Réponse à Facealislam sur : "Le Coran demande aux Musulmans d'être bienfaisants avec les non-musulmans ?" (1)
Facealislam a publié un article tendant à récuser ceux des musulmans qui affirment que le Coran demande de bien traiter les non-musulmans non hostiles à l'Islam.
Commentant le verset 60 :8 et son utilisation par ces mêmes musulmans pour illustrer la tolérance, le missionnaire écrit.
Le grand problème avec cette exégèse est qu'elle passe sous silence d'autres passages qui commandent aux Musulmans de lutter contre d'autres groupes religieux qui n'ont pas nécessairement lutté contre l'Islam :
Source:http://facealislam.free.fr/coran-bienfaisant.htm
Ainsi donc, à en croire le missionnaire, ledit passage coranique irait à l'encontre du verset 60/8 et établirait l'animosité envers les non-musulmans. Bien. Examinons cela de plus près :
I/ "Les associateurs ne sont qu'impuretés" et le missionnaire de conclure :
Ce rapport compare des groupes non-musulmans à quelque chose de sale, d'impure et les nomme 'associateurs
Mais il ne s'agit que d'une impureté spirituelle, liée à leur polythéisme. Muhammad Asad explique :
Le terme najas (impur) porte une signification exclusivement spirituelle (voir Manar X, 322 et suiv.). A ce jour, les Bédouins d'Arabie centrale et orientale, qui, contrairement aux citadins modernes, ont préservé la pureté de l'idiome arabe jusqu'à à un haut degré décrivent une personne qui est immorale, sans foi ou méchante en tan que najas. (Muhammad Asad, The Message of the Qu'ran, source en ligne)
C'est plutôt la Bible qui enseigne que les gentils sont des gens impurs et inférieurs à l'ethnie israélite qui elle à contrario est sainte, élue :
Aucun étranger ne mangera des choses saintes ; celui qui demeure chez le sacrificateur et le mercenaire ne mangeront point des choses saintes... (Lévitique 22.10)
...afin qu'aucun étranger à la race d'Aaron ne s'approche pour offrir du parfum devant l'Eternel. (Exode 12.43)
Je les purifiai de tout étranger... (Nombres 16.40)
Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte... (1Pierre, 2.9)
La Bible va même jusqu'à taxer les infidèles d'ordures et de chiens ….
Le triomphe des méchants a été court, Et la joie de l'impie momentanée? Quand il s'élèverait jusqu'aux cieux, Et que sa tête toucherait aux nues, Il périra pour toujours comme son ordure, Et ceux qui le voyaient diront: Où est-il? (Job, 20 :5-7)
Toi, Éternel, Dieu des armées, Dieu d'Israël, Lève-toi, pour châtier toutes les nations! N'aie pitié d'aucun de ces méchants infidèles! -Pause. Ils reviennent chaque soir, ils hurlent comme des chiens, Ils font le tour de la ville. (Psaumes, 59, 6-7)
Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge ! (Révélation, 22 :15)
II/ Concernant le péché du Shirk, le missionnaire écrit :
… et les nomme 'associateurs. Le péché d'association ou shirk, est dans l'Islam, le péché inexcusable, l'offense la plus abominable contre Allah :
Certes Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne quelqu'associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu'associé commet un énorme péché. Sourate 4:48
Certes, Allah ne pardonne pas qu'on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Allah s'égare, très loin dans l'égarement. Sourate 4:116
Le blâme des juifs ou des chrétiens pour leur péché du Shirk n'empêche cependant pas que les musulmans doivent les considérer comme leurs égaux en humanité :
'Abdur Rahman Ibn Abî Laila rapporte qu'un jour, à Médine le Prophète se leva alors que passait le convoi funéraire d'un juif. Au questionnement de ses Compagnons sur le fait qu'il se soit levé, il répondit : 'N'est-ce pas un être humain ?' (rapporté par Al-Bukhârî, n° 1250, Muslim, n° 961).
En dehors de cela, en quoi la dénonciation du polythéisme peut bien poser problème ? Nous nous rendons compte que le missionnaire a en fait renié sa religion puisque cette dernière, basée plus que jamais sur la Bible, affirme que les mécréants ne seront pas pardonnés dans l'au-delà et connaîtront de durs tourments :
Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche: Retirez-vous de moi, maudits; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses anges. (Mathieu, 25 :41)
La Bible affirme aussi que Dieu ne pardonnera pas à celui qui refuse de croire en son "fils":
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. (Jean, 3 :36)
Le lecteur se fera sa propre appréciation mais à première vue, je ne vois guère de différence avec le passage coranique relatif au sort de ceux qui commettent le Shirk.
III/ En ce qui concerne le passage : Combattez ceux (…) Qu'Allah les anéantisse, prière de consulter l'article de Mouhammad Patel, ci-dessous :
http://www.muslimfr.com/modules.php?name=News&file=article&sid=174
IV/ afin qu'elle triomphe sur toute autre religion. Notez qu'aujourd'hui selon la prédiction du Prophète, l'Islam s'est propagé sur tous les continents du monde (rapporté par Abû Dâoûd, n°4252). Effectivement, l'Islam a vocation à s'étendre mais cela ne ruine nullement la liberté de culte d'autrui. La justesse de l'Islam est qu'il a su combiner entre tolérance et absence de syncrétisme. C'est d'ailleurs parce qu'il ait amené, en vertu des enseignements de sa religion, à cohabiter avec d'autres confessions que le musulman récite pour se dissocier d'eux : Dis :"Ô vous les infidèles ! Je n'adore pas ce que vous adorez. Et vous n'êtes pas adorateurs de ce que j'adore" (Coran, 109:1-6)
Clairement, nous voyons que ce passage coranique ne contredit en rien le passage 60 :8. Dieu dénonce les fausses croyances de certaines communautés et annonce que Sa religion sera prédominante sans que cela n'empêche d'être tolérant ou bien disposé à leurs égards.
Enfin, il convient de noter que ce célèbre passage 60 :8 n'est pas le seul à demander d'agir en bien envers les non-musulmans :
Dieu dit :
'Adorez Dieu et ne Lui associez rien. Et agissez avec bonté envers vos pères et mères, vos proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin éloigné, le collègue, le voyageur et les esclaves en votre possession. Dieu n'aime pas le présomptueux, l'arrogant' (4/36).
Note : nulle part la confession n'est citée ici comme un critère déterminant l'identité des bénéficiaires de la charité.
Interrogé sur l'identité des bénéficiaires de la miséricorde, le Prophète répondit : Il y a une rétribution concernant toute créature ayant un cœur vivant. (Al-Bukhârî, n° 6009 et Muslim, n° 4162.)
L'épouse croyante et vertueuse des Gens du Livre qu'il est permis d'épouser, cella va de soit, est bénéficiaire d'un bon traitement (Coran, 5/5)
Le voisin non-musulman entre également dans la catégorie des non-musulmans qu'il est impératif de traiter avec bonté. À ce propos, le Prophète Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam, a dit, sans chercher à distinguer envers le musulman et le non-musulman :
Quiconque croit en Dieu et au jour dernier, qu'il dise le bien ou qu'il garde le silence; quiconque croit en Dieu et au jour du jugement dernier, qu'il honore son voisin ; et quiconque croit en Dieu et au jour dernier, qu'il honore son invité (rapporté par Muslim)
Selon Abû Hourayra, radhia allâhou anhou, le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, a dit : 'Par Dieu ! N'est pas croyant ! Par Dieu ! N'est pas croyant ! Par Dieu ! N'est pas croyant ! ' On lui demanda: 'Qui, Ô Envoyé de Dieu ?' Il dit: 'Celui dont le voisin n'est pas à l'abri de ses méfaits'. (rapporté par Al-Bukhârî et Muslim)
Adorez Dieu et ne Lui donnez aucun associé. Agissez avec bonté envers (vos) père et mère, les proches, les orphelins, les pauvres, le proche voisin, le voisin lointain, le collègue et le voyageur, et les esclaves en votre possession, car Dieu n'aime pas, en vérité, le présomptueux, l'arrogant (Coran, 4 :36)
Mouhammad Patel écrit à propos de cette injonction :
En commentant ce verset, les savants relèvent que l'injonction concernant la bonne conduite envers les voisins et les collègues ne fait aucune allusion à une éventuelle différence de traitement en fonction de la religion. Ce qui signifie qu'il s'applique également à l'égard de ceux qui ne sont pas musulmans. Ibné Hadjar r.a. confirme ceci en citant une Tradition, qui relate qu'un Compagnon (il s'agit de Ibné Oumar (radhia Allâhou anhou), si mes souvenirs sont bons) donnait justement au verset sus-cité une portée élargie. Ainsi, lorsqu'un animal était égorgé chez lui, il ordonnait à sa famille d'en envoyer une partie chez son voisin qui était de religion juive. Dans un autre Hadith rapporté par At Tabrâni, il est dit en ce sens : ' Il y a trois types de voisins : Ceux qui ont un seul droit : Il s'agit des voisins non musulmans. Il y a ensuite ceux qui ont un double droit : les voisins musulmans. Enfin, il y a ceux qui ont un triple droit : le voisin musulman qui est également de la famille. ' De même, comme il a été dit plus haut, ce verset empêche également que l'on nuise à son compagnon, même si celui-ci n'est pas musulman. Selon certains commentateurs du Qour'aane, cette injonction s'applique aussi aux collègues de travail. (Réf : ' Rouhoul Maâniy ').
http://www.muslimfr.com/modules.php?name=News&file=article&sid=121
Par la suite, le missionnaire cite en guise de preuve le commentaire d'Ibn Kathîr concernant 'le verset de l'épée' (9/5) et un hadîth du Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, qui tous deux ordonnerait de convertir l'infidèle par la force, puis conclut.
La Sourate 9 prescrit clairement aux Musulmans, de combattre, de tuer, d'assujettir les non-musulmans
Une réfutation des deux arguments peut être trouvée ici :
http://islampaix.blog4ever.com/blog/lirarticle-145578-589457.html
Le missionnaire par la suite, clame que ces versets se contredisent en prônant deux types d'attitudes, radicalement opposées, à adopter envers le non-musulman.
Ces passages se contredisent ouvertement, ce qui met l'origine divine du Coran en doute.
En réalité une personne sincèrement avertie ne tirerait pas une conclusion aussi hâtive mais méditerait davantage sur la question. Le fait est que :
Primo : Comme il a été dit ci-dessus : la dénonciation par le Coran des croyances jugées erronées de non-musulmans, n'empêche nullement le croyant musulman d'être tolérant ou bien disposé à leur égard car leurs croyances c'est leur affaire et chacun rendra compte à Dieu.
Secundo : Ce ne sont pas nécessairement les mêmes types de non-musulmans qui sont concernés par les versets 60/8 et 9/5. En effet, il y avait plusieurs types de non-musulmans, avec des comportements différents, à l'époque de la révélation, voir ici :
http://www.muslimfr.com/modules.php?name=News&file=article&sid=318
Ainsi le musulman doit, en vertu de sa religion, bien se comporter vis-à-vis du non-musulman pacifique et avec dureté avec celui qui cherche à nuire à l'Islam. C'est ce que résume à ce propos, le Sheikh Fawzi al Athari, un savant Bahreïni ancien élève du Sheikh Muhammad Salîh Al-Uthaymin qui expliquait jadis dans une de ses fatwa :
Et de même, le mécréant, s'il a bon caractère vis-à-vis de nous et de bonnes manières envers nous et une bonne la bonne façon et une bonne façon de nous traiter, alors nous avons de bonnes manières avec lui, un bon comportement avec lui, et une bonne façon de le traiter. Et si ses moeurs sont mauvais et son comportement est mauvais [c'est-à-dire abusif et cruel], alors nous le traitons conformément à la façon dont il nous traite. C'est une chose permise dans la loi. Mais le Prophète s.a.w.s. a indiqué très clairement dans tous les récits qui ont été rapportés et tout au long de sa vie, qu'il doit y avoir équité et qu'il faut être juste. Et ceci aussi bien en traitant avec le gens du Kufr et en traitant ceux qui ont la foi. (Sheikh Al-Athari, source en ligne)
Invoquant le concept de l'abrogation, le missionnaire propose une autre "solution" pour concilier ces versets coraniques "divergents" (comme si il y avait un problème quelconque !).
Les premiers versets (Sourate 60:8-9) ont été annulés par les dernières citations qui commandent aux Musulmans de mener la guerre offensive sur les incroyants (Sourate 9:5, 29 etc.).
Le problème avec assertion c'est que le verset 60/8 n'a jamais été abrogé de quelque façon que ce soit (voir, ce qu'en dit At-Tabarî dans l'article 'à propos du verset 5/51') même si sa portée se voit modifiée envers des gens cherchant à nuire à l'Islam (et non abrogée). C'est-à-dire, que l'on ne fait pas preuve de bonté envers ces gens mais on les combat pour les mettre hors d'état de nuire. Cependant un minimum d'humanité s'impose selon les règles de l'Islam même en cas de conflit. Voici quelques règles à respecter concernant les prisonniers :
http://islampaix.blog4ever.com/blog/lirarticle-145578-630012.html
L'un des arguments qui voudrait que le verset 9/5 ait abrogé toute possibilité de bienfaisance ou de paix envers les non-musulmans est que
Le Calife bien guidé, Uthmân Ibn Affan, radhia allâhou anhou, expliquait : Le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, est mort sans nous avoir dit [contrairement à ce qu'il faisait pour les autres sourates] si al-Barâ'ah faisait partie de al-Anfâl [ou pas]. C'est pourquoi j'ai joint l'une à l'autre, n'ai pas écrit la ligne 'Bismillâh ir-Rahmân ir-Rahîm' et les ai placées parmi as-sab' at-tuwal' (rapporté par Abû Dâoûd, n° 876, At-Tirmidhî, n° 3086, An-Nassaï, Ibn Mâja, authentifié par Ibn Hibbân : cf. Fat'h ul-bârî, tome 9 p. 29).
Sheikh Abû Al A'la Mawdudî écrit dans son Tafsîr concernant ce fait:
Bien que les commentateurs aient donné différentes raisons à cela, la plus correcte a été donnée par l'Imam Ar-Râzî : à savoir, c'est parce que le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, lui-même ne l'a pas dicté dans le commencement de la sourate. Ainsi les Compagnons ne l'ont pas mentionné et leurs successeurs les ont suivis. C'est une nouvelle preuve du soin extrême pris pour garder le Coran intact sous sa forme complète et originale. (Al-Mawdudî, Tafhîm Al-Qur'ân, introduction à la Sourate At-Tawbah, source en ligne)
En dehors de cela pour savoir si les versets "pacifiques", "tolérants" du Coran ont été abrogés par le verset 9/5 ou d'autres "intolérants", "guerriers", vous pouvez visiter ce lien :
http://www.maison-islam.com/article.php?id=342
Le missionnaire soulève également la question de
Par la suite, le missionnaire adresse la question suivante :
Le Coran classifie-t-il les défis posés contre la véracité de Mohammed et contre les revendications pour l'origine divine du Coran comme tombant sous la catégorie du combat ?
Pour ce faire, il cite le verset 5 :51 dont le sens est discuté ici. Est également cité le Hadîth cité par Ibn Kathîr :
L'imam Ahmad a rapporté qu'Abou Moussa al-Ach'ari (P.A.a) a dit : « J'ai dit à Omar, j'ai un secrétaire chrétien » et Il dit : « Qu'est ce qui t'est arrivé ? - Puisse Allah te combattre ! N'as-tu pas entendu les propos du Très Haut : « Ô les croyants! Ne prenez pas pour alliés les Juifs et les Chrétiens; ils sont alliés les uns des autres. Et celui d' entre vous qui les prend pour alliés, devient un des leurs. Allah ne guide certes pas les gens injustes.» (Coran, 5 : 51). Ne pouvais-tu pas employer un monothéiste (musulman) ? Je lui ai dit : commandeur des croyants ! Son écriture m'appartient et sa religion est à lui » - Il dit: « Je ne les honore pas après qu'Allah les a humiliés ; je ne leur donne pas puissance après qu'Allah les a abaissés ; je ne les rapproche pas après qu'Allah les a éloignés ».
Ainsi, selon cette tradition, le sens du verset 5 :51 serait de n'avoir aucun contact avec des juifs ou des chrétiens. Tout d'abord, même si ce n'est bien sur pas une généralité, il est vrai que faire confiance à certains types de chrétiens pour rédiger un texte (religieux) peut s'avérer risqué. C'est pour ça que certains savants jugent néfaste le fait de distribuer de Coran (en arabe) aux non-musulmans. Sage décision lorsque l'on voit comment certains évangélistes chrétiens modifient des exemplaires du Corans aux USA dans lesquels ils ajoutent des concepts comme celui de la
http://www.saphirnews.com/Le-Coran-Americain-,-entre-falsification-et-manipulation-_a2809.html
Quand à l'interprétation du verset 5:51 par Oumar Ibn Al-Khâttab, radhia allâhou anhou, (note : ça ne l'empêchait nullement de faire la charité aux Dhimmis et ce par pitié naturelle), elle est sienne. Abû Musa lui avait compris ce verset autrement, comme ne signifiant pas qu'il faut éviter tout contact avec le juif ou le chrétien. En quoi sa compréhension serait-elle plus erronée que celle d'Oumar ?
En outre, le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, n'a pas vu en le verset 5 :51, une interdiction d'avoir un rapport quelconque avec un juif ou un chrétien ou de leur confier quelque chose. La preuve en est que lors de sa mort, sa cotte de mailles se trouvait alors placée en gage chez un juif de Médine, auprès de qui il avait acheté de l'orge à crédit pour nourrir sa famille (Al-Bukhârî, n° 4197, rapporté sur l'autorité d'Aïcha, radhia allâhou anha). Or, si il avait voulu, jugeant que le juif n'est qu'un maudit, non digne de confiance ou d'honneur selon le verset 5 :51, il aurait pu sans aucun problème la confier à un de ses disciples qui aurait été ravi de lui rendre ce service.
Également ayant un jour abattu un animal, le compagnon Abdullâh ibn Amr, radhia allâhou anhou, dit aux gens de sa famille : "En avez-vous offert une part à notre voisin juif ? En avez-vous offert une part à notre voisin juif ? J'ai entendu le Prophète dire : "L'Ange Gabriel m'a tellement recommandé de bien agir envers le voisin que j'ai pensé qu'un jour le voisin pourrait avoir une part d'héritage".' (rapporté par At-Tirmidhî, n° 1943, et Abû Dâoûd, n° 5152).
Voici donc un Compagnon du Prophète qui considère l'exhortation islamique de faire le bien vis-à-vis du voisin comme s'appliquant naturellement à son voisin juif. Et il est patent que cela ne constitue nullement un cas d'hypocrisie comme le missionnaire l'allègue ci-dessous.
En effet, selon le missionnaire, la bienfaisance que prône le Coran en 60/8 ne serait en fait qu'un semblant de bonté, hypocrite, destinée à convertir le non-musulman :
Or, à bien y réfléchir, nous voyons qu'il n'en est rien.
Al-Bukhârî et Muslim ont rapporté ce que Asmâ Bint Bakr a relatée à propos de sa mère mécréante: "Du temps du Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, ma mère, qui était encore polythéiste, vint me trouver pour me demander quelque chose. Je demandais alors conseil au prophète : 'Ma mère est venue chez moi pour me demander quelque chose. Puis-je lui donner une aumône? – Oui, me dit-il, conserve de bonnes relations avec ta mère".
Est-ce que le Prophète lui a dit : "Oui. Montre un semblant de bonté envers elle, sois perfide dans le dessein de la convertir"? Clairement, non, sa réponse se base sur la parole de Dieu "…et ton Seigneur a décrété : 'n'adorez que Lui; et (marquez) de la bonté envers les père et mère….." Coran, 17/23
Le Sheikh Yûsuf Al-Qardhawî cite à cet égard, quelques exemples pertinents :
Muhammad Ibn Al-Hasan, le compagnon de Abû Hanîfah et le consignateur de sa jurisprudence, rapporta que, lors d'une année de sécheresse, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - envoya aux habitants de la Mecque de l'argent destiné aux pauvres et ce, malgré la souffrance et la peine que les mecquois lui avaient fait endurer auparavant, lui et ses compagnons.
(…)
Cette tolérance se manifeste également dans le comportement des compagnons et des successeurs envers les non-musulmans. Ainsi `Umar ordonna-t-il qu'une allocation permanente puisée dans le Trésor Public des musulmans soit versée à un juif et à ses enfants. Il ajouta : 'Le Très-Haut dit : ' Les aumônes ne sont destinées qu'aux pauvres, aux indigents, [...]' [12] et ceux-là sont des pauvres parmi les Gens du Livre.' [13] Puis, sur son chemin vers le Shâm, il vit des chrétiens lépreux et ordonna qu'une aide sociale leur soit versée du Trésor Public des musulmans.
(…)
Lorsque la mère d'Al-Hârith Ibn Abî Rabî`ah - qui était chrétienne - décéda, les compagnons du Messager d'Allâh - paix et bénédictions sur lui - accompagnèrent son cortège funèbre. [16] De même, certains nobles successeurs donnaient une partie de zakât al-fitr [17] à des moines chrétiens et n'y voyaient aucun inconvénient. Certains d'entre eux, comme `Ikrimah, Ibn Sîrîn et Az-Zuhrî - étaient même d'avis que l'on pouvait leur verser une partie de la zakât à proprement parler [18]. Ibn Abî Shaybah rapporta que Jâbir Ibn Zayd fut interrogé au sujet de l'aumône : Qui est habile à la recevoir ? Il répondit : 'Vos coreligionnaires musulmans et les gens de leur dhimmah.' [19]
http://www.islamophile.org/spip/article860.html#nh13
On voit ici des musulmans (parmi lesquels le Prophète et Oumar) se comporter avec bonté envers des non-musulmans et ce en aucun cas de façon hypocrite pour marchander une conversion (pas comme les missionnaires chrétiens avec leurs dollars américains en Algérie) mais plutôt par pitié naturelle.
Devant toutes ces preuves l'assertion du missionnaire, comme quoi la bienfaisance envers le non-musulman doit servir hypocritement seulement à le convertir, se révèle manquer cruellement de pertinence.
http://islampaix.blog4ever.com/blog/lirarticle-145578-640898.html