Jihâd perpétuel ?
Beaucoup de détracteurs de l'Islam dépeignent cette religion comme belliqueuse, prônant une violence inouïe vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas leur confession. Ils se basent entre autre sur ce verset:
Combattez ceux qui ne croient ni en Dieu ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu'à ce qu'ils versent la capitation par leurs propres mains, après s'être humilies. (Coran, 9 :29)
Voyez disent-ils en substance, les musulmans pour être fidèle à leur religion n'ont d'autres solutions que de guerroyer perpétuellement contre les juifs et les chrétiens jusqu'à leur extorquer
Cependant, rien ne prouve la validité de cette assertion et il faut se référer au contexte historique pour comprendre la portée réelle de ce verset coranique.
Pour exposer ce même contexte, nous citons le commentaire du Sheikh Abû Al-A`lâ Al-Mawdûdî, rahimahullâh, dans son ouvrage Tafhîm Al-Qur'ân :
Conquête de l'Arabie :
Le premier était
Le résultat était qu'à peine une année s'était écoulée après
Campagne à Tabûk :
Contrairement à tous les principes de la loi internationale généralement acceptée, ils tuèrent quinze membres de la délégation à proximité d'un lieu connu sous le nom de Zat-u-Talah (ou Zat-i-Itlah). Seul Ka'ab Ibn Umair Ghifari, le chef de la délégation réussit à s'évader et rapporta le triste incident. En plus de cela, Shurahbil Ibn Amr, le gouverneur Chrétien de Busra, qui était directement sous le Romain César, avait aussi mis à mort Haritli Ibn Umair, l'ambassadeur du Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, qui lui avait été envoyé comme subordonné également. Ces événements convainquirent le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, qu'une action forte devait être entreprise pour rendre le territoire adjacent à l'Empire Romain sûr et sécurisant pour les Musulmans.
En conséquence, au mois de Jumâda'l-Ûla de l'an 8 de l'Hégire, il envoya une armée de trois mille hommes vers la frontière syrienne. Quand cette armée atteignit presque Ma'an, les Musulmans apprirent que Shurahbîl s'avançait à la tête d'une armée de cent mille hommes pour se battre contre eux et que César, qui était lui-même à Hims, avait envoyé une autre armée composée de cent mille soldats sous la direction de son frère Théodore. Mais en dépit de ces nouvelles effrayantes, la petite bande courageuse des Musulmans s'avançait intrépidement et la rencontre avec la grande armée de Shurahbîl eut lieu à Mu'tah. Le dénouement résultat était très favorable aux Musulmans, car l'ennemi ne parvint pas à les mettre en échec quand bien même il était en nombre supérieur (la proportion des deux armées était 1:33). Cette prouesse a été très bénéfique pour la propagation de l'Islam.
En conséquence, ces Arabes qui vivaient dans un état de semi-indépendance en Syrie et à proximité de la Syrie et ainsi que les clans de Najd près de l'Irak, qui étaient sous l'influence de l'Empire iranien, se tournèrent vers l'Islam et l'embrassèrent par milliers. Par exemple, le peuple de Banû Sulaym (dont le chef était Abbas Ibn Mirdas As-Sulaymî), Ashja'a, Ghatafân, Zubyan, Fazarah, etc. rejoignirent les rangs de l'Islam en même temps. Et surtout, Farvah Ibn Amral Juzami, qui était le commandant des armées arabes de l'Empire Romain, embrassa l'Islam à ce moment-là et fut jugé pour sa Foi d'une façon telle que le territoire entier en était perplexe.
Quand César apprit que Farvah avait embrassé l'Islam, il ordonna qu'on l'arrête et qu'on le présente à sa cour. Alors César lui dit : "Tu devras choisir entre deux choses. Ou tu renonces à ton Islam et regagnes ainsi ta liberté et ton rang. Ou tu restes un Musulman et tu fais face à la mort." Il choisit calmement l'Islam et sacrifia sa vie pour la voie de
Quand le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, qui se tenait toujours bien informé des moindres choses qui pourraient affecter le Mouvement Islamique favorablement ou défavorablement, eut pris connaissance de ces préparatifs, il comprit immédiatement leur signification. Alors, sans beaucoup d'hésitation il décida de se battre contre la grande puissance de César. Il savait que la moindre preuve de faiblesse aboutirait à l'échec total du Mouvement qui faisait face à trois grands dangers à ce moment-là. D'abord le pouvoir 'de l'ignorance' qui avait presque été écrasé sur le champ de bataille de Hunayn risquait de reprendre de l'importance.
Deuxièmement, les Hypocrites de Médine, qui étaient toujours à l'affût d'une éventuelle opportunité, pouvaient profiter de cela pour faire le plus grand mal possible. Car ils avaient déjà fait des préparatifs en vue de cela et, par l'intermédiaire d'un moine appelé Abû Amir, ils avaient envoyé des messages secrets au sujet de leurs mauvaises intentions au roi chrétien de Ghassan et à César lui-même. En plus de cela, ils avaient aussi bâti une mosquée près de Médine pour la tenue de réunions secrètes.
Le troisième danger était l'attaque par César lui-même, qui avait déjà battu l'Iran, l'autre grande puissance de cette époque et qui avait rempli de crainte les territoires adjacents. Il est évident que s'il avait été donné à ces trois éléments une occasion d'entreprendre une action concertée contre les Musulmans, l'Islam aurait perdu le combat qu'il avait presque remporté. C'est pourquoi dans ce cas le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, fit une déclaration ouverte quant à l'organisation des préparatifs pour
Mais malgré ces handicaps, quand le Messager d'Allâh réalisa l'urgence de l'occasion, il prit cette mesure qui devait décider si
Toutes les parties de l'Arabie avaient pleinement réalisé les conséquences graves de cette décision critique. Les quelques partisans du vieil ordre 'de l'ignorance' attendaient avec inquiétude l'issue de
Chacun d'eux essayait de surpasser l'autre en apportant des contributions pour les provisions en équipement. `Uthmân et `Abd Ar-Rahmân Ibn Awf ont apporté de grandes sommes d'argent à cette fin. Umar a contribué avec la moitié de ses biens et Abû Bakr tous ses bénéfices. Les Compagnons indigents ne sont pas restés en arrière et ont offert tout ce qu'ils pourraient gagner par la sueur de leur travail et les femmes se sont séparées de leurs ornements. Des milliers de volontaires, qui étaient vivement désireux de sacrifier leurs vies pour l'Islam, sont allés vers le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, pour demander à avoir à leurs dispositions des armes et un moyen de transport afin qu'ils puissent rejoindre l'expédition. Ceux à qui on ne pouvait pas fournir tout cela versaient des larmes de tristesse ; La scène était si pathétique que le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, était triste face à son incapacité à les armer. Bref, l'occasion permettait de distinguer le sincère croyant de l'hypocrite. Car rester en retrait pour
Ainsi, le Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, se dirigea vers la Syrie en l'an 9 après l'Hégire au mois de Rajab, en compagnie de trente mille combattants pour la cause de l'Islam. Les conditions dans lesquelles l'expédition a été entreprise pouvaient être mesurées à partir du fait que le nombre de chameaux dont ils disposaient était si petit que beaucoup d'entre eux étaient obligés de marcher à pied et d'attendre leurs tours ; plusieurs d'entre eux ont dû monter à plusieurs sur le même chameau. A ajouter à cela, il y avait la chaleur brûlante du désert et le manque sévère d'eau. Mais ils ont été richement récompensés pour leur résolution ferme et l'adhésion sincère à la cause et pour leur persévérance face à ces grandes difficultés et obstacles.
Quand ils sont arrivés à Tabûk, ils apprirent que César et ses alliés avaient retiré leurs troupes de la frontière et qu'il n'y avait plus d'ennemis à combattre. Ainsi ils gagnèrent une victoire morale qui augmenta leur prestige et, qui plus est sans verser une goutte de sang. A ce propos, il est important de signaler que la version générale donnée par les historiens sur les campagnes du Saint Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui, à propos de
Il choisit finalement la deuxième solution et fit une halte de vingt jours à Tabûk. Pendant ce temps, il fit pression sur les petits états qui se trouvaient entre l'Empire Romain et l'État Islamique et qui étaient à ce moment-là sous l'influence des Romains, il les soumit et les rendit tributaires de l'État Islamique. Se soumirent notamment quelques chefs chrétiens comme Ukaydir Ibn `Abd Al-Malik Al-Kindî de Dumatul Jaidal, Yuhanna Ibn D'obah d'Ailah et les chefs de Maqna, Jarba ' et Azruh et ils acceptèrent de payer
http://www.islamophile.org/spip/article162.html
Un rapport à la teneur similaire peut être trouvé dans l'ouvrage, Ar-Rahiq Al-Makhtum (le nectar cacheté), ci-dessus :
http://www.witness-pioneer.org/vil/Books/SM_tsn/ch7s3.html#The%20Invasion%20of%20Tabuk
Donc, clairement si l'on se réfère au contexte historique, ce fut une agression, un acte de guerre émanant en premier lieu des voisins (chrétiens) des musulmans qui abouti à la révélation du verset 9/29 et l'injonction de les combattre, du fait qu'ils ont tué des messagers musulmans innocents qui ne faisaient que leur communiquer une lettre du Prophète Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam. Voila ce qui a motivé la campagne de Tabûk durant laquelle le paiement de
Oumar Ibn Al-Khâttab, radhia allâhou anhou, relate cet atmosphère tendu et le caractère belliqueux des voisins des musulmans, en ces termes : Les gens qui étaient dans la région alentour du Prophète s'étaient apaisés vis-à-vis du Prophète ; il ne restait qu'un roi, celui des Ghassanides en Syrie, dont nous craignions qu'il nous attaque" (Rapporté par Al-Bukhârî, n° 5505.)
C'est dans cette perspective que le Sheikh Hânî al-Jubayr indique en répondant à une question :
http://islamtoday.com/show_detail_section.cfm?q_id=312&main_cat_id=15
Dans la même voie, le Sheîkh Jalal Abualrub écrit :
Ce verset, aussi doit être lu dans le contexte de la règle coranique selon laquelle la guerre est autorisée seulement pour se défendre (voir 2 : 190-194, et les notes correspondantes). En d'autres termes, l'injonction ci-dessus de combattre est appropriée seulement en cas de d'agression envers la communauté ou l'état musulman, ou en présence d'une menace indubitable pour sa sécurité : une opinion qui a été partagée par ce grand penseur islamique, Muhammad `Abduh. Présentant ses observations sur ce verset, il a déclaré : Le « combat a été rendu obligatoire en Islam seulement pour défendre la vérité et ses disciples…. Toutes campagnes du prophète étaient défensives; et ont eu lieu ainsi les guerres entreprises par les compagnons durant la période primitve [de l'Islam] » (Manar X, 332).
Dans "Ceci est l'Islam", (éditions assia, p.45) Sheikh Salîh Ibn Ad Al Azîz Ibn Muhammad Ibn Ibrahîm Al-Sheikh, ministre Saoudien des affaires islamique, des legs pieux, de la prédication et de l'Orientation explique :
Les états sont toujours dans une de ces deux situations : dans une situation de guerre ou dans une situation de paix. En cas de guerre,
Ibn Taymiyah décrit les guerres du Prophète contre les Byzantins, comme suit : « En ce qui concerne les Chrétiens, le Prophète ne leur déclara pas la guerre avant d'envoyer ses messagers à Héraclius, à Chosroès, à Moquauqisse, au Négus, aux rois de l'Orient et de
Lorsque le Prophète vit que les Chrétiens avaient pris l'initiative de persécuter les Musulmans, il envoya une troupe à la tête de laquelle il plaça Zayd Ibn Hârithah, remplacé par Ja`far, puis par Ibn Rawâhah. Ce fut le premier combat qui opposa les Chrétiens et les Musulmans ; il prit place à Mu'tah, en Syrie. Un grand nombre de Chrétiens se rallièrent contre les Compagnons du Prophète et plusieurs d'entre eux ainsi que les différents chefs de la petite armée moururent en martyrs sur le champ de bataille. Khâlid Ibn Al-Walîd assuma alors le commandement de l'armée. »
Cela prouve que le combat du Prophète se limitait à repousser les attaques. Du temps du Prophète, elles se présentaient sous deux aspects :
- Les ennemis dirigeaient leurs attaques contre le Prophète qui les faisaient retomber sur eux.
- Ils détournaient les Musulmans de leur foi. Dans ce cas, le Prophète devait à tout prix empêcher l'atteinte à la liberté de pensée et de croyance.
Sous ces deux aspects, nous voyons que le Prophète n'imposait pas sa religion et n'obligeait personne à l'embrasser, mais il protégeait l'un de ses principes : la liberté de croyance, que le Coran stipulait : « Nulle contrainte en religion. »
En vérité, si le Prophète entrait en guerre, cela était uniquement pour défendre la liberté de pensée et pour protéger le croyant contre ceux qui voulaient lui faire renier sa foi.
http://www.islamophile.org/spip/article1138.html
La relation entre l'Abyssinie et les premiers états de l'Islam est une excellente étude de cas pour réfuter la conception classique des deux territoires [Dar al Islam et Dar al Harb], qui appelle à une guerre permanente contre les non-musulmans des communautés politiques jusqu'à ce qu'ils acceptent l'Islam ou de payer
L'Abyssinie avait maintenue son identité chrétienne longtemps après que l'Islam a été créé en Arabie et en Afrique du Nord. Quelques familles musulmanes pouvaient y être trouvées au quatrième siècle de l'Hégire. (T.W Arnold, The Preaching of Islam, London, Constable and Company, 1332/1913, p.113)
Dès le début, les Abyssiniens ont montré leur bonne volonté envers les premiers musulmans qui, fuyant la persécution de Quraysh, avaient cherché refuge en Abyssinie. Les émigrés musulmans ont été accueillis par les Abyssiniens et étaient en outre protégés contre leurs persécuteurs, qui avaient envoyé une délégation dans le but de ramener les émigrants musulmans de Ja'afar Ibn Talîb. L'Abyssinie fut le premier état à reconnaître l'Islam. Les bonnes relations entre l'Abyssinie et l'Etat islamique perdurent la suite (Muhammad Haykal, The Life of Muhammad, trans. Isma'il al-Faruqi [ North American