Muhammad (sws) n'était pas illettré?


L'objectif de cet article est d'examiner un point qui a plus d'une fois été soulevé par certains Orientalistes et missionnaires chrétiens : L'illettrisme supposé ou réel du Prophète Muhammad, sallâllâhou alayhi wa salam.

 

Il est généralement admis par les savants musulmans que le Prophète de l'Islâm n'était pas un homme lettré (mais la possibilité qu'il ait pu apprendre à la fin de sa vie n'est pas écartée. Qu'y aurait-il d'étonnant à cela ? Il a toujours incité les musulmans à apprendre l'usage du Qalam et de la lecture. En outre, certains membres de sa famille tels sa femme Hafsa Bint Oumar Al-Khâttab ou son cousin Alî Ibn Abî Talîb étaient devenus lettrés)

 

La position de certains Orientalistes et essayistes chrétiens sur l'Islam, elle est tout autre. Elle est résumée par Mohammed Amine Alibhaye, comme suit :

 

Le Prophète n'était pas illettré, donc le soi-disant miracle l'est beaucoup moins. Le prophète a été déclaré illettré pour magnifier le Coran. Ces arguments à première vue solides, avancés par de "grands orientalistes" et autres docteurs en islamologie et en divinité, semblent donc dénier au Coran son caractère miraculeux. Qu'avons-nous à y répondre? (Cité dans Islam en ligne de mire ? Amine Alibhaye)

 

Le mot Ummy ("illettré"), utilisé à plusieurs reprises dans le Coran, est particulièrement l'objet de controverse. Accessoirement, les assertions de certains orientalistes et/ou missionnaires chrétiens se basent également sur certains Hadîths authentiques rapportés par Al-Bukhârî et Muslim. C'est pourquoi, nous avons trouvé juste de répondre à cette allégation. Nous nous pencherons dans un premier temps sur les éléments sur lesquels les tenants du caractère lettré du Prophète, saws, se basent. Puis nous verrons les éléments indiquant que le Prophète, saws, n'était pas un homme lettré  :

 

 

Première partie:



La première chose à indiquer est le fait qu'un homme ait la capacité de rédiger quelques mots ou de lire quelques lignes d'un texte, ne met pas nécessairement en évidence son caractère lettré :

 

On parle d'illettrisme quand il y a eu apprentissage de la lecture et de l'écriture mais que cet apprentissage n'a pas conduit à leur maîtrise ou que la maîtrise en a été perdue. Est qualifié "d'illettré" quelqu'un qui est incapable de lire un texte de 70 mots, texte qu'il serait parfaitement capable de comprendre s'il lui était lu par une tierce personne. L'illettrisme relève donc de l'accès au sens des écrits.

 

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Illettrisme

 

Ensuite, voici des Hadîths qui sont parfois cités en guise de preuve de l'érudition du Prophète, sur lui la paix:

 

Rapporté par Ursa,

Le Prophète ECRIVA le (contrat de mariage) avec Aisha alors qu'elle avait six ans et consomma son mariage avec elle alors qu'elle avait neuf ans et elle resta avec lui durant neuf années (c.-à-d. jusqu'à sa mort). Sahih Bukhari, Volume 7, Book 62, Number 8

 

 D'après Anas bin Malik,

Un jour, le Prophète ECRIVAIT une lettre, ou avait l'idée d'écrire une lettre. Il a été dit au Prophète qu'ils ne liraient pas les lettres à moins qu'elles aient été scellés. Ainsi le prophète a obtenu un anneau argenté avec "Muhammad l'Apôtre d'Allah" gravé dessus. J'étais en train d'observer son blanc (de l'anneau) scintillez sur la main du prophète. Sahih Bukhari, Volume 1, Book 3, Number 65

 

Cependant ces deux traditions n'apportent aucunement la preuve péremptoire que le Prophète (sur lui la Paix) était lettré. Ce n'est pas parce qu'un rapporteur a narré de cette manière "le Prophète écrivait" que ce dernier a effectivement écrit quoi que ce soit de sa propre main. Tout d'abord, il faut faire remarquer que les contrats de mariage n'étaient pas rédigés par écrit à cette époque, c'est donc par anachronisme qu'un narrateur postérieur a formulé la chose ainsi. Ensuite, quand les historiens relatent que Bonaparte a conquis l'Égypte, entendent t-'ils nous dire par là, que c'est Bonaparte en personne et non pas son armée qui a conquit l'Égypte ? Également, lorsque l'on parle de tel livre qui a été "écrit" par Sheikh Ibn Bâz, rahimahullâh, il est évident que nous n'entendons pas dire qu'il l'a rédigé de sa propre main, du fait de sa cécité.

 

C'est comme si l'on formule les choses de cette façon : "François Fillon [Premier ministre français] a écrit à son homologue britannique", or ça ne signifie pas qu'il l'a lui-même écrit ; en général, c'est un secrétaire qui écrit sur l'autorité du dirigeant concerné. Et pour cause, le Prophète (sur lui la Paix) avait des scribes, (environ 48) écrivant pour lui, les missives, épîtres et Sourates du Coran, tels Hanzala Taimi Ufayyidi, Zayd Ibn Thabit, Oubay Ibn Ka'b, Mou'adh Ibn Jabal, Abân Ibn Sa'îd, Thâbit Ibn Quaïss, Muawiya ibn al-Haka, pour ne citer qu'eux.

 

Ainsi le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, n'écrivait pas personnellement de par sa dextre mais écrivait via ses scribes. Illustrations :

 

Le Calife bien guidé, Uthman Ibn Affan (radhia allâhou anhou) rapporte : "Lorsque plusieurs versets étaient révélés au Prophète, celui-ci appelait quelques scribes et leur disait : "Placez ces versets dans telle sourate, celle où sont mentionnés tels et tels sujets". Et lorsqu'un verset lui était révélé, il leur disait : "Placez ce verset dans telle sourate, dans laquelle sont mentionnés tels et tels sujets"" (rapporté par Abû Dâoûd, n° 876, At-Tirmidhî, n° 3086, An-Nassaï, Ibn Mâja, authentifié par Ibn Hibbân: cf. Fat'h ul-bârî, tome 9 p. 29).

 

Egalement, Al-Bara' Ibn 'Azib rapporte au sujet de l'inscription du verset (4 :95). Le Prophète dit : "Appelez Zayd et qu'il apporte le tableau, le pot d'encre et un os d'omoplate". Puis, il dit : "Ecris : "Ne sont pas égaux ceux des croyants qui…" (Rapporté par al-Bukhârî et cité par Ibn Hajar, Fat'h ul-bârî, tome 9 /22)

 

Certaines personnes ont rendu visité à Zayd Ibn Thabit (un des scribes du prophète) et lui ont demandé de leur raconter quelques histoires au sujet du Messager d'Allah. Il a répondu : "J'étais son voisin (du prophète), et quand l'inspiration descendait sur lui, il me faisait mander et j'allais chez lui et j'écrivais pour lui…" (At-Tirmidhî, cité dans Mishkat al-Masabih, n° 5823)

 

'Abdullâh Ibn 'Umar a dit: "Le Saint Prophète a dicté le livre de la Sadaqah et qui fut envoyé ensuite  à ses gouverneurs quand il décéda. Il l'avait joint à son épée. Quand il est décédé, Abû Bakr a agi  en conformité avec lui jusqu'à son décès, puis' Umar a agi en conformité avec lui jusqu'à son décès." (Jâmi' Tirmidhi)

 
Les exemples dans les Hadîths et recueils de Sirâ montrant le Prophète demander le service de ses scribes pour transcrire un texte sont légions.  Il en est donc ainsi pour le Prophète Muhammad, saws, dont les épitres portait la mention "Muhammad Rassul Allâh", mention qui ne fut pas rédigée de sa plume mais par ses scribes.

 

Comparez avec Achab.

 

1 Rois 21:8

Et elle écrivit au nom d'Achab des lettres qu'elle scella du sceau d'Achab, et qu'elle envoya aux anciens et aux magistrats qui habitaient avec Naboth dans sa ville.

 

Ainsi lorsque l'on étude soigneusement la question, on se rend compte que le Prophète était illettré ayant besoin du service de ces compagnons lettrés pour mettre un texte par écrit, ce qui constitue une preuve tangible de son illettrisme.

 

À cela, certains seraient tentés de répondre que le fait que le Prophète, ordonnait à ses scribes d'écrire pour lui des parties du Coran, n'est pas une preuve de son illettrisme, étant donné qu'un scribe, de par sa fonction et la formation qu'il a suivit, est toujours plus compétent en matière d'écriture qu'une personne n'exerçant pas cette fonction, et le Coran étant un texte important, il fallait donc confier la tache de son écriture aux personnes les plus compétentes dans ce domaine. Seulement, cette hypothèse n'est pas pertinente pour les raisons suivantes :

 

-La plupart des scribes du Prophète étaient souvent des "scribes improvisés", ayant certes appris à écrire au fil du temps mais sans faire preuve d'un grand degré d'érudition. Donc, il n' y avait pas de raisons spécifiques de leur confier la mise à l'écrit du texte coranique.

 

- Le Prophète, sallâllâhou alayhi wa salam, n'a pas seulement demandé qu'on écrive pour lui le Coran mais également toutes sortes de paroles :

 

Sahîh Muslim, n° 2414


Abû Hourayra (que Dieu l'agrée) a dit : Quand Dieu le Tout-Puissant accorda à l'Envoyé de Dieu la victoire lors de la conquête de La Mecque, l'Envoyé de Dieu se leva parmi la foule, loua Dieu, proclama Sa gloire et dit : "Dieu a préservé La Mecque de l'Eléphant (Allusion à l'invasion d'Abraha); mais Il a rendu l'Envoyé de Dieu et les Croyants maîtres de cette ville. Elle a été rendue inviolable pour tous ceux qui m'ont devancé; elle n'a cessé d'être sacrée pour moi que durant un certain laps de temps, et elle ne cessera jamais de l'être après moi pour personne. Il est prohibé d'effaroucher son gibier, de couper ses épines, de ramasser les objets qu'on y trouve sinon pour annoncer leur trouvaille à leurs propriétaires. Les siens de celui qui y aura été victime d'un meurtre, auront le choix entre ces deux partis : ou bien l'acceptation du prix du sang ou bien l'exercice du talion contre le meurtrier". - "Ô Envoyé de Dieu! Fais une exception pour l'Idhkhir, demanda Ibn 'Abbâs, car nous faisons usage de cette plante dans nos tombes et nos maisons". - "Exception est faite pour l'Idhkhir", répliqua l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui). Alors un homme du Yémen, Abou Châh se leva et dit : "Ô Envoyé de Dieu! Qu'on me mette ceci par écrit". - "Mets ceci par écrit pour Abû Châh!", ordonna l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui).

 

Sahîh Muslim, n° 3089


D'après Sa'îd Ibn Jubayr, Ibn 'Abbâs dit : "Le jeudi, ah! ce qu'est le jeudi!". Et il se mit à pleurer si fort, que ses larmes mouillèrent les cailloux du sol. Je lui dis : "Ô Ibn 'Abbâs et qu'en est-il du jeudi?". - C'est le jour, reprit-il, où les souffrances de l'Envoyé de Dieu (paix et bénédiction de Dieu sur lui) devinrent plus vives; ce qui le poussa à dire : "Qu'on m'apporte de quoi écrire, afin que je mette par écrit ce qui, dans l'avenir, vous préservera de l'erreur". A ces mots, une discussion s'éleva; ce qui est inconvenant auprès d'un Prophète. On dit : "Est-ce qu'il a le délire? Demandez-lui des explications". Mais lui de dire : "Laissez-moi, ce qui m'occupe maintenant vaut mieux que ce à quoi vous m'invitez. JE VOUS FAIS TROIS RECOMMANDATIONS : Expulsez de l'Arabie les polythéistes; accueillez dûment les députations qui viendront (vers vous), comme moi-même je le faisais". Et IL N'A PAS MENTIONNE la troisième recommandation, ou IL L'A MENTIONNEE, mais je l'ai oubliée".

 

Egalement j'ai le souvenir d'une discussion à ce sujet avec un non-musulman taxant d'apologétique la considération musulmane à ce propos. Son argument contre la question des scribes était en substance le suivant : "Mahomet ne s'embarrassait pas avec ce genre de détails insignifiants et faisait écrire par autrui exactement de la même manière que Napoléon !". Si ce comparatif ne colle pas c'est en raison du fait que le Prophète Muhammad, saws, n'a jamais vécut comme un grand seigneur ou un empereur, ni n'a jamais été oisif à tel point qu'ils confierait à d'autres les besognes les plus simples. Au contraire, malgré ses responsabilités en tant que prophète, enseignant, homme d'État et juge, il trayait sa chèvre (rapporté par Ahmad, n° 25662), raccommodait ses vêtements, réparait ses souliers (rapporté par Al-Bukhârî, n° 676, et Ahmad, n° 25517), participait aux tâches ménagères (rapporté par Al-Bukhârî, n° 676, et Ahmad, n° 23706) ect….  Ainsi, si il n'écrivait pas ce n'est pas parce qu'il entendait se reposer sur les autres en leur déléguant cette tache sans importance mais bien plutôt par incapacité.

 

Un autre Hadîth fait souvent office de preuve aux yeux de certains. Je l'ai cité ci-dessus : Qu'on m'apporte de quoi écrire, afin que je mette par écrit (Sahîh Muslim, n° 3089)

 

Tout d'abord, une fois de plus, la formulation ne prouve rien. Quand un juge dit à un accusé : "Je vais vous envoyer en prison", ce n'est pas le juge qui mettra lui-même le condamné en prison, c'est la police qui le fera. Tout comme la décision d'un Chef d'Etat de rembourser une dette ou d'accorder une subvention, c'est le trésorier qui exécute.  Ensuite, le terme "kataba" (écrire) a plusieurs significations, dont celle d'ordonner, de prescrire, ce terme est souvent utilisé dans le Coran (6 :12, 2 :216 ect…) avec ce sens. Donc, il faut comprendre que le Messager (saws) à demandé que l'on mette par écrit ses injonctions. Enfin, de toute façon, quand bien même le Prophète avait l'intention d'écrire, comme nous l'avons déjà dit, il se pouvait qu'il apprit quelque peut l'art de la lecture à la fin de sa vie.

 

L'avis de l'orientaliste Montgomerry Watt est : "La probabilité est que Muhammad était capable de lire et écrire suffisamment à des fins commerciales, mais il semble certain qu'il n'a lut aucune écriture [religieuse]" (Watt, Muhammad's Mecca, p.52).

 

Or, tout commerçant ne savait pas nécessairement manier la plume.

 

Q. Le Prophète était un briand commerçant. Il savait sûrement comment lire et écrire.

 

A. Etre un briand commerçant n'est pas une preuve suffisante qu'une personne est lettrée.  Beaucoup de marchants sont incapables de rédiger un paragraphe. À titre d'exemple, ma mère était une marchante prospère. Durant toutes ses années de négoce, elle apposait son empreinte digitale en guise de signature parce qu'elle ne pouvait écrire son propre nom. Dans ses années de retraite, elle appris à écrire son nom et quelques mots simples.

 

http://www.islaminfo.com/new/detail.asp?ID=28

 

 

On peut citer des exemples de civilisations pratiquant le commerce quand bien même la majorité de la population était illettrée (Empire de Ghana, Empire de Mali ect....)



Seconde partie :

 

Pour ce qui est de montrer que le Messager de Dieu était illettré, une première évidence est trouvée dans le rapport d'Aïcha au sujet du début de la révélation et l'apparition de Gabriel dans le mont Hirâ.

 

Sahih Muslim, n° 231


'Aïcha, l'épouse du Prophète, a dit : La Révélation se présenta d'abord au Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) sous forme de visions pieuses qu'il voyait pendant son sommeil. Toutes lui parurent avec une très vive clarté. Puis, il eut de l'inclination à la retraite. Il se retirait alors dans la caverne de Hirâ', où il se livrait à la pratique d'actes d'adoration durant des nuits consécutives, avant qu'il ne rentre chez lui pour se munir de provisions de bouche. Il revenait ensuite vers Khadîja et prenait les provisions nécessaires pour une nouvelle retraite. Cela dura jusqu'à ce que la Vérité lui fut enfin révélée dans la caverne de Hirâ'. L'archange y vint alors lui dire : "Lis!".- "Je ne suis point de ceux qui lisent", répondit-il....

 

Quand l'ange a ordonné à Muhammad (sallâllâhou alayhi wa salam) de lire, il a compris au départ que l'ange voulait qu'il comprenne la signification d'un texte écrit (qui est un des sens du verbe "lire"), ce qu'il ne pouvait pas faire. C'est la raison pour laquelle il a répondu "Ma ana bi qari'in" = Je ne suis point de ceux qui lisent". Ce n'est qu'au bout de la troisième fois qu'il a compris que l'ange lui ordonnait de répéter, de prononcer à haute voix (autre signification du terme "Lis") ce qui allait lui être récité. C'est ce qu'il fit alors. Ainsi donc, le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) déclare lui-même qu'il ne sait pas lire.

 

Un deuxième Hadîth qui prouve ce que nous disons est le suivant :

 

Il a été relaté ceci sous l'autorité de Bara qui a dit: Quand le Prophète (La paix soit sur lui) fut empêché de se rendre la Ka'ba, les gens de La Mecque ont fait la paix avec lui à la condition qu'il serait (autorisé) d'entrer à La Mecque (l'année prochaine) et d'y rester pendant trois jours, qu'il n'entrerait pas (dans la ville) excepté avec des épées dans leurs fourreaux et  des armes recouvertes dans leurs couvertures, qu'il ne prendrait pas avec lui aucun de ses habitants, ni qu'il empêcherait n'importe qui de ceux qui sont avec lui de rester à La Mecque (s'il le désiraient). Il a dit à 'Ali : « Ecrit les termes convenus entre nous. (Ainsi 'Ali a écrit) : Au nom d'Allah, le miséricordieux, le Très miséricordieux. Ceci est ce que Muhammad, le messager d'Allah, a convenu (avec les Mecquois), les polythéistes lui ont dit: « Si nous savions que tu était le messager de d'Allah, nous te  suivrions »  Mais écrit : Muhammad B. 'Abdullah. Ainsi il a dit à 'Ali  d'effacer ces mots. 'Ali a dit : « Non, par Allah, je ne les effacerai pas ». Le Messager d'Allah (la paix soit sur lui) dit : Montre moi l'endroit (sur le parchemin). Ainsi il ('Ali) lui a montré l'endroit et (le saint prophète) l'a effacé; et 'Ali a écrit : Ibn 'Abdullah. (Selon les termes du traité, de l'année suivante) le Saint Prophète (la paix soit sur lui) est resté là pendant trois jours, lorsque ce fut le troisième jour, ils ont dit à 'Ali : C'est le dernier jour selon les termes de  ton compagnon. Donc dis lui de partir. 'Ali a informé le prophète (puisse la Paix être sur lui) en conséquence. Il  a dit : Oui, et quitta (la ville). (Rapporté par Muslim)


Remarque: Ironique… L'anecdote d'Al-Hudaybiyah est souvent citée avec opiniâtreté en guise de preuve par les tenants de l'avis selon lequel le Prophète Muhammad (sallâllâhou alayhi wa salam) était un homme lettré, instruit (comme Anis Shorrosh) ; ils insistent sur le fait que certains rapports indiquent que le Prophète (sallâllâhou alayhi wa salam) a effacé la mention Rassul Allâh mais ne prennent pas en considération le fait que selon d'autres récits plus exhaustifs, certes le Prophète a  effacé les termes contestés mais avant cela Alî, radhia allâhou anhou, lui avait désigné l'endroit précis.



Au surplus, cette assertion est renforcée par les deux traditions suivantes issue du recueil de l'Imâm al-Bukhârî:



Al-Bara ibn Azib al-Ansari dit : [...] Les polythéistes dirent : "Nous ne te reconnaissons pas comme Envoyé de Dieu,  autrement ne t'aurions pas empêché d'entrer à la Mecque, et nous t'aurions suivi! Ecrit plutôt : "Voici ce qui a été convenu  entre Muhammad ibn 'Abdallah:" - Je suis Mohammad ibn 'Abdallah et l'Envoyé de Dieu, dit le Prophète (sws)! Puis s'adressant à Ali il dit "Efface "Envoyé de Dieu"! - Par Dieu, je ne le ferai jamais! dit Ali" Alors le Prophète (sws), ne sachant pas écrire (وَكَانَ لاَ يَكْتُبُ ), dit à Ali : "Montre-le moi", dit le Prophète (sws), et il l'effaça lui-même. (Sahih Bukhari, livre de la Jyzia et de la mouwada'a, chapitre 19, numéro 3184.)


Et dans une autre version : Alors le Prophète (sws) prit le parchemin alors qu'il ne savait pas écrire ( وَلَيْسَ يُحْسِنُ يَكْتُبُ ) Sahîh al-Bukhârî, livre des expéditions militaires, chapitre 43, numéro 4251. Voir aussi Sunan Ad-Darimi, numéro 2395.



Remarque : Dans la suite du hadith 4251, il est dit que le Prophète (sws)  écrivit la suite du pacte (ne laisser entrer à la Mecque aucune armes...). Tout en prenant bien en compte que dans le même hadith il est dit que le Prophète (sws) ne savait pas écrire, les commentateurs se divisent en deux :



- C'était un miracle, Dieu lui permit de rédiger.


- Ce n'est pas le Prophète (sws) qui a écrit la suite de sa propre main, mais il a simplement ordonné qu'on l'écrive pour lui (la terminologie usitée dans le hadîth laisse seulement penser qu'il l'a écrit personnellement).

 

Dieu dit dans le Coran :

 

Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu'ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l'Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui; ceux-là seront les gagnants. Dis : "Ô hommes ! Je suis pour vous tous le Messager de Dieu, à Qui appartient la royauté des cieux et de la terre. Pas de divinité à part Lui. Il donne la vie et Il donne la mort. Croyez donc en Dieu, en Son messager, le Prophète illettré qui croit en Dieu et en Ses paroles. Et suivez-le afin que vous soyez bien guidés".  (Coran, 7 /157)

 

Et comme dit Muhammad Mohar Alî dans son livre The Biography of the Prophet and the Orientalists (p. 686):

 

Pour n'importe quel historien impartial, le Coran doit être considéré comme la première et la plus contemporaine source d'information sur la vie et les enseignements du Prophète.


Pour certains orientalistes comme Maxime Robinson, Montgomerry Watt, cette mention "ar-rassûl an-nabiyy al-ummiyy", soulignant l'illettrisme du Prophète, relève de l'invention apologétique tardive visant à hausser la valeur littéraire du Coran. Selon eux, Ummy désigne un Prophète de souche non-israélite (gentil) ou ne possédant pas d'écritures. Pourtant, cette compréhension ne date pas d'hier et les exégètes traditionnels ne contestent pas ce sens naturel :

 

Al-Qurtubî mentionne dans son commentaire de ce verset à propos du terme "illettré": Ibn Abbâs a dit: "Votre Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) fut analphabète ne sachant ni lire ni écrire, ni calculer Tafsîr Al-Qurtubî sur 7/157 


Egalement, At-Tabarî note le sens du verset : "Le Prophète saws ne savait pas écrire." Tafsîr At-Tabarî sur 7/157 



Note : cependant c'est vrai, il y aussi, des savants musulmans anciens ou contemporains qui pensent que ce terme a été utilisé figurativement. (Voir, Ibn Hishâm, II (ed. Tadmurî), p.220, al-Mawdudî, Tahfîm al-Qour'aane)

 

L'orientaliste Montgomerry Watt pense que le mot 'ummiyy est dérivé de la phrase Hébreu, ummot hâ 'olâm (les gens du monde des gentils). Cela a pu avoir été le cas; mais il y a un avis plus pertinent à savoir, qu'il est dérivé de l'Arabe 'umm (mère) et par conséquent, 'ummiyy signifie celui qui n'a pas acquis de connaissance, excepté ce qu'il a reçu de sa mère au berceau. De toute façon, dans toutes les langues, des mots peuvent être utilisés à la fois littéralement et figurativement, à l'image des Grecs qualifiant de barbares aussi bien les cultures peu développées que l'ensemble des non-Grecs (non-Hellénistiques) ou des Hindous appelant Yavana non seulement les non-Aryens mais aussi l'ensemble des non-Hindous.

 

Ainsi, pour ce qui est de l'utilisation du terme 'ummy dans le Coran, en plusieurs endroits (7/157-158, 2/78, 3/20, 3/75, 62/2), il faut prendre en considération le contexte pour tenter de déterminer de quelle façon, il a été utilisé. En 2/78, par exemple, il est indéniable qu'il est utilisé dans le sens d'illettrés (ummiyyûn), le contexte qui nous montre que ce sont les Juifs qui sont désignés, en constitue la preuve irréfragable ; aussi serait dénuée de sens, la traduction suivante :

 

Et il y a parmi eux (les juifs) des non-juifs/ou des gens sans Livre (ummiyyûn) qui ne savent rien du Livre.

 

En 62/2, ("Il est Celui qui a envoyé chez les illettrés (ummiyyûn) un messager issu d'eux-mêmes, qui leur récite Ses signes, les purifie et leur enseigne le Livre et la sagesse"), le sens est plus disputé. Le terme peut désigner simultanément des non-juifs/gens n'ayant pas hérité d'écritures d'essences divines ou bien des illettrés (car la plupart des arabes du Hedjâz n'était pas lettrés. Cf. Muhammad Hamidullâh, Sahifa Hammâm ibn Munabbih, introduction, édité par l'Association des Etudiants Islamiques de France).

 

Pour ce qui est du fameux passage 7/157-158 qui parle du Prophète illettré qu'ils trouvent mentionné chez eux dans la Tawrah et l'Injîl et du Prophète illettré envoyé à toute l'humanité, nous devons retenir deux choses. Puisque le passage désigne, Muhammad, saws, comme envoyé à toute l'humanité, il aurait été inapproprié d'insister ici sur son origine non-juive ou affiliation à l'ethnie Arabe et de dire qu'un Prophète non-Juif ou un Prophète non-versé dans les Ecritures a été envoyé aux Juifs et aux Chrétiens qui ont eux des écritures. Plutôt, gardant à l'esprit, le contexte des allégations fréquentes des mécréants comme quoi le Coran était une invention et Muhammad son faussaire, et le fait que cet appel fut adressé à une large audience (l'humanité), il est naturel en ce cas que l'argument ait été donné de façon à réfuter l'allégation (d'où l'utilisation du terme ummy car Muhammad, l'illettré ne pouvait fabriquer lui-même ce Coran).

 

Deuxièmement, l'esprit théologique de cette Sourate, comme l'ensemble du Coran, indique que le Prophète a été doté d'un Livre (le Coran) auquel il croit, et en lequel il appelle l'humanité à apporter foi. Ainsi, en les deux endroits, l'expression ne peut que vouloir dire qu'un Prophète illettré ou inculte. Il aurait été antithétique de le décrire en tant que Prophète 'ne possédant pas d'écritures' alors qu'il avait déjà reçu une écriture (Kitâb), c'est-à-dire, le Coran, et en laquelle il avait appelé tous les gens- Mecquois, Arabes, Juifs, Chrétiens et tous les humains- à apporter foi dedans. Le point entier du litige était de savoir si l'on devait croire en les Écritures, qu'il a déclaré avoir reçu d'Allâh, ou non, et dans cette situation, il ne pouvait tout simplement pas avoir été présenté comme un Prophète "sans écriture".

 

Ce constat d'illettrisme est d'ailleurs confirmé par le verset 29/48:

 

Avant le Coran tu ne (pouvais) lire aucun livre, ni tracer (une ligne) de ta dextre, car alors les négateurs auraient été pris de soupçon (Coran, 29 :48)

 

Al-Qurtubî écrit : "Des avis disent que le Prophète sws pouvait très peu écrire, mais ce qui est authentique c'est que le Prophète (saws) n'a pas écrit, même pas une lettre, mais il a dicté. Il ne lisait pas non plus." Tafsîr Al-Qurtubî sur 29.48 


Il est clair que la déclaration a été émise dans un contexte d'allégations récurrentes des mécréants comme quoi le Prophète avait lui-même fabriqué ce qu'il communiquait et présentait comme issue d'une révélation divine. Le verset, de façon laconique, expose l'absurdité de cette allégation en signalant classiquement le fait indiscutable pour tout Mecquois de cette époque que le Prophète, saws, n'avait pas pour habitude, précédemment, de lire ou d'écrire donc il lui était impossible de venir soudainement avec une production littéraire remarquable et la présenter comme une révélation d'Allâh. L'implication est plus que claire à partir de la dernière clause de la déclaration qui dit : car alors les négateurs auraient été pris de soupçon. Il est également utile de noter que l'expression ma kunta implique le fait d'être non-habitué ou incapable de (lire ou écrire). Egalement, la forme indéfinie avec laquelle le mot Kitâb a été utilisé signifie clairement 'aucun Livre', pas 'le Livre', qui est la forme avec laquelle le Coran se réfère aux écritures judéo/chrétiennes.

 

Donc, en conclusion, l'avis le plus pertinent est que le Prophète Muhammad (saws) ne savait pas lire, ni écrire.


Wa Allâhou A'lam



Moussa Youssouf, Tounsidu20



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03/02/2008
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