C'est également dans ce même raisonnement que Muhammad Asad écrit à juste tire dans sa traduction anglaise du Coran:
L'insistance continue du Coran sur l'unicité de Dieu, le Transcendant, vise à libérer l'homme dans tout les sens du terme de la dépendance à l'égard d'autres influences et puissances, et ainsi à l'élever spirituellement et lui apporter la "purification" à laquelle, il est fait allusion dans le verset suivant. Puisque cet objectif est vicié par le péché du Shirk ("attribuer des qualités divines à un autre que Dieu"), le Coran le décrit comme "impardonnable ", tant que l'intéressé persiste à le pratiquer, c.-à-d., à moins que, et jusqu'à ce que le pécheur ne se repente (cf. verses 17 et 18 de cette sourate). "
Selon 'Abdullah Ibn 'Oumar (radhia allâhou anhou), le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) a dit : "Dieu glorifié et honoré accepte le repentir de l'esclave (=l'homme) tant qu'il n'est pas à l'agonie de la mort". (Rapporté par At-Tirmidhî)
Comme dit Ibn Kathîr :
Allah ne pardonne pas le shirk, excepté après le repentir. [2]
Un autre problème avec l'enseignement islamique qui veut que le péché du shirk est un péché impardonnable, est que le Coran, enregistre qu'Allah à une occasion a pardonné le péché du shirk :
Les gens du Livre te demandent de leur faire descendre du ciel un Livre. Ils ont déjà demandé à Moïse quelque chose de bien plus grave quand ils dirent : «Fais-nous voir Allah à découvert ! » Alors la foudre les frappa pour leur tort. Puis ils adoptèrent le Veau (comme idole) même après que les preuves leur furent venues. Nous leur pardonnâmes cela et donnâmes à Moïse une autorité déclarée. Sourate 4:153
Ceci est encore confirmé par
Et [rappelez-vous], lorsque Nous donnâmes rendez-vous à Moïse pendant quarante nuits ! .. Puis en son absence vous avez pris le Veau pour idole alors que vous étiez injustes (à l'égard de vous mêmes en adorant autre qu'Allah). Mais en dépit de cela Nous vous pardonnâmes, afin que vous reconnaissiez (Nos bienfaits à votre égard). Et [rappelez-vous], lorsque Nous donnâmes rendez-vous à Moïse pendant quarante nuits ! .. Puis en son absence vous avez pris le Veau pour idole alors que vous étiez injustes (à l'égard de vous mêmes en adorant autre qu'Allah). Mais en dépit de cela Nous vous pardonnâmes, afin que vous reconnaissiez (Nos bienfaits à votre égard).
Cet événement rejoint ce que nous avons énoncé précédemment, à savoir que dans la vie présente, Dieu peut pardonner tous les péchés des gens repentants, tant qu'ils sont vivants. Or, aussi clair que ce soit, le verset s'éclaircit lorsqu'on ne le coupe pas de son contexte.
2-54. Et [rappelez-vous], lorsque Moïse dit à son peuple : "Ô mon peuple, certes vous vous êtes fait du tort à vous-mêmes en prenant le Veau pour idole. Revenez donc à votre Créateur puis, tuez donc les coupables vous-mêmes : ce serait mieux pour vous, auprès de votre Créateur" ! ... C'est ainsi qu'Il agréa votre repentir; car c'est Lui, certes, le Repentant et le Miséricordieux !
Ainsi, le Missionnaire a cité les versets hors de leur contexte, cachant le verset 54 où l'on connaît le fin mot de l'histoire, à savoir le repentir des israélites et l'acceptante de leur repentir par un Dieu miséricordieux, désireux de montrer qu'Il est détenteur du pardon pour les repentants.
42-25 Et c'est Lui qui agrée de Ses serviteurs le repentir, pardonne les méfaits et sait ce que vous faites.
2) Encore un problème !
Selon le missionnaire :
Certains musulmans sont tentés de répondre, que le shirk est impardonnable si la personne qui commet ce péché, meurt dans cet état. Tandis que si une personne commet le péché du shirk et qu'elle s'en repent avant sa mort, dans ce cas ce péché du shirk peut être pardonné. C'est une réponse qui ne résous pas réellement le problème.
Si totalement mais l'on peut comprendre que le missionnaire ne se réjouisse guère de voir son allégation réfutée et soit réticent à reconnaître qu'il a eu tort, c'est toujours difficile.
Effectivement, il n'y a pas que le shirk qui est regardé par l'Islam comme étant un péché impardonnable, mais d'autres péchés également :
D'après Abou Hurayra (qu'Allah soit satisfait de lui),
L'Envoyé d'Allah (pbAsl) a dit: "Médine est un territoire sacré. Quiconque y commet quelque péché ou turpitude, ou donne asile à quiconque a commis quelque péché ou turpitude, encourra
Nous restons toujours avec un problème,
De nouveau, certains musulmans pourraient être tentés d'avancer l'argument qui veut que ce péché est impardonnable, seulement dans le cas où cette personne ne s'en repent pas avant sa mort.
C'est un argument qui ne fonctionne pas pour deux raisons.
Premièrement,
Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne quelqu'associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut.
Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut.
Comme le confirme Mohammed Amine Alibhaye:
...le péché le plus grave et seul impardonnable auprès d'Allah, c'est le Shirk, l'associanisme.
Or le hadith parle de n'importe quel péché, ce qui comprend et ne comprend pas le péché du shirk:
...Quiconque y commet quelque péché ou turpitude, ou donne asile à quiconque a commis quelque péché ou turpitude...
Deuxièmement, le hadith précise clairement qu'aucun repentir ne sera accepté :
...il ne sera accepté de lui ni repentir ni rachat"
Par conséquent, même si la personne se repent de son péché avant sa mort, son péché reste impardonnable.
Ceci nous ramène à la question initiale, Allah pardonne t'il tous les péchés?
Remarque:
Par rapport au hadith cité, nous lisons "et au jour de
* à savoir le shirk n'est pas le seul péché impardonnable, puisque tout péché commis à Médine, est impardonnable.
Cette tradition semble enthousiasmer le missionnaire. Soyons clair, des Hadîths de ce genre, il en existe d'autres:
N'entrera pas au Paradis celui qui a en son cœur ne serait-ce qu'un atome de d'orgueil" [rapporté par Muslim]
Ou bien
Et "N'entrera pas au Paradis celui qui s'adonne à l'alcool" [rapporté par Ibn Mâja, n° 3376].
Ou bien encore :
N'entrera pas au paradis celui qui rapporte [les propos pour semer la zizanie]" (rapporté par Al-Bukhârî).
Ou alors :
"N'entrera pas au paradis celui dont le voisin n'est pas à l'abri de ses torts" (rapporté par Muslim).
De prime abord, toutes ces traditions lues et comprises dans leur stricte littéralité indiquent que les défauts ou les péchés énoncés ci-dessus conduisent également son auteur en enfer et qu'il n'entrera pas au paradis. Mais est-ce vraiment là leur sens ? Non.
Il y a une deuxième catégorie de Hadîths qui disent que celui qui croit en ce que Dieu veut "entrera au Paradis" ou "n'ira pas en Enfer", tel :
"Je témoigne qu'il n'y a de divinité que Dieu et que je suis le messager de Dieu" : tout serviteur rencontrant Dieu sans avoir de doute à ce sujet ne sera pas privé du Paradis" (rapporté par Muslim, n° 27, 45).
"Dieu a interdit à l'Enfer toute personne disant sincèrement "Il n'y a de divinité que Dieu"" (rapporté par Muslim, n° 263).
Bien d'autres Hadîths authentiques encore de ce genre existent comme le célèbre Hadîth de Mua'd Ibn Jabal (radhia allâhou anhou) avant de mourir.
Selon Anas Ibn Mâlik (radhia allâhou anhou) Mu'âdh Ibn Jabal était un jour assis en croupe d'une chamelle derrière le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam). Celui-ci s'adressa à lui en disant: "Ô Mu'âdh! ". "Ô Envoyé d'Allah ! À votre service ! À vos ordres! ", Répondit Mu'âdh. Le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) répéta à deux reprises son appel et reçut toujours la même réponse. Ensuite, il dit: "Toute personne qui témoigne qu'il n'y a d'autre divinité qu'Allah et que Muhammad est l'Adorateur et l'Envoyé d'Allah ne manquera pas d'être préservée -par Allah- du feu de l'Enfer". "Ô Envoyé d'Allah! reprit alors Mu'âdh, ne dois-je pas en informer les fidèles pour les réjouir ? ". "Non, répliqua le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam), ils risquent de s'y appuyer (pour supprimer toute pratique religieuse) ". (Ahmad, Al-Bukhârî, Ibn Majah, Muslim, Tirmidhi /Mu'âdh transmit cette tradition au moment où il était au chapitre de la mort, de peur de commettre un péché en celant un enseignement du Prophète).
En fait, les Hadîths cités ci-dessus signifient que celui qui avait la foi mais avait fait tel péché n'entrera pas au paradis immédiatement, mais devra passer temporairement par l'Enfer, sauf si Dieu le lui pardonne.
Ce sont deux autres Hadîths du Prophète eux-mêmes qui l'explicitent :
"Certains gens seront atteints par la brûlure de l'enfer à cause de péchés qu'ils auront commis [sur terre]. Puis Dieu les fera entrer au Paradis par
"Le Jour du Jugement, certains gens parmi les musulmans rencontreront Dieu avec des péchés semblables aux montagnes. Dieu leur accordera Son Pardon" (rapporté par Muslim, n° 2767. Une version similaire est rapportée par Al-Hâkim).
Ceci montre qu'il ne faut pas toujours comprendre ce genre de Hadîths dans leur stricte littéralité. La règle générale est que celui qui commet des hérésies à Médine passera un moment en enfer SAUF en cas d'intervention divine.
Il n' y a donc pas contradiction avec le verset 4 :116 qui stipule que celui qui meurt en ayant commis le Shirk et ne s'est pas repenti entrera en enfer POUR TOUJOURS. Ce qui est sûr, c'est que celui qui n'est pas mort en ayant commis le Shirk mais est mort en tant que musulman, ne subira pas un châtiment éternel malgré tous les péchés qu'il a pu commettre.
Certains péchés entraîneront certes, si Dieu ne les absout pas, pour leurs auteurs un châtiment en fonction de la nature du péché, mais après purgation, ils entreront au Paradis. Ce châtiment peut également se traduire par un retard d'entrée au Paradis ou par une simple réprimande, une humiliation ou autre, Dieu seul sait. Il s'agit seulement de savoir à quel moment le pardon interviendra.