La polygamie




Une question qui revient de façon récurrente et est souvent utilisée par des critiques de l'Islam est celle de la polygamie. Le Coran et les enseignements de l'Islam se voient critiqués du fait que la polygamie est tolérée en Islam.




À cette l'allégation, je répondrai que les objecteurs d'obédience chrétienne ne devrait pas pester contre le Coran du fait que celui-ci tolère (et non pas institue), sous certaines conditions la polygamie, étant donné que la Bible l'autorise également :




Si un homme, qui a deux femmes, aime l'une et n'aime pas l'autre, et s'il en a des fils dont le premier-né soit de la femme qu'il n'aime pas  (Deutéronome, 21 :15)




La Bible enseigne aussi que certains Prophètes furent polygames à l'image de David (2 Samuel 5:13; 1 Chroniques 3:1-9, 14:3)  Salomon a eu 700 femmes et 300 concubines selon 1 Rois 11:3.  Egalement, Réhoboam, le fils de Salomon eut 18 femmes et 60 concubines selon 2 Chroniques 11:21.




Si cette pratique était immanquablement réprouvée par Dieu, Il aurait du admonester David, Salomon et Réhoboam. Pourtant, Il n'a rien fait de tel selon la Bible.




Jésus, a pour sa part énoncé une parabole explicitement polygame (Matthieu, 25 :1-10), a demandé à ses disciples de suivre la Torah de Moïse (23 :2-3), affirmant la confirmer (5 :17), ce qui implique qu'il n'a pas abrogé cette pratique. Quand au dialogue avec les Pharisiens en Matthieu 19, il concerne le divorce et n'a rien à faire avec la polygamie.




Ainsi, l'Islam n'a nullement institué la polygamie, une pratique vielle comme le monde. Mais la religion musulmane l'a réglementée, codifiée et limitée, exigeant de l'époux polygame une extrême et rigide équité entre ces épouses et la capacité à les entretenir.




Et si vous craignez de n'être pas justes envers les orphelins… il vous est permis d'épouser deux, trois ou quatre, parmi les femmes qui vous plaisent, mais, si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule, ou des esclaves que vous possédez. Cela afin de ne pas faire d'injustice (Coran, 4 :3)




Egalement, Abû Hourayra, r.a.a, rapporte ces propos du Prophète Muhammad, saws:




Celui qui a deux épouses et qui penche vers l'une au détriment de l'autre, viendra le jour de la Résurrection traînant l'une de ses deux moitiés penchée [1]




Le Sheikh Yûsuf al-Qardhawî explique dans une de ses Fatwa :

 


La condition qui détermine en Islam la permission pour un homme d'avoir plus d'une femme, c'est la confiance en le fait qu'il sera en mesure de traiter équitablement ses deux ou plusieurs épouses en matière de produits alimentaires, de boissons, de logement, d'habillement et de dépenses, aussi bien que dans la répartition de son temps entre-elles. Celui qui n'offre pas la garantie qu'il sera en mesure de s'acquitter de toutes ces obligations, dans la justice et l'égalité, se voit interdire par Allah, le Tout-puissant de se marier à plus d'une femme, car Allah dit: si vous craignez de n'être pas justes avec celles-ci, alors une seule… [2]

 



C'est très bien tout ça mais pourquoi avoir conservé cette pratique ? N'est-elle pas trop dégradante pour la femme ?


 

Concernant la raison pour laquelle cette pratique fut conservée, le Sheikh Yûsuf al-Qardhawî répond :



L'Islam a autorisé la polygamie parce qu'il est une religion réaliste, qui ne plane pas dans des idéaux utopiques, délaissant les problèmes de la vie quotidienne sans remède possible. Le deuxième mariage peut en effet résoudre des problèmes chez l'homme dont l'épouse ne peut avoir d'enfants, ou dont l'épouse a des règles trop longues, alors que lui-même a un puissant instinct sexuel, ou encore celui dont la femme est atteinte d'une maladie chonique mais qui veut rester avec elle, ne souhaitant pas le divorce, etc. Le deuxième mariage peut également résoudre des problèmes chez la veuve qui n'espère pas se remarier avec un jeune homme célibataire. Il en est de même pour la jeune femme divorcée, surtout si elle possède un ou plusieurs enfants. Le deuxième mariage peut enfin résoudre des problèmes au niveau de la société dans son ensemble. C'est le cas lorsque le nombre de femmes aptes au mariage est supérieur au nombre d'hommes aptes au mariage. Cette situation apparaît régulièrement, et est d'autant plus accentuée après les guerres par exemple.


Que pouvons-nous donc faire du surplus de femmes ? Trois possibilités s'offrent à nous :

  1. Soit elles passent toute leur vie interdites de vie conjugale et de maternité, ce qui constitue un préjudice pour elles.
  2. Soit elles satisfont leurs instincts sexuels derrière le dos de la religion et des vertus morales, et cela constitue pour elles une perdition.
  3. Soit elles acceptent d'épouser un homme déjà marié, capable de les entretenir et de préserver leur chasteté, confiant en sa capacité à être équitable envers ses épouses. Et cela est la solution convenable.


Pour ce qui est de la mauvaise utilisation de cette permission ou de ce droit, combien de droits sont mal utilisés, et dont la pratique est abusive, sans que cela ne conduise à leur abolition ni à leur annulation ?

Le droit au premier mariage lui-même connaît de nombreux abus, devons-nous donc l'abolir ? Le droit à la liberté, quand bien même serait-il mal utilisé, devons-nous l'abolir ? Le droit de vote, quand bien même serait-il mal utilisé, devons-nous l'abolir ? Le pouvoir, quel qu'il soit, peut être mal utilisé. Devons-nous l'abolir et vivre dans l'anarchie ?

Plutôt que d'appeler à abolir la polygamie, il vaut mieux poser des restrictions à son utilisation, et punir ceux qui abusent de ce droit, dans la mesure du possible.


http://www.islamophile.org/spip/article461.html

 




Anas Ahmed Lala écrit :

 


Pourquoi l'islam l'a-t-il quand même autorisée, me direz-vous ? Les règles de l'islam sont destinées à toute l'humanité, à toutes les époques jusqu'à la fin du monde, et donc à diverses circonstances. Or, voici un exemple où vous apparaîtra pourquoi l'islam a, dans le cadre des conditions citées ci-dessus, gardé permise la polygynie : en cas de guerre où un grand nombre d'hommes seraient morts, que faire ? Laisser un grand nombre de femmes sans mari ?



http://www.maison-islam.com/article.php?id=153




 

Il faut aussi savoir qu'en islam, le mariage étant non pas un sacrement mais un contrat entre deux êtres consentants, il est tout à fait possible que la femme stipule comme condition, lors de son mariage, que son mari ne prendra pas de deuxième épouse. Le savant Ibn Qudama écrit :

 



En conclusion, donc, les conditions du contrat de mariage sont divisées en trois types, qui doivent être respectées, ce qui est bénéfique pour la femme, tel que son pouvoir de stipuler qu'il ne peut la faire partir de sa maison, ville, ou de voyager avec lui, ou de prendre une autre femme ou une concubine. Il doit se conformer à ces conditions, et s'il ne le fait pas, alors elle a le droit d'annuler le mariage. [3]


 


Et également :

 



L'Imâm Ahmad Ibn Hanbal a souscrit à l'opinion selon laquelle il est nécessaire de remplir ces conditions, et si le mari est négligent en quelque façon que ce soit, la femme aura le droit de demander l'annulation du mariage [4]

 


Et :

 


En outre, nous avons cité de nombreux Sahaba qui ont validé ces dispositions, et personne de leur génération n'a réfuté. Par conséquent, nous établissons ceci comme un Ijma '(consensus). [5]

 



 

Ibn Taymiyya a émis une fatwa sur le sujet :

 

 

Question: un homme s'est marié à une femme et elle a stipulé qu'il ne devrait pas prendre une autre femme ou la faire à partir de sa maison, et qu'elle pouvait rester avec sa mère, ainsi il s'est marié avec elle sur cette base. Est-il contraint d'adhérer à ces conditions, et s'il va à l'encontre de ces conditions, est-ce que sa femme a le droit d'annuler le mariage ou non ?

 
Réponse: oui, ces conditions et d'autres similaires sont valables selon le madhhab de l'Imam Ahmad et d'autres savants parmi les Sahaba et Tabi'ins, comme Oumar Ibn Al-Khâttab, Amr Ibn Al' As, Shurayh al Qadi, Al Ooza'i et Ishâq 
[6]

 

 


Le professeur Muhammad Abdel Halim synthétise tout ce qui a été dit ci-dessus dans son excellent livre "Understanding the Qu'ran". Il écrit:

 



Les femmes ne peuvent pas être forcées à la polygamie, car la seconde épouse entre dans le mariage librement et la première épouse, ou toute femme peut stipuler dans le contrat de mariage que le mari ne peut pas conclure un autre mariage sans son consentement. Ceci est pratiqué par certaines femmes dans les pays musulmans aujourd'hui. [7]

 



Certaines personnes qui critiquent le Prophète Muhammad, que la paix de Dieu soit sur lui, posent la question suivante : Si le Coran n'autorise que quatre femmes, pourquoi Muhammad en avait-il neuf ? En se basant là-dessus, certains détracteurs n'ont pas hésite à dire que Muhammad ne respectait pas le Coran et a fabriqué les passages coraniques relatifs au domaine matrimonial pour son intérêt personnel.




En fait, il s'agit d'un privilège lui ayant été accordé. Certes le Prophète a eu ce privilège mais ceci fut contrebalancé par certaines restrictions. Par exemple, Qiyam Al Layl (les prières aux deux tiers de la nuit) ne sont pas obligatoires pour le musulman. En revanche, elles l'étaient pour le Prophète, la paix soit sur lui.

 



Et de la nuit consacre une partie [avant l'aube] pour des Salat surérogatoires : afin que ton Seigneur te ressuscite en une position de gloire (Coran, 17 :79)

 


 

Ibn Kathîr écrit…


 

Ici Allah lui commande (au Prophète) de célébrer des prières surérogatoire durant la nuit après les prières prescrites. Il a été rapporté dans Sahih Muslim d'Abû Hourayra, que quand le Messenger d'Allâh fut interrogé sur laquelle de prière est la meilleure après les prières prescrites, il a dit: La prière de la nuit. Allâh a commandé à Son Messager de prier après avoir effectué les prières prescrites et le terme Tahajjud se réfère à la prière qui est accomplie après avoir dormi. C'était l'avis de `Alqamah, Al-Aswad, Ibrahim An-Nakha`I et d'autres.  Ceci est aussi bien connu de la langue Arabe elle-même. Un certain nombre de Hadîths rapportent que le Messager d'Allah avaient l'habitude de prier Tahajjud après qu'il eut dormis. Ceci inclut les rapports d'Ibn`Abbas, `A'isha et d'autres Compagnons, qu'Allâh soit satisfait d'eux ...' (Tafsîr Ibn Kathîr, Source)

 



Est-ce qu'un faussaire qui chercherait son intérêt personnel s'embêterait à effectuer des prières surérogatoires ou se serait fixé des limites concernant le nombre de femmes ?



Il ne t'est plus permis désormais de prendre [d'autres] femmes. Ni de changer d'épouses, même si leur beauté te plaît; - à l'exception des esclaves que tu possèdes. Et Dieu observe toute chose. (Coran, 33 :52)




Derrière la plupart des mariages du Prophète, paix sur lui, il y avait une certaine sagesse et une raison spécifique (sociale, diplomatique, humaniste…). Pour en savoir plus, cliquez ici.



C'est pour cela également qu'il était essentiel que les différents mariages du Prophète, paix sur lui, soient maintenus.

 



Dr Jamal Badawi note….


 

Il convient de noter que l'exception spéciale pour le Prophète concernant le nombre maximum d'épouses [le Coran, 33: 50] comprend également des restrictions particulières sur lui et ses épouses concernant des privilèges à la disposition de tous les autres. Par exemple, ses femmes en tant que  «mères des croyants» ne furent pas autorisés à se remarier après lui [le Coran 33: 53]. Si le Prophète avaient été tenus de divorcer de ses épouses au-delà du nombre maximal de quatre, il leur aurait fait une injustice, d'être divorcé et interdite de se remarier. En outre, pour chacun des mariages du Prophète il y avait une leçon spécifique, sociale ou législative. En divorçant de certains de ses épouses, ces leçons sont effectivement réduites à néant, en particulier la réunion unificatrice du mariage avec des femmes de différents clans et horizons. (Jamal A. Badawi, Marriages of  Prophet Muhammad (peace be upon him), Source)

 


Quand à la sagesse se trouvant derrière la raison pour lesquelles en qualité de mère des croyants, les épouses du Prophète ne pouvaient pas se remarier avec quelqu'un d'autre, Dieu sait mieux. Peut être que c'était pour éviter qu'en période de Fitna, des gens égarés se mettent à idolâtrer des enfants nés des épouses du Prophète, tout comme les chiites aujourd'hui le font avec les petits-enfants du Prophète.




Wallâhu A'lam

 

 

 

Références :

 


 

[1] rapporté par Abû Daoud, n° 3133, Ahmad, 2/347, At-Tirmidhî, n° 1141, An-Nassaï 7/63, Ibn Mâja, n° 1969


[2] Sheikh Yusûf Al-Qaradawî,  Halâl wa harâm, chapitre 3, section 2

 

[3] Ibn Qudamah, Al-Mughni, part 7, Kitâb al-Nikâ

 

[4] Ibn Qudama, Ibid

 

[5] Ibn Qudama, Ibid

 

[6] Ibn Taymiyya, Al-Fatâwâ al-kubrâ

 

[7] Muhammad Abdel Halim, Understanding the Qu'ran, page 45-46





Moussa Youssouf




18/01/2008
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