Réponse à Facealislam : Le défi du Coran et ses implications




 

Ceci est une réfutation d'une thèse élaborée par "La parole de Dieu face à l'Islam", puisée dans la réflexion des missionnaires chrétiens, Jochen Katz et Sam Shamoun, qui tend à faire croire que le livre détenu par les Juifs du Hedjâz, contemporains du Prophète Muhammad (saws), et désigné à travers le vocable "Torah" est identique au Coran, et que si des musulmans allèguent que la Torah entre les mains des Juifs est "falsifiée" (pour reprendre les termes du missionnaire) alors cette assertion impliquera que le Coran l'est aussi (puisque selon la critique, le Coran est analogue en tout point à la Thora).

 

Il est important de préciser que cet article n'a pas pour objet de réfuter le fait que les cinq premiers livres de la Bible contiennent une partie très volumineuse de la parole de Dieu, révélée à Moïse. Cependant, le livre dit "Thora" que les Juifs détiennent ne demeure pas sur un pied d'égalité avec le Coran.


Le lecteur est invité à lire en premier lieu l'article de notre contradicteur et les arguments qui y sont énoncés.





http://facealislam.free.fr/reponsesauxmusulmans_sourate.html




Voici le premier verset qui ferait office de "preuve", d'après le missionnaire:

 


Puis, lorsque la vérité leur est venue de Notre part, ils ont dit : "Si [au moins] il [= Muhammad] avait reçu la même chose que Moïse !" [Mais] n'ont-ils pas, auparavant, rejeté la croyance en ce que Moïse a reçu ? Ils ont dit [du Coran et de la Torah] : "Deux magies se soutenant !" et dit : "Nous ne croyons en aucun (des deux) !". Dis-leur : "Si vous êtes véridiques, apportez donc une Ecriture venant de Dieu qui soit meilleur guide que ces deux-là, et je la suivrai." Mais s'ils ne répondent pas, sache que c'est seulement leurs désirs qu'ils suivent. Et qui est plus égaré que celui qui suit ses désirs sans (se référer à) une direction de la part de Dieu ?" (Coran 28/48-50).

 


Le missionnaire semble citer des versets dont il n'a pas saisi la teneur exacte.  Des versets 48 à 50, nous apprenons ceci:



-Les Qurayshites ont avancé le prétexte suivant pour ne pas croire en Mouhammad (Paix et Bénédictions sur lui) : Il n'a qu'à apporter la même chose que Moïse (Paix sur lui), c'est-à-dire un grand miracle, supranaturel.

 


-Leur argument est hypocrite et dénué de bon sens puisque en tout état de cause, ils ne croient pas non plus en Moïse.

 


-Les Qurayshites taxèrent la Torah et le Coran de deux "magies se soutenant":   Et quand Nos versets édifiants leur sont récités, ils disent : "Et ceux qui ne croient pas disent de la Vérité quand elle leur vient : "Ce n'est là qu'une magie évidente!". (Coran, 28 : 43) Et quand on leur récite Nos versets bien clairs, ceux qui ont mécru disent à propos de la vérité, une fois venue à eux : "C'est de la magie manifeste" (Coran, 46 :7). Et c'est Lui qui a créé les cieux et la terre en six jours, - alors que Son Trône était sur l'eau, - afin d'éprouver lequel de vous agirait le mieux. Et si tu dis : "Vous serez ressuscités après la mort", ceux qui ne croient pas diront : "Ce n'est là qu'une magie évidente". (Coran, 11: 7), Et quand la Vérité leur vint, ils dirent : "C'est de la magie et nous n'y croyons pas". (43 :30)   En fait, par « Magie », ils entendent toute écriture, prédication, prêchant le monothéisme pur, susceptible de les éloigner de la voie idolâtre de leurs ancêtres. La Torah et la Coran enseignant tous deux le monothéisme pur, ils les ont rangés dans le même panier. Ils se jurèrent donc ne pas y croire, pas plus qu'à toutes écritures ou tout prêche, enseignant un message similaire : Et ceux qui avaient mécru dirent : "Jamais nous ne croirons à ce Coran ni à ce qui l'a précédé". (Coran, 34 :31) En fait, pour eux, toute écriture monothéiste, pas seulement la Torah et le Coran, sont des « magies ».

 


-Dans le but de mettre en exergue, le caractère passionnel de leur mentalité,  il est commandé à Muhammad (pbasl) de défier ces Païens et de leur demander de lui apporter une écriture venant de Dieu qui est meilleure que le Coran descendu ou la Torah descendue sur Moïse (Paix sur lui).

 


-Si les idolâtres ne répondent pas, alors ce refus mettra en évidence le fait que ce sont des gens préférant les désirs de leurs passions plutôt que la guidée d'une écriture venant de Dieu, les conduisant vers la foi et dans le droit chemin. C'est bien ce qu'indique le verset 50.

 


Et c'est tout ! Clairement, en aucun cas, ces versets ne placent au même niveau la Torah et le Coran, ni n'implique qu'ils sont rigoureusement identiques, ou qu'ils présentent les mêmes caractéristiques à tel point que cela impliquerait que si l'un n'est pas authentique à 100%, (ou "falsifié" pour reprendre les termes du missionnaire), l'autre le serait également.

 


Le Coran est sans conteste d'un degré davantage élevé et dans une position de préséance. Il jouit d'une promesse de protection divine quand à sa sauvegarde (Coran, 15/9) tandis que la Thora a été simplement confiée aux doctes de parmi les Enfants d'Israël (Coran, 5/44).

 


Comment les deux livres seraient égaux alors que la Thora ne contient pas ce que le Coran lui contient ?

 


Selon Ubay b. Ka'b, l'Envoyé (paix et bénédiction de Dieu sur lui) a dit : "Dieu n'a pas fait descendre dans la Torah et dans l'Evangile d'équivalent à la Mère du Livre [La Sourate al-Fatiha] "

 

Source : http://www.risala.net/coran/exegese/001.htm

 


Cette prétention d'une exacte égalité entre les deux livres repose seulement sur l'imagination sans borne de l'objecteur. Il est question d'amener un Livre qui soit meilleur que le Coran ou la Thora, une telle formulation n'implique nullement que le Coran et la Thora soient mis sur un pied d'égalité.  Le passage défie seulement d'amener une écriture meilleure que la Thora et le Coran. Si l'on dis : Présentez moi, sur le continent A, une armée qui soit plus puissante (performante) que celle du pays B et du pays C, même si ça peut être l'un des sens possibles, la phrase n'induit pas nécessairement, que l'on place, ces deux armées au même niveau en terme de puissance militaire. Simplement, ce sont, d'après l'affirmation, les deux plus puissantes armées du continent A. Ceci n'exclut pas que l'une soit meilleure que l'autre, de même que le Coran est supérieur à la Torah.

 


Le passage coranique dit que celui qui choisit de continuer de suivre la Torah –malgré la présence du Coran, dernier message, qui abroge toute écritures l'ayant précédé – est plus proche de la vérité que celui qui – comme ces païens – suit ses désirs sans aucune référence éthique à même de lui servir de direction pour orienter ceux-ci.

 


Il n'y a donc aucune contradiction entre d'une part ces versets 28/48 :50  – où le Coran parle seulement d'une plus grande proximité par rapport à la vérité –, et d'autre part les versets où Dieu dit que les hommes et les Djinns ne pourront pas produire quelque chose de similaire au Coran. Conséquemment, il n'existe pas non plus de "dilemme" auquel les musulmans seraient susceptibles de se trouver confrontés (voir ce que dit le missionnaire dans son article).

 

 

Maintenant, le deuxième verset :

 


Dis : "Je ne suis pas une innovation parmi les messagers; et je ne sais pas ce que l'on fera de moi, ni de vous. Je ne fais que suivre ce qui m'est révélé; et je ne suis qu'un avertisseur clair".  Dis : "Que direz-vous si [cette révélation s'avère] venir de Dieu et vous n'y croyez pas, qu'un témoin parmi les fils d'Israël en atteste la conformité [à la Torah] et y croit pendant que vous, vous le repoussez avec orgueil... En vérité Dieu ne guide pas les gens injustes !"  Et ceux qui ont mécru dirent à ceux qui ont cru : "Si ceci était un bien, ils (les pauvres) ne nous y auraient pas devancés". Et comme ils ne seront pas laissés guider par lui ils diront : "Ce n'est qu'un vieux mensonge !" (Coran, 46 :10-11)

 


La signification du verset est en substance la suivante :

 


"Les enseignements que le Coran vous présente ne sont pas une innovation de sorte que vous puissiez les nier en présentant l'excuse selon laquelle ils sont des enseignements nouveaux qui n'avaient jamais été donnés à l'homme dans le passé. Se basant sur la Torah (et d'autres écritures), un Israélite * a validé la véracité de cette nouvelle révélation et admis que ces enseignements relèvent de la révélation divine. Par conséquent, vous ne pouvez ô Païens, prétendre que la révélation et ces enseignements sont incompréhensibles. La seule chose qui vous gêne pour apporter votre foi en elle est votre arrogance et votre vanité dénués de fondement." (cf. Tahfîm al-Qu'rân)

 


Une fois de plus, le verset ne dit pas que la Torah et le Coran présentent exactement les mêmes caractéristiques mais qu'ils ont une source commune, une essence similaire. Les Fils d'Israël, étant (contrairement aux païens) familiarisés avec les notions de révélation, de prophètes, d'anges, de loi divine ect… certains d'entre eux (Zayd Ibn Sa'na, Abdullâh Ibn Salam) reconnurent la provenance divine du Coran, tout comme celle de la Torah ; en sus, ils reconnurent l'annonce de l'arrivée de Mouhammad (pbasl) dans la Torah. Mais en dehors de ça, est-ce que cette reconnaissance implique que la Torah et le Coran soient similaires en tout points ? Non.



* Il faut noter que si  l'exégèse majoritaire de ce verset voit en Abdullâh Salam, r.a.a, ledit Israélite, l'avis qui semble pertinent, comme Ibn Kathîr l'indique, est que "un témoin" ne signifie aucune personne particulière, mais un Israélite commun.

 


Un exemple simple :

 


Al-Miqdam Ibn Ma'dikarib rapporte que le Prophète Muhammad, saws, a dit : "J'ai reçu le livre de Dieu et son semblable (mishlihi)". (Rapporté par Abû Dawud, numéro 3988)



Il est question de la Sunna. Or, il ne viendrait à l'esprit d'aucune personne avertie d'affirmer que la Sunna est en tous points analogue au Coran ou qu'elle jouit du même statut.  Il en est de même pour la Torah et le Coran.

 


La suite de l'article ne fera pas l'objet d'une réponse tant les propos qui y sont énoncés manquent de crédibilité et de cohérence. Exemple :

 


Par l'invention de la charge de la corruption de la Bible, les musulmans nient le message clair du Coran

 


Mis à part que ce propos constitue une digression, on se demande sur quoi porte exactement le sujet. La Thora, la Bible Protestante? La Bible Protestante se limite-elle à la Thora ? Enfin, pour ne citer qu'un exemple, nous devons dire que le Philosophe épicurien, Celse, accusant les chrétiens de modifier trois ou quatre fois leurs évangiles n'était pas un musulman.



Moussa Youssouf






 





31/07/2008
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